Juliennes

Ferdinand Faideau, La Science Illustrée N°498 - 12 Juin 1897
Lundi 28 décembre 2009 — Dernier ajout mardi 30 janvier 2018

Nous ne possédons en France qu’une seule espèce de ce genre, la Julienne des dames ou Girarde (Hesperis matronalis), qui épanouit ses fleurs blanches, pourpres ou légèrement jaunâtres, à l’arrière-printemps. Ovide nous assure dans ses Métamorphoses, que cette fleur est celle en laquelle fut changée la nymphe Clytie.

A la fin de mai, au commencement de juin, suivant la précocité de l’année, on la rencontre dans les bois, le long des chemins. Assez rare à l’état sauvage, elle est, en revanche, fort employée pour l’ornement des jardins, grâce à la facilité de sa culture, à la durée de son abondante floraison, à l’odeur agréable que répandent ses fleurs quand arrive le soir. Il est peu de plates-bandes dont elle ne fasse partie.

La julienne, qui appartient à l’importante famille des Crucifères , est, par suite, très voisine de la giroflée, du vélar, des ibéris, des alyssons et des lunaires ; toutes plantes de nos régions tempérées, très employées dans les jardins. C’est une herbe vivace ou bisannuelle, pubescente, dont la tige dressée atteint près de 70 centimètres ; ses feuilles alternes sont ovales, lancéolées, dentées, sauf celles du Sommet de la tige. Les fleurs, assez grandes, sont en grappes d’abord denses, puis finalement très allongées. Le fruit est une silique cylindrique amincie à la base un peu aplatie dans le sens de la cloison et munie d’une nervure saillante sur le dos de chaque valve ; les graines sont disposées sur un seul rang.

Les juliennes doivent être semées dès la maturation des graines ; on repique en planche et l’on met en place au printemps. Les variétés il fleurs doubles ne peuvent être obtenues qu’à l’aide d’éclats détachés en août-septembre ou en février-mars. Il faut il ces plantes une terre substantielle, mais meuble et fraîche, et une exposition mi-ombragée.

Une très belle espèce est la Julienne de Tartarie (H. tatarica) qui croît au fond de cavités gypseuses très communes dans une foule de régions de la Russie et de la Sibérie, surtout dans les parages de la mer Caspienne.

La racine de cette plante, dont notre gravure ne reproduit que les organes végétatifs, est épaisse, vigoureuse ; les feuilles, assez espacées sur la tige, sont très abondantes au voisinage de la racine ; elles sont fortement découpées, d’aspect laineux, blanchâtre, rappelant beaucoup, comme apparence extérieure, sinon comme forme, celle du bouillon blanc, parure des .décornbres et des terrains vagues.

Les fleurs de la julienne de Tartarie sont d’un jaune pâle. Elles présentent un calice à quatre sépales dont deux externes qui, comme les feuilles, sont recouverts d’un duvet blanc ; une corolle à quatre pétales en croix sensiblement égaux, six étamines dont deux plus petites sans nectaires à la base, et un pistil formé de doux carpelles soudés.

L’ovaire, cylindrique, est surmonté d’un stigmate épais, sessile, presque bilobé, persistant sur le fruit.

Ces cavités gypseuses présentent une flore toute spéciale. Au printemps, leurs parois sont couvertes de broussailles formant un fourré inextricable ; partout de petits rosiers sauvages à fleurs très odorantes, des acacias nains et des ronces autour desquelles grimpe la douce-amère dont les propriétés calmantes, et dépuratives sont bien connues des habitants. Sur les bords de ces dépressions, qui ne sont, sans doute, que les restes d’anciens étangs salés, fleurissent la ravenelle des montagnes (Cheiranthus montanus), aux fleurs très parfumées, une grande espèce de belle-de-nuit, une gnétacée (Ephedrum monostachia) pourvue de chatons frisés et entrelacés, enfin une salsolacée, l’Axyris ceratoides, extrêmement commune.

Ferdinand Faideau

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