Le cochléaria officinal (Cochlearia officinalis L,), Crucifères, a pour synonymes, Cranson officinal, Herbe aux cuillers, nom qui lui vient de la forme du limbe de ses feuilles.
Habitat. — En France, on le rencontre au bord des ruisseaux, sur le rivage de la mer, notamment sur les côtes de Normandie et de Bretagne.
Description sommaire. — Plante bisannuelle atteignant 0,20 à 0,30 m de hauteur. Tige ramifiée, vert pale. Feuilles charnues, longuement pétiolées, courbées en cuiller, les caulinaires petites, sessiles, embrassant la tige. Fleurs (mai-août), blanches, pédonculées, disposées en grappes corymbiformes. Fruit (silicule) ovale : graines peu nombreuses, d’un brun clair.
Culture. — Elle est facile surtout dans les jardins maraîchers. Le cochléaria demande une terre légère, fraiche, pouvant être arrosée sans difficulté. On lui donnera donc, autant que possible, dans le Jardin familial, la place la plus fraîche sinon la plus humide et exposée au nord.
Multiplication. — On y procède par semis à l’automne ou au début du printemps, par une température basse 5° à 12°, parce que les graines germent difficilement par un temps chaud. On nivelle le sol et on sème les graines tous les 25 cm sur des lignes distantes de 0,70 m, puis on plombe pour bien fixer les semences. Dans ces conditions, la germination peut avoir lieu en jours (A. G. et J. D.). On donne ensuite les soins culturaux habituels et surtout de fréquents arrosages.
Récolte et séchage. — On cueille les feuilles un peu avant la floraison, au début de mai, et l’on peut eu faire plusieurs coupes. Le séchage doit être fait rapidement parce que les feuilles sont pleines d’un sucre acre et piquant. Elles perdent leurs propriétés par la dessiccation.
Composition chimique. — Les feuilles renferment, après avoir été contusées, une essence qui n’y préexistait pas, mais qui s’y développe sous l’influence de l’eau et d’un principe azoté, très probablement analogue à la myrosine. Cette essence, d’odeur irritante, est composée d’isosulfocyanate de l’alcool butylique, assez proche de l’essence de moutarde. On y trouve également une substance acre : la cochléarine, un peu d’iode, etc.
Propriétés thérapeutiques. — Les feuilles fraîches et les sommités fleuries sont antiscorbutiques, dépuratives, stimulantes, stomachiques, etc. On les emploie contre les scrofules et les maladies de la peau ; on les a proposées aussi contre l’obésité.
Préparations pharmaceutiques. — A l’état frais, les feuilles entrent dans la préparation du sirop antiscorbutique, de la bière et des vins antiscorbutiques ainsi que dans certaines eaux ou alcoolats dentifrices servant aux soins de la bouche. On a prescrit l’infusion de feuilles fraîches, 20 g pour 1000 ; alcoolats simple et composé 10 à 30 g ; conserve 50 g ; sirop 20 à 60 g ; suc frais 16 à 80 g ; vin 50 à 100 g. Comme la dessiccation leur fait perdre toute efficacité, il est tout indiqué de n’employer que le suc frais en nature ou sous forme de sirop.
Observations commerciales — La vente n’a quelque importance que pour les feuilles fraîches (lui entrent dans la préparation du sirop antiscorbutique ; elles sont payées 0 fr. 25 à 0fr. 30 le kilogramme. Quant aux feuilles sèches dont la vente est faible, leur prix a varié de 1 fr. 50 à 5 fr. le kilogramme.