La Scille maritime (Scilla maritima. L., Urginea Scilla. Steinh :) Liliacées, a pour synonymes : Urginée Scille, Scille officinale, Oignon marin, etc.
Habitat. — En France, elle croit en abondance sur les rivages sablonneux de la Méditerranée, de l’Océan et de la Manche, en Bretagne et jusqu’en Normandie. On la trouve surtout en Algérie, en Espagne, en Sicile, dans le Levant, etc.
Description sommaire. — Plante bulbeuse, vivace, dont la tige ou hampe atteint 0m.20 à 1 m. de hauteur. Bulbe très gros, pouvant peser plus de 2 kg, comptant plusieurs tuniques ou écailles nommées squames, blanches ou rougeâtres suivant les variétés. Feuilles radicales, lancéolées, mesurant, parfois, presque 0m.30 de longueur, se fanant avant la floraison. Fleurs apparaissant de juillet à octobre, selon les régions, petites, blanches, disposées en grappe terminale sur une hampe. Fruit (capsule) triangulaire ; graines arrondies, noirâtres.
Culture. — Elle ne demande pas de soin spécial, à condition cependant que la terre soit légère, sablonneuse, ou encore de la terre de bruyère, que le climat soit chaud et marin, et, autant que possible, une exposition au midi,
Multiplication. Elle peut avoir lieu par graines et par caïeux ; ces derniers mont à peu près les seuls employés.
Par caïeux. — Le terrain doit être bien préparé et fumé avec du fumier très décomposé. La plantation est exécutée au printemps en lignes espacées de 4o à 50 cm ; on enfonce les bulbes en terre de 10 à 15 cm. Les soins culturaux consistent en binages et sarclages. Si la région est sujette à des froids assez vifs, on couvre les pieds avant l’hiver avec des feuilles ou du fumier pour les protéger suffisamment contre la gelée.
Récolte. Dessiccation. Conservation. — On procède à la récolte des bulbes en automne quand les feuilles se dessèchent et avant l’épanouissement des fleurs. On les débarrasse de la terre : on rejette les squames extérieures, généralement sèches, ainsi que celles du centre parce qu’elles sont blanches, mucilagineuses et que leur suc n’est pas suffisamment élaboré. On ne garde que les moyennes qui sont remplies d’un suc visqueux, inodore et très âcre. On les coupe en tranches minces, on les étale sur une claie et on les fait sécher au soleil, à l’étuve ou dans un four ; il importe que la dessiccation marche rapidement. On estime que 10 kg de squames fraîches laissent 1 kg 800 de squames sèches. On les conserve dans des boîtes qu’on place dans un local aéré et très sec pour les empêcher de moisir.
Composition chimique. —- Le bulbe de Scille contient : scillitine, scillaïne, skuléine, tannin, matière colorante jaune, matière colorante rongé, mucilage, sucre inter- verti, sels, trace d’iode. (D’ A. Héraud). Merck y a signalé trois principes amorphes : la scillipicrine, la scillitoxine, la scilline dont l’action sur le cœur est différem ment énergique.
Propriétés thérapeutiques. — La Scille était connue des Egyptiens et des Grecs, ceux-ci en faisaient une plante funéraire. Elle était considérée, ce qu’elle est toujours, comme un diurétique puissant, peut-être le meilleur qu’on possède ; on lui reconnait aussi des propriétés excitantes, incisives et expectorantes. Elle est surtout préconisée dans l’hydropisie cardiaque ; on la conseille dans les bronchites, l’emphysème, les pneumonies, etc. On consultera avec profit sur son activité thérapeutique les ouvrages suivants : fouchet, Précis de pharmacologie et de matière médicale ; A. Pic, Les Médicaments ll. Leclerc, Précis de Phytothérapie.
Préparations pharmaceutiques. - La partie usitée est le bulbe qui sert de base à un grand nombre de préparations dont les principales sont, à l’intérieur : extra-alcoolique 0gr.02 à 0gr.20, oxymel scillitique 15 à 30 gr. ; poudre 0gr.Io à 0gr.30 ; teinture i à T3 gr. vins composés : de Trousseau et diurétique amer de la Charité, 15 à 60 gr. ; vinaigre scillitique 2 à 5 gr. A l’extérieur, en frictions, teinture 10 à 25 gr. Mais étant donné que l’activité de certaines préparations pourrait, si la dose était trop forte, causer parfois des accidents, il ne faut en user que sur l’avis du médecin.
La médecine vétérinaire emploie également la scille, mais à des doses différentes, et comme l’on a signalé des cas d’empoisonnement de jeunes animaux avant mangé des feuilles et des fragments de bulbe, il est prudent de les empêcher d’en consommer.
La scille sert aussi à préparer des appâts pour détruire les diverses catégories de rongeurs qui infestent nos demeures et les champs cultivés.
Observations commerciales. — Malgré l’abondance de la Scille sur certaines régions de notre littoral, nous en importons encore de l’étranger : de Sicile, d’Italie, d’Espagne, du Levant, etc. On en trouve dans le commerce deux variétés : la première et la plus commune, aux écailles rouges, porte le nom de Scille môle ou d’Espagne ; la deuxième, qui a des écailles blanches, est appelée Scille femelle ou d’Italie.