Sur la table, les fleurs sont presque indispensables ; leurs brillantes couleurs font ressortir la blancheur éblouissante du linge, leurs corolles découpées se marient de la façon la plus heureuse aux formes délicates des vases de cristal ou de porcelaine dans lesquels elles sont contenues.
La matière colorante des fleurs s’altère sous l’action de certains agents chimiques. On peut, par exemple, écrire sur une corolle bleue avec une plume - ou un bout d’allumette - plongée dans un acide ; les caractères apparaissent en rouge ; inversement, on trace des lettres en vert ou en bleu sur des pétales roses. ou rouges avec une plume trempée dans de l’ammoniaque ou dans une solution de cristaux de soude.
Mais il y a un inconvénient à ce procédé. L’action de l’acide ou de l’alcali se propage dans la matière colorante et les caractères, bientôt empâtés, ne présentent plus aucune netteté.
On réussit bien mieux, et l’on obtient un résultat plus durable de la manière suivante :
On fait passer le courant d’une assez forte pile à travers les pétales d’une rose. Pour cela, tenant dans chaque main l’un des fils conducteurs attachés aux pôles de la pile, on les place à petite distance, chacun d’un côté du pétale, et l’on déplace peu à peu l’un des fils de façon à produire des lettres. Le courant, sur son passage, détruit la matière colorante et les caractères apparaissent en blanc sur la fleur.
On peut ainsi marquer la place de chaque convive par une rose sur les pétales de laquelle est écrit son nom.
Notre gravure représente l’aspect d’une de ces roses sur laquelle on a ainsi écrit le mot : électricité.
Dans un banquet, on pourrait ainsi écrire le nom de chaque invité et la fleur, mise dans un verre devant chaque place, tiendrait lieu de la carte ordinaire. Notre collaborateur M. Dillaye vous donnait l’autre jour le moyen de faire des cartes et des menus photographiques ; aujourd’hui, ce sont des cartes botaniques.