La Petite Centaurée, qu’on appelle aussi Erythrée Petite Centaurée (Erythrœa Centaurium) Pers. Gentianées, tire son nom de Centaurée de la légende qui lui attribue la guérison d’une plaie faite par Hercule au pied du centaure Chiron. Elle a pour principaux synonymes : Gentianelle, Herbe à la fièvre, Herbe au Centaure, Herbe à Chiron, Herbe élégante, Fiel de terre, etc.
Habitat. — Elle est très commune dans les bois, les prés, les terres légères et humides, le bord des haies.
Description sommaire. — Plante élégante, bisannuelle, haute de 0 m. 25 à 0 m. 30, à tige grêle, quadrangulaire, à rameaux dichotomes. Feuilles opposées, sessiles, à trois nervures, les inférieures ovales, en rosette, les supérieures lancéolées et plus étroites que celles de la base. Fleurs (juin-août) d’un beau rose vif insérées sur des pédoncules courts, à l’aisselle de petites feuilles ou réunies au sommet de rameaux bifurqués, formant des corymbes terminaux. Fruit (capsule) s’ouvrant en deux valves renfermant beaucoup de graines très petites, jaune orangé et fortement ridées.
Culture. — La petite centaurée se plaît dans les terres qui ne sont ni trop fortes, ni trop humides.
Multiplication. — On l’effectue par semis, en mars-avril, dans une terre légère ou de consistance moyenne, assez fraîche et bien fumée, ce qui est facile à réaliser dans le Jardin familial. Récolte et séchage. — Elle comprend les sommités fleuries qu’on coupe en pleine floraison, en juillet-août. On en fait, à ce moment, de petites bottes qu’on enveloppe de papier, afin de conserver la couleur des fleurs. On les dessèche rapidement dans un grenier ou un local très aéré, et non, comme le font souvent les herboristes des villes, en les suspendant à la devanture de leurs boutiques où elles recueillent, avec la poussière des rues, les microgermes nuisibles qui s’y trouvent. On estime que 10 kg de sommités fraîches donnent 2 kg 950, environ, de plante sèche.
Composition chimique. — La petite centaurée contient un principe cristallisé, l’ érythrocentaurine, isolé par Méhu ; un glucoside, l’érytaurine ; une matière amère, l’érythramarine ; une lactone, l’érytaurone, et des matières cireuses. Propriétés thérapeutiques. — Les sommités fleuries ont joui jadis d’une très grande réputation. L’Ecole de Salerne les vantait pour la cicatrisation des plaies. Plusieurs auteurs ont prétendu qu’après le quinquina il n’était pas de meilleur fébrifuge que la petite centaurée. Elle constitue toujours un remède populaire contre les fièvres intermittentes ; mais on la considère surtout, aujourd’hui, comme un bon tonique amer qui réveille les fonctions motrices et sécrétoires des voies digestives, en même temps qu’elle exerce une action sédative dans certaines dyspepsies douloureuses.
Préparations pharmaceutiques. — Le Codex de 1908 la prescrit en infusion à la dose de 10 gr. qu’on a portée à 20 et même à 3o gr. par litre. L’extrait aqueux a été donné au taux de 0 gr. 60 à 1 gr. ; la teinture 2 à 10 gr. par jour. Elle fait partie des espèces amères, du baume vulnéraire, de l’esprit carminatif de Sylvius. Elle entre aussi dans la composition de certains vermouths. Sa décoction a été employée en lavements, en lotions, etc.
Observations commerciales. — La culture de cette plante a été recommandée officiellement en juillet et en novembre 1916. A l’état sec, sous forme de bouquets, les sommités fleuries ont varié de 1 fr. 80 à 2 fr. le kilogramme.