Les principaux éléments météorologiques de 1903 sont résumés dans le tableau suivant :
Nous allons en examiner successivement les parties essentielles et les anomalies :
Baromètre. - La moyenne barométrique des observations faites à midi au Parc-Saint-Maur, station météorologique du bassin de Paris, et dont l’altitude est de 49m,30,est 758,01mm (nous avions 758mm,03 en 1902). Elle surpasse la normale, 756mm,8, des mesures obtenues à l’observatoire de Paris de 1806 à 1870.
La moyenne mensuelle la plus faible est celle de décembre (753mm,12) ; la plus forte (76timm,65), a été observée eu février. Chose curieuse, c’est au contraire en février qu’on notait l’an dernier la moyenne la plus faible, 753mm,95.
La variation barométrique n’a donc été que de 40,3mm, (de 736,2mm à 776,5mm), extrêmement faible, sauf pour les neurasthéniques, affectés par les moindres variations.
Thermomètre. - Nous prenons comme températures normales les températures diurnes moyennes déduites de soixante années d’observations faites à l’Observatoire de Paris, de 1806 à 1870, données par l’Annuaire de l’Observatoire municipal de Montsouris pour l’an 1888, diminuées de 1°,2 : une première correction provient de ce que la température moyenne du Parc Saint-Maur, où l’on fait actuellement les observations, est inférieure de 0°,7 à celle de l’Observatoire de Paris ; une seconde correction de - 0°,5 résulte de ce que la température moyenne de 24 heures est inférieure de 0,7° à la demi-somme des températures maxima et minima, demi-somme que l’on prenait autrefois pour la température moyenne diurne.
La température moyenne, 10,38° , de l’année 1903 est supérieure de 0°,78 à la normale corrigée 9°,6.
Le mois le plus froid a été celui de décembre, dont la température moyenne 1,45° est inférieure de 1 ;04° à la normale 2°,5 de ce mois.
Trois autres mois ont été en quelque sorte trop froids : avril de 1,68°, juin de 0,88° et août de 0,35°. Fait bien digne de remarques : la température moyenne d’avril, 7,22°, bien inférieure à la normale (8°,9), est également inférieure à la moyenne de mars 7,90°, tandis que ce dernier mois a été au contraire beaucoup trop chaud (5°,2).
Sans cette inversion, la température moyenne a monté de janvier à juillet, mois où elle a passé par son maximum 17,68°, puis elle a diminué jusqu’à 1,45° en décembre, mois qui s’est trouvé le plus froid de l’année.
Les mois trop chauds sont par ordre d’écart décroissant : février 3,08°, mars 2,70°, janvier 2,37°, octobre 2,12°, novembre 1,26°, septembre 0,98°, mai 0,77°.
La température moyenne de juillet est pour ainsi dire normale, son écart n’étant que -0,02°.
La température la plus basse de l’année -9,5°, a été observée au Parc Saint-Maur le 31 décembre ; la plus élevée, 32,3°, a été lue le 28 juin.
Dans nos stations météorologiques françaises le minimum, -27°, a été noté au Pic du Midi le 14 janvier ; le maximum, 38°, a été enregistré aux îles Sanguinaires le 3 juillet.
En Europe et dans le bassin méditerranéen les nombres correspondants sont respectivement : -35° à Arkangel le 15 janvier et 46° à Biskra. le 23 juillet.
Nous trouvons donc .des variations de température considérables (32°,3 + 9°,5 = 41,8°) si nous considérons le minimum absolu, - 9°,5, lu le 31 décembre et le maximum absolu, 32°,3, observé le 28 juin. Elles sont considérablement atténuées si nous examinons au contraire la moyenne mensuelle la plus faible, 1,45°, en décembre, et la plus forte, 17,68°, en juillet (17°,68 - 1°,45= 16°,23).
Nous sommes bien loin des variations observées en Sibérie, à Verkoïansk, par exemple, localité qui semble être le pôle du froid, et dont les températures moyennes mensuelles varient de -50,46° à 15°,48 soit 65°,94. L’amplitude absolue de la température y varie de 100,5° : minimum - 67,8°, maximum 33,7°. A Iakoutsk, cette variation atteint même 103,2° : minimum -64,4° et maximum 38°,8.
Pluviomètre. - La quantité d’eau recueillie dans le pluviomètre du Parc Saint-Maur (pluie ou neige fondue) pendant l’année 1903 mesure 541mm,1, et a été obtenue en cent cinquante-neuf jours. Cet arrosage de 541mm,1 par mètre carré, soit 1 litre 48 environ par jour, est supérieur à la moyenne, 525mm, des années 1887 à 1900 inclusivement.
L’année 1903 a donc été légèrement humide. Nous sommes cependant bien loin des pluies diluviennes qui inondent le camp Jacob à la Guadeloupe : son pluviomètre a enregistré 5.304mm,9 en deux cent quatre-vingt dix-huit jours pendant l’année 1895 ; 914,8mm ont formé la précipitation du seul mois d’août.
On observe, au contraire une sécheresse excessive en Égypte, à Suez, où l’on n’a enregistré en 1895 que 21 mm,2 en treize jours.
A Libreville (Congo Français) on avait eu 0mm d’eau en juillet et au contraire 620,2mm en octobre, 404mm en novembre et 356mm en décembre.
Notre doux pays de France n’est donc ni sec ni humide, ni froid ni chaud : c’est bien le pays tempéré par excellence.
Quelques mois ont été fort secs, notamment ceux de février 8,7mm, décembre 21,1mm avril 28, 9mm , et juin 36,6mm.
C’est le mois d’octobre qui a fourni la plus grande quantité d’eau, 94,6mm en 24 jours, puis juillet 72,1mm en 14 jours, août 64,8mm en 16 jours et enfin janvier 56,4mm en 10 jours.
Les mois qui ont eu le plus petit nombre de jours pluvieux sont février et septembre, quine comptent que 9 jours de précipitation, puis janvier et décembre 10 jours, juin 11 jours, mars 12 jours.
En octobre, août et juillet les nombres des jours de pluie ont été 24, 16 et 14.
Voici les pluies diurnes les plus fortes observées en France, en Europe, aux Açores, en Algérie et en Tunisie, pendant l’année 1903 :
Mois | Dates | Stations francaises | Pluies |
---|---|---|---|
Janvier | 17 | Cette | 65mm |
Février | 8 | Boulogne | 67mm |
Mars | 17 | Lorient | 55mm |
Avril | 22 | Lyon | 57mm |
Mai | 12 | Lyon | 63mm |
Juin | 9 | Cap Ferret | 121mm |
18 | Mont Aigoual | 119mm | |
Juillet | 18 | Mont Aigoual | 73mm |
Âoût | 12 | Besançon | 75mm |
Septembre | 21 | Mont Aigoual | 73mm |
Octobre | 16 | Mont Aigoual | 98mm |
Novembre | 29 | Biarritz | 47mm |
Décembre | 17 | Cette | 91mm |
Mois | Dates | Stations étrangères | Pluies |
Janvier | 6 | Lisbonne | 53mm |
Février | 21 | Valentia | 62mm |
Mars | 16 | Rome | 37mm |
Avril | 23 | Francfort-sur-Mein | 60mm |
Mai | 1 | Moscou | 60mm |
31 | Pesaro | 60mm | |
Juin | 4 | Skudesnoes | 98mm |
Juillet | 10 | Cracovie | 78mm |
Août | 16 | Stockholm | 6Bmm |
Septembre | 6 | Bilbao | 84mm |
Octobre | 21 | Greenwich | 82mm |
Novembre | 30 | Alger | 70mm |
Décembre | 19 | Nemours | 76mm |
Le tableau précédent montre que deux seulement des pluies citées surpassent 100mm et ont été recueillies toutes les deux au mois de juin, le 9 et le 18, au cap Ferret et au Mont-Aigoual.
Cette dernière station vient quatre fois en tête des grandes chutes d’eau : on sait que sa situation météorologique exceptionnelle dans la chaîne des Cévennes lui donne une importance considérable, beaucoup plus que son altitude, 1554mm, moindre que celles des Monts Mounier et Ventoux et du Pic du Midi (2740mm, 1900mm et 2859mm).
En résumé les moyennes barométrique, thermométrique et pluviométrique sont supérieures à la normale, mais d’une quantité assez faible, qui ne permet pas de la placer ni comme froide, ni comme chaude, ni comme pluvieuse, ni comme humide ; c’est une année modeste qui ne fera pas parler d’elle.