Les pédérotes sont des plantes appartenant à la famille des scrofularinées. Très voisines des pédiculaires [1] par certains caractères, elles ont, d’autre part, beaucoup d’affinité avec les véroniques [2].
Ce sont des herbes peu élevées, à feuilles opposées, dont les fleurs sont groupées en épis denses. La corolle est longuement tubuleuse, à deux lèvres ; la supérieure est entière ou bifide, l’inférieure profondément trilobée. Il n’y a que les deux étamines postérieures ; les deux antérieures, qu’on trouve chez la plupart des scrofularinées, ont disparu sans laisser de trace. Les anthères sont introrses, à quatre sacs s’ouvrant par deux fentes longitudinales.
On cultive dans les jardins, pour orner les lieux rocailleux, la Pæderota ageria, jolie petite espèce, originaire de la Carinthie, vivace, traçante, sa tige dressée, haute de 20 centimètres, porte des feuilles ovales et lancéolées. Elle se termine, de mai en juin, par de nombreuses fleurs jaunes.
Cette pédérote demande une terre de bruyère tourbeuse et fraîche : on la multiplie d’éclats faits en automne et au printemps .
La Pédérote boréale (Peederota borealis), dont nous reproduisons le port, ainsi que quelques détails, a d’abord été rangée dans le genre Gymnandra, de la famille des sélaginées, mais elle a pour fruit une capsule, comme toutes les pédérotes, et non un akène, comme les gymnandra.
La pédérote boréale, qui mériterait d’être introduite dans les cultures ornementales du nord de la France, est une jolie petite plante vivace, dont les racines courtes, peu enfoncées dans le sol, possèdent une saveur douce assez agréable.
Les feuilles sont épaisses, succulentes, dépourvues de poils ; celles du bas sont longuement pétiolées ; celles du sommet de la tige, presque sessiles. Toujours opposées, les feuilles sont très variables au point de vue de la forme ; tantôt elles sont crénelées ; tantôt, au contraire, presque entières, comme dans l’exemplaire figuré ci-contre. Deux plantes très voisines présenteront souvent des différences aussi prononcées.
La tige, dressée, est complètement nue dans sa partie inférieure. Chaque fleur possède à sa base une bractée sessile, de teinte bleuâtre, plus grande que le calice. Ce dernier, de la même couleur que les bractées, est très mince, gamosépale et persistant. Il présente à sa base une petite saillie caractéristique.
La corolle, petite, est d’un joli bleu. Longuement tubuleuse à sa base, elle se termine par deux lèvres. La lèvre inférieure peut présenter, comme les feuilles, des variations prononcées ; tantôt elle est à trois lobes presque égaux ( A, B), tantôt à deux seulement ©.
Les deux étamines dépassent de beaucoup le tube de la corolle. L’ovaire, arrondi, est surmonté d’un long’ style qui dépasse la corolle et le sommet des anthères et se termine par deux stigmates aplatis.
Le fruit est une capsule comprimée (D), à deux loges unispermes, s’ouvrant au sommet par quatre dents, comme chez les pédiculaires.
Cette plante aime les pays froids ; on la trouve sur les rochers élevés dépourvus de toute verdure, dans les régions les plus désolées où nulle autre espèce ne peut vivre. Elle est commune dans la Sibérie boréale, au Kamtschatka, dans l’île de Behring.
Les wulfenia ont été détachées, depuis longtemps déjà, des pédérotes, mais elles en sont très voisines. Ce genre, dédié a u botaniste allemand Wulfen, comprend des herbes à feuilles disposées en rosette. Du centre de celle-ci part une hampe terminée par une grappe de fleurs très serrées. Chaque fleur possède une corolle à quatre lobes inégaux étalés, et deux étamines seulement.
La Wulfeni Carinthica est très recherchée par les jardiniers pour l’ornement des lieux rocailleux mi-ombragés. Cette petite espèce, vivace, haute de 20 centimètres, à feuilles persistantes, oblongues, donne, de juin à juillet, de nombreuses fleurs bleues, penchées. Elle doit hiverner sous châssis. La W. Amherstiana, de l’Himalaya, assez semblable à la précédente par la couleur et la disposition de ses fleurs, est beaucoup plus sensible au froid.
F. FAIDEAU