La camomille romaine (Anthémis nobilis L.), Composées ou Synanthérées, est encore appelée Anthémide ou Anthémis, Camomille officinale, C. noble, C. odorante, C. blanche, C. des jardins. Il y en a d’autres espèces, notamment la Matricaire Camomille, mais il n’y a pas lieu d’en parler ici.
Habitat. — Cette camomille est assez répandue en France, en Italie et en Espagne. Chez nous elle croît à l’état sauvage dans les terres incultes et sèches du Midi, dans les allées sablonneuses, les pelouses des bois, etc. Elle est très souvent cultivée dans les jardins et en grand dans quelques départements.
Description sommaire. — Plante vivace dont les tiges peuvent atteindre 20 à 25 cm à l’état sauvage et environ 30 à 40 cm dans la culture ; elles sont très ramifiées et surtout rampantes. Feuilles alternes, découpées en segments très petits, pubescentes. Fleurs en capitules solitaires, à fleurons jaunes, hermaphrodites, au centre, à demi-fleurons sur la circonférence, blancs, femelles, à odeur balsamique, assez agréable, pénétrante ; floraison de juin à septembre. Fruit, achaine petit et verdâtre.
Culture. — Il y a lieu de distinguer deux variétés dans la camomille romaine : l’une à fleurs simples, l’autre a fleurs doubles qui est, à beaucoup près, la plus cultivée à cause du plus grand développement de ses capitules. On la désigne habituellement sous le nom (le Camomille de Paris et l’autre sous celui de Camomille du Nord.
Multiplication. — Il existe deux modes a, par semis ; h) par éclats de souches. Ils sont eux-mêmes subordonnés à la variété qu’on veut cultiver, ou plutôt à la faculté de produire des graines. Aussi, étant donné que la camomille à fleurs simples en fournit beaucoup et celle à fleurs doubles très peu, il en résulte qu’on multiplie la première par semis et la seconde par éclats de souches.
Mais quel que soit le mode suivi, bien que la camomille vienne à peu prés dans tous les sols, il vaut mieux qu’ils soient légers, argilo-calcaires, substantiels, exposés au midi, assez frais ou pouvant être arrosés, quoique la plante craigne une trop grande humidité en hiver comme une forte sécheresse en été.
Dans le jardin familial, la terre doit être bêchée deux ou trois mois auparavant, et si l’on ne peut la fumer au fumier de ferme, on y répandra, par mètre carré, 10gr. de sulfate d’ammoniaque ou 8 gr. de nitrate de soude enterrés par un léger binage. Dans le champ, on fait deux labours préalables, on fume dans la proportion précitée, ou bien l’on épand, par are, 2 kg 500 de superphosphate de chaux et t kg de sulfate de potassium. (A. R. et D. B.).
Par semis. — On sème en deux saisons : au printemps et à l’automne, en lignes distantes de 0m.60 ; on éclaircit en temps voulu en laissant un intervalle de 25 à 30 centimètres.
Par éclats. — C’est le mode à préférer ; on peut l’entreprendre à l’automne ou au printemps, mais M. J. Demilly, qui est très expert dans la culture des plantes médicinales, conseille l’automne et le procédé suivant. On divise les souches de camomille en plusieurs pieds suivant la force de la plante et on les met en pépinière. Les éclats émettent des racines pendant l’hiver et ils sont prêts à être mis en place au printemps dans un sol siliceux et frais autant que possible. A ce moment, on trace des lignes espacées de 60 cm, de façon à pouvoir. biner mécaniquement (ou à la main dans le jardin), et on place les plantes à 30 cm sur la ligne. Il faut bien tasser la terre autour des pieds.
Les soins consistent en binages répétés trois à quatre fois la première année, tandis que deux suffisent la seconde année. On_ arrache les plantes au bout de la quatrième année pour les diviser et refaire une nouvelle plantation.
Récolte. —On y procède dès la seconde année en commençant vers le mois de juin et ne s’arrêtant qu’au mois de septembre. On a soin de cueillir les capitules très peu avant leur complet épanouissement : trop tard, les ligules pourraient se détacher facilement ; trop tôt, les fleurs ne seraient pas assez développées et retiendraient une légère teinte verte qui leur serait préjudiciable. Il faut choisir un beau temps sec et ensoleillé pour faire cette récolte, car elles ne doivent être mouillées ni par la pluie ni par la rosée, afin qu’elles ne soient pas exposées à noircir pendant le séchage.
Pour la récolte dans les champs de culture, on se sert, dans certains pays, d’un outil en bois nommé « peigne à airelles. » (J. Demilly).
Production. — Dans le Maine-et-Loire, on estime que l’hectare donne 1200 kg de fleurs, et dans la région de Valenciennes 800 à 900 kg. (A.R. et D.B.).
Séchage. — ll faut sécher les fleurs le plus tôt possible en les étalant en couche mince sur des toiles placées dans un endroit très aéré, séchoir ou grenier, et non exposé aux poussières ; éviter, autant que faire se peut, d’employer la chaleur, comme c’est Tailleurs la règle pour toutes les plantes aromatiques, afin que les huiles essentielles ne se volatilisent pas en partie. On n’y recourrait que si les fleurs avaient été mouillées ; on chaufferait le local et l’on aurait soin de les remuer très souvent. Il importe de ne pas oublier que la blancheur est un facteur essentiel de leur valeur commerciale ; aussi, leur conservation doit-elle être faite avec tous les soins que j’ai indiqués précédemment. 10 kg de fleurs fraîches donnent 2 kg à 3 kg 500 de fleurs sèches.
Composition chimique. — Les fleurs de camomille contiennent : camphre, principe gommo-résineux, tanin, acide anthémique et de l’huile volatile (D’ A. H.). Cette essence constitue le principe le plus actif, mais les chimistes ne sont pas d’accord sur sa coloration : pour les uns elle est bleue et verte pour les autres ; ces derniers paraissent avoir raison. Sa composition est formée surtout d’éthers butyrique, angélique et tiglique, d’alcools amylique et hexylique ; elle contient de l anthémol et un peu de strychnine. Elle a pour densité 0.905 à 0.915 et se dissout dans 6 parties d’alcool à 70°. 10 kg de fleurs en contiennent de 8 gr. 4 à 40gr.
Propriétés thérapeutiques. La camomille est amère, aromatique, stimulante et tonique. Elle a, d’abord, été employée par Galien comme fébrifuge et Trousseau, depuis, l’a appelée « le quinquina de l’antiquité e. Cette action est certaine, d’après le D Héraud, dans des fièvres intermittentes mal définies ayant résisté au sulfate de quinine. Elle réussit aussi contre la courbature, les névralgies faciales et la céphalalgie grippale. Toutefois, parmi les propriétés qu’on attribue à la camomille romaine, la principale paraît être, aujourd’hui, son action antispasmodique. Elle constitue un remède populaire comme digestif, carminatif, stomachique dans les digestions difficiles, les coliques venteuses, etc. ; comme stimulant et antispasmodique dans les fièvres typhoïdes et surtout comme emménagogue pour régulariser les règles, comme anthelminthique contre les vers intestinaux ; comme vomitif quand elle est prise en grande quantité.
Préparations pharmaceutiques et doses. — La seule partie usitée est la fleur. Comme presque toujours le remède le plus populaire contre les embarras gastriques est l’infusion, 5 gr. par litre ;Codex, 1908), mais le plus souvent on met deux à quatre fleurs par tasse. Il importe de bien se rendre compte de la différence qui existe entre l’infusion et la décoction. La première consiste à verser de l’eau boitillante sur les fleurs et à laisser en contact durant une demi-heure, la seconde à faire bouillir les fleurs et l’eau pendant 2 à 5 minutes. L’infusion est tonique et la décoction excitante et antispasmodique.
On emploie encore à l’intérieur pour, 24 heures : l’extrait 0gr.25 à 0gr.50, l’eau distillée 25 à 100 gr. : la poudre récente 1 à 8 gr. en cachets ; le sirop 10 à 50 gr ; l’huile volatile 1 à 2 gouttes. A l’extérieur, on se sert en friction de l’huile de camomille obtenue en faisant digérer 3 heures au bain-marie couvert, et en agitant de temps en temps, z00 gr. de fleurs sèches dans 1000 gr. d’huile d’œillette (Codex 1908), ou de l’huile de camomille camphrée préparée en introduisant 100 gr. de camphre râpé dans 900 .gr. d’huile de camomille, laissant en contact, en agitant de temps en temps jusqu’à dissolution complète. L’infusion de 10gr. de fleurs par litre d’eau sert en lotions très chaudes contre la conjonctivite.
L’art vétérinaire emploie également pour les animaux l’infusion de camomille à dose élevée pour les différentes affections signalées plus haut.
Observations commerciales. — La culture de la camomille en grand est une des plus recommandées, car sa vente est très forte. Elle l’est d’ailleurs dans le Nord, le Maine-et-Loire et l’Indre-et-Loire. D’après la Feuille du Ministère de l’Agriculture, les fleurs de camomille étaient, en 1916, cotées 2 fr. 50 à 3 fr. le kilogramme, selon la qualité. On l’établit en faisant passer les fleurs dans des cribles à mailles de différentes grandeurs. Le premier criblage donne des capitules gros et de premier choix pouvant valoir environ 250 à 300 fr. les 100 kg ; le second, des capitules moyens ou 2e qualité, 160 à 165 fr. ; le troisième, des petites fleurs à 135-140 fr. Les fleurs tachées perdent jusqu’à la moitié de leur valeur et servent souvent, comme les très petits capitules ; à la distillerie. Les prix sont très instables : ils ont atteint 32 fr. le kilogramme en 1923 et sont tombés l’an dernier entre 3 à 5 francs.