Un bouquet de fleurs des champs en été

Ferdinand Faideau, La Science Illustrée n° 296 — 29 juillet 1893
Lundi 13 octobre 2014 — Dernier ajout mardi 30 janvier 2018

Depuis notre excursion du printemps, bien des changements se sont accomplis dans les champs et dans les bois. Les ficaires et les sylvies ont, depuis longtemps, laissé tomber leurs pétales ; les corolles de la primevère et de la violette odorante se sont desséchées sur leur tige. Le cerisier et le prunellier ont échangé, contre une parure de fruits, leur blanche garniture de fleurs.

Depuis, les petites corolles bleues du myosotis se sont ouvertes ; le muguet a parfumé les bois et les fleurs de l’aubépine, des chèvrefeuilles, des viornes, ont fait l’ornement des buissons.

Allons revoir, en ce beau mois de juillet, les endroits que nous avons déjà parcourus.

Dans les prés, la marche est entravée par les hautes herbes, du milieu desquelles émergent les capitules roses de la centaurée jacée, les têtes violettes des scabieuses et les rayons blancs de la grande marguerite au cœur d’or. Les tiges élevées de toutes ces fleurs sont d’un arrangement facile et, à peine en route, nous ne pouvons résister au plaisir d’en former une fraîche gerbe.

La teinte jaune uniforme des blés, qui penchent sous le poids des épis mûrs, est égayée par les vives couleurs des coquelicots, des bluets, des nielles, des pieds d’alouette, inséparables compagnons que le cultivateur ne peut parvenir à chasser.

Dans les endroits arides, sur les pelouses desséchées par le soleil, s’épanouissent les fleurs bleues bilabiées de la sauge, les fleurs jaunes du millepertuis, dont les feuilles, interposées entre l’œil et une vive lumière, semblent percées de fines ouvertures, et les corolles rosées de la saponaire, au suave parfum, dont les feuilles et les racines moussent dans l’eau comme du savon. Sur le bord des chemins, s’élève la colonne jaune du gros bouillon blanc avec son piédestal de feuilles épaisses veloutées.

Dans leurs parties sombres, les bois sont maintenant presque privés de fleurs ; cependant, sur les pentes, nous pouvons voir se balancer les longues grappes en pointe de la digitale pourprée, autour desquelles vole, d’un air effaré, une légion de bourdons. Sa corolle en tube, assez semblable à l’extrémité d’un doigt de gant, lui a fait donner le nom de gant Notre-Dame. C’est une plante vénéneuse dont on a su tirer un utile remède contre les palpitations de cœur ; il n’y a aucun danger à la manier, mais on doit éviter de porter à la bouche ses fleurs et ses feuilles. Nous en ferons un bouquet, qui, entouré de folle avoine, d’agrostis, de brizes, légères graminées aux tremblants épillets, sera fort gracieux malgré ses grandes dimensions.

L’étang dont nous voyons l’eau briller à travers les feuilles, va nous présenter une flore bien différente. Voici déjà, sur ses bords, l’orchis tacheté, aux fleurs blanches ou rosées, découpées d’une façon étrange, la menthe aquatique, à l’odeur forte et pénétrante, et la spirée ulmaire ou reine des prés, charmante rosacée dont l’inflorescence d’un blanc pur exhale un délicat parfum d’amande amère.

À la surface de l’eau flottent de petites étoiles blanches semblables en tout, sauf la couleur, aux boutons d’or que nous connaissons déjà ; c’est, en effet, une de leurs proches parentes, la renoncule aquatique ou grenouillette : arrachons-la, nous verrons qu’elle porte des feuilles de deux sortes ; celles qui flottent sur l’eau sont à peine divisées en trois lobes ; au contraire, les feuilles submergées sont profondément découpées en fines lanières.

La sagittaire ou flechière, qui habite aussi les eaux, présente de même des feuilles de plusieurs formes : ses feuilles aériennes sont l !n fer de flèche, ses feuilles submergées ressemblent à de longs rubans et ses feuilles flottantes. arrondies imitent celles des nénufars que vous apercevez au milieu de l’étang.

Certains végétaux terrestres sont aussi à feuilles polymorphes, la campanule à feuilles rondes, que nous pourrions peut-être encore trouver bien que la saison soit avancée, à ses feuilles radicales (celles qui partent du bas de la tige) arrondies, tandis que ses feuilles caulinaires sont allongées. Dans le lierre, les feuilles des rameaux florifères ne sont pas lobées comme les autres et semblent appartenir à une espèce différente.

Ces connaissances acquises, nous n’avons plus qu’à rentrer à la maison. En arrivant, nous placerons, dans des vases remplis d’eau fraiche, nos bouquets que l’ardent soleil de cette chaude journée a quelque peu fanés.

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