Les Amaryllidées se distinguent des Liliacées par leur ovaire adhérent ; elles constituent une famille nombreuse renfermant 76 genres avec plus de 700 espèces répandues dans toutes les contrées chaudes et tempérées du globe. Elles abondent dans la région méditerranéenne, dans l’Afrique et l’Amérique australe ; elles sont peu nombreuses en Asie.
Le genre Amaryllis, l’un des plus importants comme nombre d’espèces, malgré les amputations que lui ont fait subir quelques botanistes, ne renferme que des plantes bulbeuses, vivaces, de grand air et d’aspect divers, à feuilles engainantes, rubanées, à limbe entier et rectinerve. La fleur est régulière ou presque, à périanthe divisé en six pièces colorées, soudées à leur base en tube ou en entonnoir, mais ne formant jamais de collerette, ce qui les distingue des Narcisses.
Les étamines, au nombre de six, ont leurs filets concrescents sur une partie de leur longueur, avec le tube du périanthe ; les anthères sont oscillantes et s’ouvrent vers l’intérieur de la fleur.
L’ovaire adhérent est il trois loges, il renferme des ovules il placentation axile et se transforme en une capsule à la maturité.
Une seule Amaryllis croît spontanément en France, l’Amaryllis jaune (A. lutea), encore en a-t-on fait parfois le type d’un autre genre, le genre Sternbergia (S. lutea). On ne la trouve que dans le Midi, où elle est très rare ; ses fleurs régulières, de 4 à 5 centimètres de longueur et. d’un beau jaune d’or, se développent en même temps que les feuilles. Réunie aux Colchiques et aux Crocus speciosus, qui fleurissent comme elle à la lin de septembre, elle fait de très jolies bordures. La plupart des Amaryllis sont d’ailleurs très recherchées pour l’ornementation des jardins et des serres.
L’Amaryllis Manche (A. canndida), de Buenos-Ayres, possède des fleurs peu ouvertes, blanches, à divisions égales. Il lui faut une terre substantielle, mais légère, sablonneuse et. bien drainée.’ Elle ne peut résister sous le cl i mat de Paris, à moins d’être couverte d’une cloche entourée de feuilles sèches. On la cultive le plus souvent en pots qu’on fait. hiverner sous châssis.
Le Lis Saint-Jacques (A. formosissimo) est une des plus belles espèces et peut-être la plus connue du grand public. Originaire de l’Amérique du Sud, elle donne, en juillet, de grandes fleurs rouge sanguin, très étalées et presque bilabiées, à division supérieure dressée, les cinq autres déjetées et recourbées vers leur extrémité.
Le Lis Saint-Jacques se prête bien à la culture forcée et fleurit
aussi aisément sur carafe remplie d’eau quand on l’y place en automne. Chez cette plante, comme chez le Lis Martagon, la Jacinthe et le Narcisse jaune, la pousse d’une année se trouve nourrie par les écailles basilaires de la pousse de l’avant-dernière année ou même d’une époque encore plus reculée.
L’Amaryllis de Tartarie (A. tatarica) est une petite espèce très rustique, qui croît sur certaines montagnes de la Russie d’Europe et de la Sibérie. Elle ne donne jamais plus de deux fleurs d’un bleu pourpré qui s’épanouissent en août. Nous en reproduisons l’aspect.
L’Amaryllis à bandes (A. vittata), de l’Amérique méridionale, est une grande plante dont la forte hampe, haute de 40 à 60 centimètres, se termine par deux il huit grandes fleurs en forme de cloche ouverte, à tube court, verdâtre, lavé de rouge, à divisions presque égales, blanches, rayées de rose, de verdâtre et de pourpre. Fécondée par les Amaryllis brasiliensis et pulverulenta, plantes de serres à fleurs d’un rouge intense plus ou moins velouté, cette espèce a donné une série d’hybrides, doués de la rusticité de la mère et se rapprochant des pères par la grandeur, la forme des pièces florales et leur coloris. L’Amaryllis Belladone (A. Belladona), de l’Europe méridionale, porte, en août, six à douze fleurs roses, très odorantes, en cloche évasée. Il en existe un grand nombre de variétés.
Parmi les espèces de-serres, originaires pour la plupart de la zone torride, il faut citer l’Amaryllis rosée (A. rosea), espèce gazonnante, à fleurs d’un beau rose, à divisions étalées en roue ; l’A. intermedia du Brésil, aux fleurs d’un rose foncé passant peu à peu au jaune verdâtre ; l’Amaryllis saltimbanque (A. Cybaster) de Bolivie, à hampe rouge sang dans sa partie inférieure, terrminée par une spathe rougeâtre de laquelle sortent quatre fleurs, rouge, cramoisi et vert, qui sont opposées en croix.
L’Arnaryllis brillante (A. aulica) est, sans doute, la plus belle espèce. Elle possède des feuilles nombreuses, persistantes, larges de 8 à 10 centimètres, longues de 60 ; ses hampes, d’un mètre de hauteur, sont couronnées par cinq grandes fleurs penchées, rouges veinées de rouge foncé presque noir, à fond vert clair, qui scintillent au soleil comme si elles étaient saupoudrées de poussière de diamant.
Nous citerons en terminant l’Amaryllis royale (A. reginæ), qui a fait l’objet récemment d’une remarque intéressante de la part d’un botaniste connu, M. Lindemuth. On sait que l’Amaryllis royale, fleurit pendant de longues années sans produire de graines. Or, si l’on en coupe une hampe et qu’on la laisse dans un coin d’une serre, toutes les fleurs forment graines ; ce qui tient sans doute à ce que le bulbe n’étant plus là pour détourner à son profit les matériaux nutritifs, les organes reproducteurs peuvent en faire usage, et l’ovule se développe en graines.
F. FAIDEAU.