Ces plantes constituent l’un des genres les plus gracieux de la superbe famille des Liliacées, qui comprend tant de plantes ornementales, Leur nom, qui signifie lait d’oiseau (du grec gala, lait ; ornithos, oiseau) vient d’une expression grecque fréquemment employée pour désigner une merveille. Ce sont d’aimables fleurettes, mais qui ne méritent pas cependant un tel excès d’honneur.
L’espèce la plus répandue en France est l’Ornithogale en ombelle (Omithogaltum umbellatum), petite plante vivace, d’un pied de haut, qui fleurit au printemps dans les prés. Son inflorescence est une grappe étalée simulant une ombelle. Chaque fleur se compose de trois sépales et de trois pétales, ces derniers un peu plus petits, mais atteignant néanmoins de 3 à 4 centimètres de longueur. La face interne des pièces du périanthe est blanche, la face externe est d’un vert tendre avec un liséré blanc sur le bord. L’androcée comprend six étamines dont trois très petites ; le filet en est plat et blanc ; l’anthère, d’un blanc jaunâtre au début. devient plus tard franchement jaune. L’ovaire libre, à trois loges, présente extérieurement six arêtes saillantes. Il donne à la maturité une capsule remplie de petites graines.
L’ornithogale en ombelle est plus connu sous le nom de Dame d’onze heures, qu’il doit à la curieuse propriété qu’il possède, avec un certain nombre d’autres plantes, d’ouvrir sa corolle vers onze heures chaque matin, pour la refermer vers trois heures du soir.
Ces mouvements spontanés sont d us à des variations de longueur provoquées dans la face in turne des sépales et des pétales par des causes intérieures. La face externe ne change pas de dimensions. Tout élargissement de la face interne amène l’ouverture du périanthe ; tout rétrécissement, la fermeture. C’est à la base des pièces florales que se localisent les changements de volume et que s’opèrent les courbures qui déplacent l’organe tout entier.
Ces mouvements spontanés sont très énergiques, mais cependant, à l’aide de la chaleur, on peut les vaincre. C’est ainsi que nous avons montré autrefois ici-même comment, en utilisant un fer à repasser, on peut, à toute heure du jour et de la nuit, faire ouvrir la Dame d’onze heures.
Cette jolie petite plante, très rustique, fait l’ornement des pelouses et entre, avec avantage, dans la formation des bordures.
On cultive aussi souvent l’Ornithogale des Pyrénées, grande plante d’un mètre et plus, assez commune en France, sauf précisément dans les Pyrénées et dans tout le sud-ouest.
Voilà un nom bien choisi !
L’Ornithogale pyramidal ou Épi de lait, de l’Europe méridionale, est très employé dans les plates-bandes ; quelques pieds disséminés dans les massifs d’arbustes, produisent de l’effet.
L’Ornithogale doré (O.aureum), du Cap de Bonne-Espérance, est une jolie plante à fleurs jaunes formant une grappe allongée. Elle craint nos hivers.
L’Ornithogale d’Arabie (O. arabicum) se trouve en France, malgré son nom ; on le rencontre parfois en Provence. Il possède de grandes fleurs blanches ou jaunâtres portées par des pédoncules presque égaux, étalés, puis dressés après la floraison. Il se prête volontiers à la culture sur carafe en appartement. Les bulbes préparés en octobre fleurissent vers la fin de janvier.
Les Ornithogales sont répandus dans le monde entier. Les deux espèces que nous reproduisons croissent en Russie dans les parages de la mer Caspienne.
L’Ornithogalum bulbiferum possède un bulbe de la grosseur d’un pois, complètement entouré par de nombreuses racines qui contribuent à lui donner un peu l’aspect d’un nid d’oiseau. De nombreuses feuilles linéaires partent de la base de la tige qui porte une seule fleur à périanthe vert à l’extérieur, blanc à l’intérieur, avec une bordure jaune et une nervure médiane verdâtre.
L’Omithogale réticulé (O. Reticulatum) est remarquable par la présence d’une sorte de tunique réticulée cylindrique entamant le bulbe et la partie inférieure de la tige. Il présente trois fleurs, rarement plus, disposées en une fausse ombelle. Elles s’ouvrent successivement et présentent les mêmes nuances que celles de l’espèce précédente. Ces deux formes mériteraient d’être introduites dans nos jardins ; elles sont rustiques et viennent admirablement sous le climat de Paris.
Ferdinand Faideau