Frédéric Zürcher

Extrait de La Nature N°881 du 19 avril 1890.

Après une longue maladie, F. Zürcher, né à Mulhouse en 1816, a succombé à Toulon le 26 mars 1890. Entré à l’École polytechnique, après de brillantes études mathématiques, Zürcher sortit dans la marine. Il rencontra, sur l’escadre de la Méditerranée, un jeune aspirant qui venait de sortir de l’École navale, et qui se nommait Élie Margollé. Ces deux natures, franches, loyales, enthousiastes et pures, étaient faites pour se comprendre. Margollé avait une sœur que Zürcher épousa. Depuis lors, les deux amis n’eurent qu’une seule et même existence. — Zürcher fut nommé chevalier de la Légion d’honneur pendant la guerre de Crimée, au cours de laquelle il se distingua il bord du Labrador,

Ni dans la Revue germanique, ni dans le Magasin pittoresque, ni dans l’Annuaire scientifique de Dehérain, ni dans La Nature, Zürcher n’écrivait une ligne, qui ne fût pensée par Margollé ; ce que Margollé traçait était créé dans l’esprit de Zürcher. Ils ont écrit en collaboration sept ouvrages dans la Bibliothèque des merveilles, livres charmants, émus, respectant l’amour de la nature qu’ils étudiaient avec passion, et de la vérité que tous deux aimaient également. Un de ces derniers ouvrages est une bonne action en même temps qu’une œuvre excellente ; il se nomme l’Énergie morale.

En compagnie de son inséparable collaborateur Élie Margollé, Zürcher quitta la marine en 1858 pour se livrer aux occupations scientifiques qui l’attiraient. Tous ses anciens compagnons de navigation, tous ceux qui ont passé sous ses ordres ont encore le souvenir de son caractère toujours bon et serviable, de son aimable et affectueux enjouement, et lui sont restés fidèlement attachés. L’œuvre de F. Zürcher et de Élie Margollé, fut surtout un travail de vulgarisation, étendu à diverses branches des sciences physiques et naturelles, comme les glaciers, les volcans, le monde sous-marin, les tempêtes, etc. En même temps que ces importants travaux, ils entreprirent de faire connaître en France les recherches météorologiques si remarquables de Maury, l’illustre directeur de l’observatoire de Washington,et les ouvrages si pratiques de M. Robert Scott, secrétaire du Meteorological Office de Londres et de l’amiral Fitz-Roy. — L’activité de F. Zürcher ne se contentait pas des travaux qui rendaient nécessaire la préparation de ces ouvrages. Il remplissait à Toulon, depuis 1864, les fonctions de capitaine du port de commerce, et s’occupa avec activité, dans tous ses loisirs, de l’éducation de ses deux fils, qui suivirent les traces de leur père et entrèrent tous les deux à l’École polytechnique. L’aîné est ingénieur des ponts et chaussées, le second est capitaine d’artillerie. — Une œuvre d’un intérêt philanthropique de haute portée vint ajouter un digne complément aux actes de cet homme de bien, Après avoir rêvé, sur l’école sociétaire, des perfectionnements de l’éducation, il réussit à réaliser pratiquement une importante amélioration du sort des travailleurs. Toujours avec Margollé, il contribua à l’établissement à Toulon, de la Société des Fourneaux économiques dont il était le Président ; celle œuvre fonctionne d’une façon parfaite. Ces établissements ont reçu une médaille de bronze à la suite de l’Exposition d’économie sociale de 1889.

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