Les principaux éléments météorologiques de 1897 sont résumés dans le tableau ci-après : nous allons en examiner successivement les parties essentielles et les anomalies.
Baromètre. - La moyenne barométrique des observations diurnes faites à une heure du soir au Parc Saint-Maur, qui est la station météorologique du bassin de Paris, et dont l’altitude est 49,30m, est 757,73mm.
Elle est donc sensiblement la même que la moyenne 757,79mm des années 1887 à 1894 inclusivement, obtenue pour le Parc Saint-Maur, mais supérieure à la moyenne 756,8mm des observations faites à Paris.
Les moyennes mensuelles les plus faibles sont celles le décembre (753,29mm) et de janvier (753,98mm). Les plus fortes sont celles de novembre (763,29mm) et de février 762,58mm). Celle de janvier 1896 était fort élevée (766,78mm) ; la comparaison des chiffres 753,98mm et 766,78mm obtenus en janvier 1897 et en janvier 1896 montre que l’on ne doit pas admettre d’une manière absolue cette assertion énoncée dans la 21e édition du Traite de Physique de Ganot, p. 1157 : « Les moyennes mensuelles ne sont pas constantes en un même lieu ; elles sont plus fortes en hiver qu’en été. Cela est une conséquence du refroidissement de l’atmosphère. »
La pression atmosphérique a été minima le 1e avril : elle s’est alors abaissée à 732,23mm ; c’est d’ailleurs pendant ce mois qu’on a recueilli la plus grande quantité d’eau 102,7mm. La hauteur atmosphérique maxima 774,54mm a été observée le 20 novembre : c’est pendant ce mois qu’on a noté la plus grande pression barométrique mensuelle 763,29mm. On remarquera une très faible . quantité d’eau 9,7mm en cinq jours, supérieure cependant à celle du mois d’octobre 4,mm6 en cinq jours avec une moyenne barométrique élevée 762,03mm.
Thermomètre. - Nous prenons comme températures normales les températures diurnes moyennes déduites de soixante années d’observations faites a l’Observatoire de Paris, de 1806 a 1870, données par l’Annuaire de l’Observatoire municipal de Montsouris pour l’an 1888, diminuées de 1,2° : une première diminution de 0,7° provient de ce que la température moyenne du Parc Saint-Maur, où l’on fait actuellement les observations, est inférieure de 0,7° à celle de l’Observatoire de Paris ; une seconde diminution de 0,5° résulte de ce que la température moyenne de vingt-quatre heures est inférieure de 0,5° environ à la demi-somme des températures maxima et minima d’un jour, demi-somme que l’on prenait autrefois à Paris pour la température moyenne diurne.
La température moyenne 10,56° de l’année 1897 est supérieure de 0,96° (presque un degré) à la normale 9,6°.
Le mois le plus froid est celui de janvier, dont la température 2,19° est cependant supérieure de O,99° à la normale 1,2° de cette période. Viennent ensuite ceux de décembre (2,5°) et de février (3,3°) : les trois mois les plus froids de l’année sont donc bien ici ceux d’hiver : décembre, janvier et février. Leurs moyennes sont cependant bien supérieures aux normales correspondantes, ce qui fait dire qu’il n’y a plus d’hiver.
Le mois le plus chaud a été celui de juillet, dont la température 18,50° est à peine supérieure à celle du mois de juin (18,28°).
Trois mois seulement ont été relativement trop froids (ou d’une température moyenne inférieure à la normale correspondante) ; Ce sont : mai, dont la température moyenne 12,17° est au-dessous de la normale correspondante 13,0° de 0,93°, ce que nous indiquons ainsi : (- 0,93°), septembre (- 0,71°), et octobre (- 0,31°).
Tous les autres ont été trop chauds ; nous citerons particulièrement : février (+3,66°), mars (+3,55°), et juin (+2,28°).
La température la plus basse (- 8,2°) a été observée au Parc Saint-Maur le 26 décembre.
La plus haute (31,7°) a été enregistrée le 24 juin ; on a aussi noté 30,8° en août. (C’est le plus souvent en juillet et en août que l’on observe le maximum ; on a noté cependant 35,5° le 7 septembre 1895.)
Dans nos stations météorologiques françaises, on a noté - 24° au pic du Midi le 25 janvier.
En Europe, le thermomètre s’est abaissé à -34° à Arkangel le 24 février, et à Haparanda le 25 décembre.
La température la plus élevée 38° de nos stations françaises a été notée à Gap le 29 juin, le 2, le 9 et le 10 juillet, à Perpignan le 19 juillet, aux Îles Sanguinaires le 10, le 11, le 12 et le 13 août.
La température la plus haute pour l’Europe, l’Algérie et la Tunisie s’est élevée à 45° à Laghouat le 12 juin, à la Calle le 2 juillet, à Biskra let.6 juillet et le 4 août.
Pluie. - La quantité d’eau recueillie dans le pluviomètre du Parc Saint-Maur pendant l’année 1897 mesure une hauteur de 610,2mm (soit 610,2 l d’eau par mètre carré), recueillie en 158 jours avec une moyenne de 1,67mm par jour. Quoique inférieur aux 664 millimètres recueillis en 1896, ce chiffre est bien supérieur à la moyenne, 523 millimètres des années 1887 à 1894. Les mois les plus humides sont : avril 102,7mm en.18 jours, mars 85,7mm en 19 jours, août 84,1mm en 18 jours. Les plus secs sont : octobre ; 4,6mm en 5 jours, novembre, 4,7mm en 5 jours également. Nous rappelons que la. pluie d’avril est considérable par rapport à la moyenne de ce mois qui est inférieure à 40 millimètres. Depuis 1689, date où commencent les observations pluviométriques précises, on n’a noté que deux fois un mois d’avril plus humide que celui de 1897 : en 1712, 115,3mm ; en 1751, 103,6mm. Les pluies des quatre premiers mois de l’année 1897 sont bien supérieures aux quantités d’eau moyennes des époques correspondantes : leur excès est de 137,1mm.
En revanche, les mois d’octobre et de novembre ont été beaucoup plus secs que d’ordinaire : nous ne trouvons que six années où le pluviomètre ait reçu moins d’eau en octobre : 1722, 0,0mm ; 1731, 4,5mm ; 1752, 0,0mm ; 1776, 0,4mm ; 1780, 0,8mm ; 1809, 1,8mm. (On se rappelle que le mois d’octobre 1896 a donné 158,7mm d’eau après les 118,8mm du mois de septembre.)
Le mois de novembre a été moins pluvieux en 1691, 6,8mm ; 1709, 3,4mm ; 1714, 0,9mm ; 1725, 7,2mm ; 1735, 6,0mm ; 1752, 1,5mm ; 1788, 5,6mm ; 1796, 7,2mm ; c’est donc la première fois de ce siècle qu’on note en novembre une pluie aussi faible.
Voici les pluies diurnes maxima observées en France, en Europe, en Algérie et en Tunisie pendant les différents mois de l’année :
Mois | Dates | Localités | Pluie | Dates | Localités | Pluie |
mm | mm | |||||
Janvier | 26 | Le Grognon | 89 | 13 | Cagliari | 43 |
Février | 15 | Gap | 75 | 3 | Lemberg | 91 |
Mars | 12 | Pic du Midi | 88 | 21 | Turin | 50 |
Avril | 27 | Nantes | 92 | 21 | Odessa | 100 |
Mai | 22 | Besançon | 60 | 19 | Brindisi | 82 |
Juin | 5 | Servance | 55 | 15 | Haparanda | 60 |
Juillet | 3 | Pic du Midi | 78 | 29 | Vienne | .83 |
Août | 8 | Servance | 86 | 16 | Oxo | 97 |
Septembre | 6 | Servance | 94 | 19 | Bodo | 90 |
Octobre | 1 | Pic du Midi | 19 | 13 | Livourne | 67 |
Novembre | 13 | Cap Béarn | 210 | 26 | San Fernando | 64 |
Décembre | 27 | S’-Mathieu | 61 | 21 | Uleaborg | 60 |
Les 210 millimètres d’eau recueillie au cap Béarn le 13 novembre sont une chute d’eau tout à fait exceptionnelle. Nous ferons encore remarquer les 100 millimètres tombés à Odessa le 24 avril.
D’autre part, les stations de Servance et du pic du Midi, situées à des altitudes élevées (1216m et 2859m), : figurent trois fois parmi les maxima.
En résumé, la température et la pluie ont été supérieures aux normales correspondantes, mais les principales caractéristiques de cette année sont les pluies d’avril et la sécheresse d’octobre et de novembre.