Floraison d’une jacinthe dans l’eau

Ferdinand Faideau, La Science Illustrée N°272 — 11 Février 1893
Mercredi 5 novembre 2014 — Dernier ajout mardi 30 janvier 2018

Nous avons précédemment indiqué comment, pour les besoins de la ’cuisine, on peut faire développer un oignon dans une carafe.

C’est une culture qui trouverait difficilement sa place dans un salon, où l’utile doit céder le pas à l’agréable, mais rien n’empêche de substituer au vulgaire oignon, peu ornemental de sa nature, une bulbe de jacinthe ou d’amaryllis.

Pour la culture en carafe des plantes bulbeuses on trouve, depuis longtemps déjà, dans le commerce, des vases de forme spéciale, plus ou moins élégants, terminés par une partie élargie, sorte de godet dans lequel on place la bulbe choisie.

On remplit ce vase d’eau, de façon que la partie inférieure de la bulbe plonge dans le liquide. Les conditions de température et de lumière, les soins à prendre sont les mêmes que ceux qui ont déjà été indiqués ici même (Voir Le Développement d’un oignon dans une carafe et Les Vases à crocus)

Lorsque la jacinthe sera en pleine floraison, il sera bon d’en soutenir la hampe florale avec une mince baguette dont on enfoncera simplement la pointe dans la bulbe ; sans cela, le poids des fleurs, placé tout entier à l’extrémité d’une hampe, souvent élevée, pourrait faire basculer l’oignon, ou, tout au moins, amener une flexion désagréable à l’œil et nuisible au bon développement de la plante.

Quelques-unes de ces carafes, disposées avec goût sur un meuble ou une étagère, produisent un charmant effet, surtout si l’on a eu le soin de choisir les bulbes de façon à obtenir des nuances variées. Les jacinthes à fleurs simples réussissent mieux, soit dit en passant, que les variétés à fleurs doubles.

On peut obtenir le développement d’une jacinthe dans des conditions plus curieuses encore :

On prend un vase de verre ou de faïence percé aux deux extrémités d’ouvertures larges et inégales.

La plus petite doit, quand on la tourne vers le sol, pou voir retenir un gros oignon de jacinthe qu’on place la tête en bas. On le recouvre de terre, et à la partie supérieure, on place un autre oignon dans sa position normale.

On pose ce premier vase sur un deuxième en verre bien clair, très grand, que l’on remplit complètement d’eau. On porte cet appareil à la lumière en ayant soin de renouveler fréquemment le liquide.

La jacinthe supérieure se développe dans l’air — ce qui n’a rien d’extraordinaire — et au bout de quelques semaines, ses élégantes clochettes laissent échapper leur parfum pénétrant ; mais, fait plus remarquable, la jacinthe inférieure se développe également bien dans l’eau, et rien n’est plus curieux comme l’ensemble formé par ces deux plantes dont les fleurs semblent sortir des deux extrémités d’une même bulbe.

L’effet produit est plus grand encore si les fleurs sont de couleurs différentes. — Ajoutons que si l’on veut jouir longtemps de cette floraison anormale, il ne faut pas que la température soit trop élevée dans la salle où l’on a placé l’appareil.

On se procure aisément cet assemblage de vases dans le commerce, mais, à cause des dimensions considérables de la carafe, le prix en est encore assez élevé. C’est pourquoi si, laissant de côté toute préoccupation d’élégance, on tient simplement à voir se produire ce curieux développement, on disposera dans une salle isolée, mais bien éclairée, un grand bocal, veuf de ses cornichons, au sommet duquel on adaptera un petit vase de terre ordinaire dont on aura agrandi légèrement l’orifice inférieur. Ce sera beaucoup moins élégant et moins décoratif, mais le phénomène se produira absolument de même et votre curiosité sera satisfaite.

Ferdinand Faideau

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