Les plantes médicinales

Ferdinand Faideau, La Science Illustrée n°475 - Janvier 1897
Mardi 10 mars 2009 — Dernier ajout mardi 30 janvier 2018

Pour fabriquer une flûte rustique ou une bruyante canonnière, lequel de nous, dans son enfance, ne s’est amusé à enlever cette jolie moelle blanche, spongieuse, qui forme le cœur des jeunes branches de Sureau ? Un certain nombre de travailleurs n’ont pas d’autre occupation pendant une grande partie de l’année .

Ils décortiquent soigneusement ces cylindres de moelle et les coupent en morceaux de la longueur du doigt qui sont vendus au mille. Deux ou trois importantes maisons d’articles pour horlogerie centralisent cette récolte sur laquelle elles doivent réaliser d’assez jolis bénéfices, car elles le revendent en petits paquets de dix cylindres au prix de 10 ou 20 centimes suivant le diamètre.

On en faït également des pistons pour les seringues à injections hypodermiques, de petites boules, des pantins pour les appareils d’électricité ; les naturalistes y plongent les fragments d’organes dont ils veulent faire des coupes minces au microtome ; mais son emploi le plus important est en horlogerie pour nettoyer les mignons pivots et les rouages délicats des montres.

Nous n’avons pas encore parlé des plantes médicinales. Beaucoup cependant sont très répandues. Il y avait là autrefois de l’argent à gagner, mais aujourd’hui les simples sont dans le marasme. - « La tisane se meurt, la tisane est morte, Monsieur, vous diront d’un air navré les herboristes, ce sont les spécialités pharmaceutiques, les pilules, capsules, dragées et élixirs aux noms ronflants qui l’ont tuée.

« Quand survient une épidémie nouvelle, les médecins, pris à l’improviste, ordonnent des tisanes et nos affaires marchent, - c’est ce qui arriva pendant l’hiver de 1889, lors de la première apparition de l’influenza, - mais la maladie est mieux connue, un traitement général est indiqué, deux ou trois pilules ou dragées nouvelles sont lancées à grand renfort de réclame, et nos plantes continuent à se dessécher dans nos greniers jusqu’à une prochaine alerte. »

Le tilleul, la racine de guimauve, les fleurs de mauve, de bourrache sont encore assez demandées, mais ce ne sont pas nos chasseurs de plantes qui les fournissent : la guimauve vient du nord de la France et de la Belgique, le tilleul est expédié par wagons des montagnes du Tyrol où il est pour rien , la mauve, comme beaucoup d’autres simples, est cultivée par de petits propriétaires qui viennent vendre leurs produits rue de la Ferronnerie. C’est là que s’établissent les cours ; c’est le grand marché aux plantes médicinales, il est surtout animé le mercredi et le samedi jusqu’à huit heures du matin ; il a lieu dans la rue .

Au milieu : des paysans qui offrent le Raifort, le Cochléaria, la bourrache, etc., se glissent quelques­ uns de nos industrieux parisiens. Ils débitent le Chien-dent, le lierre terrestre, la Douce-Amère, la Petite centaurée, le Laurier blanc, les fleurs de Sureau, et parfois aussi le Tussilage, le Coquelicot, le Bouillon blanc, la Violette qui, avec d’autres encore, servent à faire ,la fameuse tisane des quatre fleurs, chère à nos grand’mères.

Pour terminer cette notice, peut-être déjà longue, il nous faut citer une dernière profession plus relevée, qui exige une connaissance assez complète de la Botanique ; c’est celle de fabricant d’herbiers pour les marchands naturalistes.

Des jeunes gens, désireux d’augmenter leur petit budget et quelques déclassés se livrent à ce travail assez compliqué : il faut non seulement ramasser les plantes, mais les dessécher avec soin, les fixer et inscrire leurs noms.

Comme dans tous les métiers dont nous venons d’entretenir nos lecteurs, on a peu de chance de rencontrer la fortune, mais un travailleur adroit arrive à gagner aisément sa vie en recueillant toutes ces productions de la flore parisienne que le passant indifférent foule aux pieds.

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