La Douce-amère (Solanum dulcamara L.) Solanacées, est encore appelée Morelle grimpante, Vigne grimpante, Vigne sauvage, Herbe à la fièvre, Loque, etc. Elle doit son nom à sa saveur d’abord amère, ensuite douceâtre lorsqu’on la mâche.
Habitat. — La plante est commune dans les haies, les bois, les lieux frais et ombragés, au bord des ruisseaux.
Description sommaire. — Sous arbrisseau, à tiges grêles, grimpantes, de 1 à 3 m. de longueur. Feuilles entières et cordiformes à la base, les supérieures divisées en trois lobes dont un médian plus grand. Fleurs de juin à septembre, violettes, parfois blanches avec une tache jaune ou verte à la base de chaque pétale. Fruit ou haie d’un beau rouge. Toute la plante exhale par le frottement une odeur désagréable.
Culture. — Dans le Jardin familial sa place est dans les haies de clôture à moins qu’on ne l’utilise pour revêtir et décorer une tonnelle ou des treillages de ses souples rameaux et de ses jolies grappes de fruits au ton de corail.
Multiplication. — On compte quatre moyens : 1° par éclats de pied ; 2° par marcottes ; 3° par boutures ; 4° par graines.
1° Par éclats de pied. — On plante, à la distance de in. à 1 m. 50, ceux qu’on a enlevés dans les haies à l’automne ;
2° Par marcottes. — On incise des fragments sarmenteux, on les enfonce un peu dans un sol frais en le tassant avec soin autour d’eux et, quand ils sont bien enracinés, ou les enlève pour les planter à demeure ;
3° Par boutures. — On prend des rameaux possédant un œil à la base et l’autre au sommet, on les enfonce dans le sol comme précédemment en ne laissant au dehors que l’œil supérieur, et on les traite de même par la suite ;
4° Par graines. — On les sème en mars-avril dans de la terre bien préparée, meuble et fraîche à une profondeur de 2 cm en mettant entre elles un espace de 10 cm. On les laisse en pépinière jusqu’à ce que les plants soient assez forts ; alors on les enlève pour les repiquer en les espaçant de 60 cm à 1 mètre.
Récolte et séchage. — On y procède au printemps ou à l’automne sur des tiges âgées d’un ou de deux ans que l’on coupe soit en tronçons de 50 cm liés en bottes, soit en petits fragments de 3 à 4 cm qui sont fendus longitudinalement quand les tiges sont trop grosses. Le séchage est facile et il peut avoir lieu au soleil.
Composition chimique. — Les tiges renferment de la solanine, dulcamarine et dulcamarétine (Geissler) ou, d’après Masson, un saponoïde acide glucosidique, l’acide dulcamarique, un saponoïde non glucosidique, l’acide dulcamarétique et un glucoside alcalin, la solacéine.
Propriétés thérapeutiques. — Les premières connaissances paraissent remonter à Boerhaave qui lui a reconnu des propriétés diaphorétiques, puis elle a été recommandée par Linné dans la syphilis et le rhumatisme et enfin par plusieurs médecins comme dépurative. On lui accorde aujourd’hui des propriétés stimulantes, dépuratives, sudorifiques et diurétiques, mais on la classe plutôt parmi les médicaments sudorifiques et dépuratifs. On a proposé de la substituer à la salsepareille. Sa décoction est toujours populaire contre certaines maladies de la peau et contre les rhumatismes. Ses baies ont été considérées comme purgatives, mais comme leur action n’est pas encore bien définie, surtout quand elles sont vertes, il est prudent de s’en abstenir et d’empêcher les enfants d’en manger.
Préparations pharmaceutiques. — La tige est aujourd’hui la seule partie usitée. Le Codex de 1908 indique une infusion de 20 g de tiges coupées dans un litre d’eau bouillante durant 2 heures. On a prescrit une décoction de 30 g par litre, l’extrait aqueux à la dose de 2 à 4 g et le sirop à la dose de 20 à 100 g Le Dr Leclerc recommande la formule suivante : douce-amère 100 g, eau bouillante 1500 g Faire infuser 6 heures, passer avec expression, décanter la liqueur déposée, y ajouter 180 g de sucre pour 100 g de colature et passer après une ébullition rapide. De 50 à 100 g par jour. Les feuilles, -qui sont émollientes, ont été employées autrefois en cataplasmes.
Observations commerciales. — La douce amère donne lieu à une demande importante dans le commerce de l’herboristerie. Les tiges coupées en petits fragments et bien séchées valent, environ, 0,60 fr, 0,75 fr et 1 fr le kilogramme, suivant la demande.