Les groseilliers sont des arbustes à feuilles alternes, simples, à fleurs régulières, solitaires ou en grappes, dont le calice tubuleux à quatre ou cinq lobes est souvent coloré. Les pétales, en même nombre que les sépales, sont petits ; l’androcée comprend quatre ou cinq étamines insérées au sommet du tube du calice ; l’ovaire est infère, à une loge, formé de deux carpelles soudés ; le fruit est une baie à plusieurs graines.
Comme particularités d’organisation propres à ces plantes, on peut signaler sur l’épiderme de leurs feuilles et de leurs tiges l’existence de nombreux poils massifs portés au sommet d’émergences. Tous les groseilliers contiennent dans leurs cellules de l’oxalate de chaux en cristaux isolés ou en raphides ; leurs carpelles, souvent ouverts d’une manière anormale, sont une preuve souvent invoquée, de l’origine foliaire du gynécée. La viscosité de leurs stigmates est considérable ; elle est due, non seulement aux glandes des papilles stigmatiques, mais encore à la gélification des membranes des cellules épidermiques. 1 Ajoutons que les fleurs des groseilliers sont très riches en nectar et que les insectes leur font de fréquentes visites.
Les espèces cultivées pour leurs fruits, dans l’Europe entière sont au nombre de trois : 1° le Groseillier rouge ou Groseillier à grappes (Ribes rubrum) , non épineux, à fleurs petites, verdâtres,à calice glabre, disposées en grappes pendantes ; il en existe environ 25 variété cultivées, à fruit rouge ou blanc ; 2° le Groseillier noir ou Cassis (R. nigrum), non épineux, se distingue du précédent par son calice très velu, son fruit noir et ses feuilles à odeur forte et pénétrante, parsemées en dessus de glandes jaunes sécrétant une oléorésine. On en cultive 6 à 8 variétés dont quelques-unes ont des fruits jaunes ; 3° le Groseillier épineux (R. qrossularia), présente ordinairement un fruit lisse ou muni de quelques gros poils raides, tandis que le fruit de la forme sauvage, le Groseillier raisin crépu, de Linné (R. uva-crispa), a des poils mous et moins longs. Il en existe près de 200 variétés dont les trois quarts, au moins, sont anglaises. Elles diffèrent par la forme, la grosseur, la couleur et la saveur des fruits qui sont sphériques ou allongés, lisses ou velus, verts, blancs, roses ou rouges.
Ni les Grecs, ni les Romains n’ont parlé de ces espèces qui sont spontanées dans l’Europe septentrionale et tempérée ; elles sont cultivées en France depuis le moyen-âge seulement. Ces arbustes, qui résistent aux hivers les plus rigoureux, se multiplient au moyen de boutures ou de marcottes qui s’enracinent facilement.
Les fruits du groseillier rouge et du groseillier épineux se servent à table, mais les premiers sont surtout employés pour faire d’excellentes confitures ; les seconds étaient d’un grand usage autrefois pour l’assaisonnement (Gooseberry, en anglais ; groseille à maquereaux, en français). Les fruits de ces deux espèces servent aussi à fabriquer une sorte de vin et des sirops.
Les baies de cassis ne sont guère agréables au goût, mais, macérées dans l’alcool et additionnées de sucre, elles sont la base d’une excellente liqueur dont l’usage, en France, ne date guère que du XVIe siècle.
En dehors des espèces fruitières, un grand nombre de groseilliers contribuent beaucoup, au printemps, à l’ornement des jardins. L’un des plus beaux est le Groseillier élégant (R. speciosum), de Californie, aux fleurs rouge écarlate ressemblant à celles des fuchsia, à cause de leurs longues étamines pourpres.
Le Groseillier Aubépine (R. oxyacanthoides), originaire du Canada, garni, comme le précédent, de petits aiguillons, donne en avril des fleurs verdâtres, auxquelles succèdent des fruits ovoïdes, rouges ou verts. Le Groseillier des Alpes (R. Alpinum), indigène en France, sur les montagnes élevées, très commun dans les parcs, fleurit en grappes dressées verdâtres. Les fleurs sont toutes staminées ou toutes pistillées ; il en existe aussi une variété à fleurs stériles. Les fruits ressemblent beaucoup à ceux du groseillier rouge commun, mais ils sont très fades.
Parmi les espèces les plus répandues, on peut citer encore le Groseillier multiflore (R. multiflorum), aux grandes fleurs jaune pâle, le Groseillier sanguin (R. sanguineum) dont les fleurs, d’un rouge vif, en longues grappes pendantes, donnent un fruit rouge noirâtre couvert d’une poussière glauque ; le Groseillier cire (R. cereum) qui doit son nom à la poussière blanche, brillante, qui recouvre la face inférieure de ses feuilles ; le Groseillier doré (R. aureum), à fleurs jaunes, à grappes longues et serrées et aux fruits jaune orangé, enfin le Groseillier des rochers (R. saxatile), don t nous reproduisons une variété, R. diacantha, originaire de la Daourie. Ses fleurs sont jaune verdâtre ; ses baies rougeâtres (D), plus petites et plus douces que nos groseilles communes, ressemblent, quand elles sont sèches, aux raisins de Corinthe ; elles contiennent 4 ou 5 graines (d) un peu comprimées. Tous ces arbustes sont rustiques, sauf le Groseillier élégant qui gèle parfois.
F. Faideau.