Au début de l’hiver 1901-1902, les lecteurs de La Nature liront peut-être avec quelque intérêt une esquisse météorologique de l’hiver de 1801-1802.
Nous en donnons ci-dessous les traits principaux d’après les manuscrits d’Adanson.
Décembre 1801 — Ce mois a été peu froid de 4 degrés moiens entre les 2 extrêmes - 3° et 11°. — Pluie 58 lignes. — Glace 24 lignes. — Vent dominant du sud et tournant au nord par l’ouest et tempétueux. — Seine, hauteur moyenne (pont roïal) 6m 3/10 entre les 2 extrêmes 5m 7/10 et 7m 5/10. — Inondations générales dans toute l’Europe et de 21 piés à Paris comme en 1751 et 1784. — Le 5, tempête. — Le 9, tempête qui a fait monter les vagues de 40 pieds, hauteur d’esplanade de la jetée de Plymouth. — Le 12, aurore boréale à Édimbourg, ….. ante [1] comme le conducteur electrike pendant toute sa durée, depuis 8 heures du soir jusqu’à minuit. J’en ai vu et entendu de pareilles, les années 1786 et 1794, au palais roïal vers 9 heures du soir, en automne. — Le 15, tonne le soir, vers le coucher du soleil, à l’ouest. — Le 28, succin, 12000 jetés sur la côte nord de Prusse comme en 1718 par tempêtes du nord et nord-ouest.
Janvier 1802. - Ce mois a été moiennement froid de - 3 degrés entre les 2 extrêmes -13° et 7° — Pluie 16 lignes. — Glace journalière 175 lignes ou 14 pouces 7 lignes (en masse dans ma cuve n’a été que de 8 pouces). — Vent dominant du sud, fort. — Seine, hauteur moïenne 6m 4/10 entre les deux extrêmes 3m et 7m 8/10 comme en 1740. — Le froid a été de -24° en Suède et de -30° en Russie (thermomètre Réaumur). — Le 1er, terremote [2] violent à Strasbourg et en Dalmatie. — Inondations de la Garonne, la Gironde et le Ciron entre Bordeaux et Mont-de-Marsan. — Le 2, la 4e inondation du Rhône depuis le 10 novembre 1801 recommence ; elle est périodique tous les 6 ans. C’est la Saône qui a causé le plus cette dernière. A Paris la Seine déborde avec impétuosité dans la plaine de Choisi. — Le 4, terremote à Laybach, en Autriche. — Le 5, dégel. - Le 17, terremote à Caumont, près de Caen. — Le 18, dégel à midi par 2° — Le 30, dégel.
Février 1802. - Ce mois a été peu froid de 5 degrés moiens entre les 2 extrêmes -1° et 11°. — Pluie 37 lignes.— Glace journalière fondante 15 lignes. — Vent dominant du sud fort et pluvieux. — Seine, hauteur moienne 4m entre les 2 extrêmes 3m et 5m. — Inondations générales de l’Europe et tempêtes et terremotes, depuis la Russie et la Turkie pendant janvier, ont cessé leurs grands ravages, mais en laissant partout des restes des grandes eaux proportionnées à celles de la Seine dont l’élévation a été de 12 à 15 pieds. — Plus de 20 chenilles communes, à oreilles, à brosses, annulaires ou livrées, grosses comme tuiau de plume, ont résisté à -13° du froid du 16 janvier sur mes pruniers, poiriers, etc. Le 4, terremote à Idria en Carniole. — Le 7, réfraction de 2 soleils, 1 au nord, le 2e au sud, à 8 heures du matin, à Landshut, en Bavière. — Les 9 et 10, cousins et pucerons tombant en quantité sur la neige. — Le 12, hareng abonde à Gothembourg (Göteborg). — Le 25, tempête en Angleterre.
En résumé, comme on le voit, l’hiver de 1801-1802 n’a pas été bien rigoureux. Le mois de janvier seul a été froid avec minimum absolu de -13° le 16, mais il convient de remarquer que ce froid a été coupé par les trois dégels successifs des 5, 18 et 30 janvier.
G. de Rocquigny-Adansan. Parc de Baleine, 1er décembre 1901.