Sous ce nom, la racine qu’on trouve dans le commerce peut être fournie par trois variétés mais surtout par deux : la Bardane à grosses têtes (Lappa major) et la B. à petites têtes (Lappa minor. D. C.) Synanthérées. Le mot Bardane dériverait de « Barda » qui, en italien, signifie « couverture de cheval », à cause de l’extrême ampleur des feuilles. Ses principaux synonymes sont : Glouteron, Herbe aux teigneux, Napolier, etc.
Habitat. — Ces plantes sont très communes sur le bord des routes, dans les lieux incultes et stériles, le voisinage des habitations.
Description sommaire. — Plante bisannuelle par sa racine qui est épaisse, charnue, cylindrique, pivotante, noirâtre au dehors et blanche en dedans. Tige de 1m. à 1m. 50 de hauteur, grosse, rameuse, striée, rougeâtre. Feuilles alternes, très larges à la base, pétiolées, vertes en dessus, cotonneuses en dessous. Fleurs (juin- juillet) nombreuses, purpurines, agglomérées en une petite tête globuleuse, armée de pointes recourbées en crochet qui font adhérer ces fleurs aux vêtements ou aux poils des animaux d’où le nom de « grippons » qu’on leur donne pour cette raison. Fruit (akène) à disque plissé surmonté d’une aigrette.
Culture. — Très rustique, la bardane s’accommode de tous les terrains ; elle préfère cependant ceux quelque peu compacts mais qu’on a défoncés en temps voulu et bien fumés surtout en engrais azotés.
Multiplication. — Il est bon de savoir qu’un gramme de graines en contient 8o, que le litre pèse 63o gr. et que la durée germinative est de cinq ans. On procède au semis du printemps au mois de septembre. On peut opérer en plein champ à cette dernière date en traçant des lignes écartées de 0 m. 60 et profondes de 0 m. 04 environ. 20 cm et on roule le sol. Le roulage fixe et enterre les semences suffisamment.
Récolte. — On n’arrache les racines à la fin de la première année, en octobre-novembre, que lorsque les plantes ont atteint leur complet développement, mais il est préférable de ne le faire que l’année suivante, c’est-à-dire après 18 mois d’existence. Il ne faut jamais attendre la floraison, parce qu’elles deviennent ligneuses et perdent toutes leurs propriétés. Il est nécessaire d’apporter beaucoup de soin dans l’arrachage qui est assez difficile à cause de la longueur de la racine. L’arrachage terminé, on nettoie les racines et on les coupe en rouelles de 2 cm ; on les fait sécher au soleil ou au four modérément chauffé ou encore à l’étuve. On ne les met en sac que lorsqu’elles sont bien sèches, autrement elles noircissent et se détériorent. Le rendement est de 3 kg010 par 10 kg de racines fraîches. Les feuilles mondées sont cueillies au moment de l’arrachage et desséchées dans un local aéré, mais on s’en sert surtout à l’état frais.
Composition chimique. — La racine contient de l’inuline, une gomme insoluble qui se gonfle dans l’eau, une huile essentielle, du tanin, des sulfates et des phosphates de potasse, de chaux et de magnésie et une matière oléo-résineuse (Poinsot).
Propriétés thérapeutiques. — Le Dr H. Leclerc, qui a étudié spécialement la bardane, relate : 1° qu’elle eut jadis la réputation d’avoir guéri de la syphilis le roi Henri III ; 2° que le D’ Leconte, de Condé-sur-Noireau, l’a utilisée fraîche et récoltée au printemps dans le traitement abortif de la furonculose ; elle faisait cesser la douleur, hâtait la sortie du bourbillon et entravait la formation d’autres furoncles ; 3° qu’il en a lui-même.La bardane est un remède populaire considéré comme un dépuratif énergique dans les maladies de la peau, en même temps qu’un diurétique et un sudorifique sérieux.
Préparations pharmaceutiques. — Pour le docteur précité, comme la dessiccation rend la racine de bardane à peu près inerte, mieux vaut employer l’extrait mou stabilisé à la dose moyenne de 1 à 2 gr. par jour, en pilules, ou encore en élixir, 2 à 3 cuillerées à soupe par jour. Le Dr E. Savini préconise l’extrait fluide à la dose de 4 à 6 cuillerées à café comme ayant une efficacité constante contre les coliques hépatiques. La racine sèche entre dans les tisanes antiherpétiques et sudorifiques. lmportée du Japon, la Bardane géante ou Bardane comestible est parfois cultivée chez nous ; on mange ses racines à l’état jeune, car elles durcissent rapidement. Observations commerciales. — La vente de la racine est forte. On l’a payée d’abord, sèche et coupée, 1 fr. 20 à 1 fr. 50 le kilogramme ; en 1924, elle a valu 3 fr. à 3 fr. 25.