Hysope

A. Truelle - Supplément à La Nature N° 2684 - 12 septembre 1925
Dimanche 15 février 2009 — Dernier ajout samedi 24 décembre 2022

L’Hysope officinale (Hyssopus officinalis. L.) Labiées, tire son nom du grec Hussopos. C’est une des plantes les plus anciennement connues, aux origines biblique et sacrée. La Bible l’oppose au cèdre du Liban et l’Eglise en fait le véhicule de son eau lustrale : « Asperges me, Domine, hyssopo, et mundabor…. »

Habitat. — Bien qu’on la rencontre dans plusieurs régions de la France, son véritable habitat chez nous est la région méditerranéenne, notamment dans les Alpes-Maritimes et le Var, et d’ailleurs partout où croissent la lavande, le romarin et le thym, sur les coteaux dénudés et pierreux exposés au midi. Elle est très répandue dans les pays qui bordent la Méditerranée.

Description sommaire. — Plante à tiges un peu ligneuses à la base, formant une touffe atteignant 40 à 50 cm de hauteur. Feuilles opposées, oblongues, glanduleuses, caduques, tombant aux premiers froids. Fleurs sessiles (floraison de juillet à septembre) disposées en un épi terminal, placées toutes du même côté de l’axe ; corolle bleue, quelquefois rose. Fruit consistant en quatre achaines. Racine grosse, rameuse, revêtue d’un abondant chevelu. L’odeur de la plante est aromatique et camphrée, ce qui la fait rechercher par les abeilles, mais éviter par les troupeaux.

Culture. — L’hysope aime les terres légères, sèches et calcaires, bien ensoleillées, elle ne demande pas d’humidité. On la cultive depuis longtemps dans les jardins comme plante médicinale et comme plante d’agrément.

Multiplication. — 1° Par semis ; 2° par éclats de souches ; 3° par touffes entières.

1° Par semis. — Les graines sont noires, rugueuses, très petites et conservent trois ans leur faculté germinative. Le semis se fait sous châssis ou en pleine terre bien fumée et nivelée. On y procède sous châssis en février ou au début de mars ; la levée a lieu en l’espace de 3 semaines, tandis qu’en pleine terre elle demande I mois à 5 semaines environ (A. G. et J. D.).

En pleine terre, on sème à la volée en juillet dans les environs de Paris, fin mars-avril dans le Midi, sur des planches d’environ 1 m. 30 de largeur, après avoir eu soin de mélanger les graines avec du sable pour en obtenir une distribution plus uniforme. On peut aussi répartir ce mélange dans des lignes espacées dé 0m.30. On plombe légèrement et l’on arrose.

D’après MM. Rolet et Bouret, si l’on couvre le sol d’un léger paillis (poussier de blé, aiguilles de pin, crottin de cheval) qui empêche la formation d’une croûte à la surface, la levée peut, dans ces conditions, atteindre 95 pour Io°.

De l’avis des gens compétents, notamment de M. Lamothe, spécialisé dans cette culture, il faut préférer le semis, bien qu’il entraîne un retard de 3 mois sur la plantation des touffes, mais l’on a ainsi de jeunes sujets sains et vigoureux.

2° Par éclats de souches ou 3° par souches entières. — On les plante dans un sol bien fumé en laissant un intervalle de 0m.50 entre les lignes et de 0m.30 entre les pieds. On adopte aussi 0m.35 à 0m.4o au carré. Le repiquage a lieu en octobre ou au printemps et même en été suivant les régions. On y apporte les soins culturaux habituels avec un minimum de trois binages. Au printemps, il est utile d’enterrer un peu de fumier bien décomposé, 2 kg 500, à l’are, de nitrate de soude en deux fois (avril et juin) et 5 kg de superphosphate. La durée de la plantation est de 4 ans dans les environs de Paris.

Récolte et rendement. — Les dates varient selon les régions, mais d’une façon générale, c’est au moment de la pleine floraison, de juillet à août. Dans le Jardin familial, on peut couper au sécateur les sommités fleuries, tandis que sur les champs on emploie la faucille ou la serpe.

Selon MM. Goris et Demilly une bonne plantation permet de faire, dès la seconde année, deux coupes par an, la première en juin, la seconde en septembre. L’hectare peut fournir environ 2500 kg et la deuxième cueillette presque autant, ce qui est un rendement appréciable, mais, d’après M. Lamothe, un terrain ordinaire ne produit que 1800 kg. On estime qu’une plante cultivée en bon sol fournit jusqu’à 450gr.de ramilles.

Séchage et rendement.— Si l’on récolte la plante entière ou les sommités fleuries, on en forme des bouquets que l’on suspend en guirlandes, si l’on ne cueille que les feuilles, on les étale sur des claies, mais, dans les deux cas on les fait sécher à l’ombre aussi rapidement que possible pour conserver l’arome et la couleur verte de la plante. On emploie aussi des séchoirs à l’air libre quand on dispose de grandes quantités.

Le rendement est variable : 100 kg de sommités fleuries laissent 23, 25 et même 30 kg de sommités sèches.

Composition chimique. — L’hysope contient : huile essentielle, soufre, hysopine. La plante des pays chauds donne par la distillation du camphre analogue à celui des Laurinées. L’huile essentielle est liquide, d’une saveur brûlante, jaunâtre et se résinifiant au contact de l’air. L’hysopine est une substance neutre soluble dans l’eau, l’alcool et l’éther (D’ A. Héraud)

L’huile essentielle est très fluide, ambrée ou incolore et rappelle par son odeur celle de l’essence de tanaisie ; l’hysope en renferme o,4 pour Io°. Les recherches de Cadéac et de Meunier ont montré qu’elle constitue une substance très active exerçant sur le bulbe des effets épileptogènes ; contiendrait deux fois plus de ces principes que l’essence d’absinthe.

Propriétés thérapeutiques. — L’hysope est une des plantes les plus anciennement employées. Hippocrate la prescrivait dans la pleurésie. L’Ecole de Salerne la vantait dans des termes que Meaux Saint-Marc a traduits de la façon suivante :

L’hysope du poumon purge le phlegme humide ; D’hysope cuit au miel le poumon est avide ; Lorsqu’une toux chronique allume sa chaleur, L’hysope du visage embellit la couleur.

On lui accorde beaucoup de propriétés : excitante, stimulante, béchique, expectorante, stomachique, carminative, sudorifique, vulnéraire, vermifuge, antiseptique, aromatique, emménagogue. Aujourd’hui, elle est surtout classée parmi les plantes béchiques et, à ce titre, elle est conseillée principalement contre les rhumes, la toux et les refroidissements. Préparations pharmaceutiques. — La préparation la plus employée est la tisane que le Codex de 19o8 prescrit de faire avec 5 gr. de sommités fleuries par litre et une infusion d’une demi-heure. Eau distillée 50 à z00 gr. ; sirop 30 à 60gr.Le thérapeute, Dr Henri Leclerc, dans son Précis de Phytothérapie aussi savant qu’intéressant, conseille les préparations suivantes : Infusion à 2 pour 1 00 (2 à 3 tasses par jour) ; l’alcoolature (X à XXX gouttes) dans un verre, ou le sirop suivant :

Sommités fleuries d’hysope . . 100 grammes.

Eau bouillante 1000 grammes

Sucre1600 grammes

Prendre 100 gr. par jour. On peut le préparer comme suit. Verser l’eau bouillante sur les sommités, laisser infuser 6 heures dans un récipient couvert, passer avec expression, filtrer et faire avec le sucre un sirop par solution au bain-marie.

En dehors de la thérapeutique, l’hysope entre dans la liquoristerie industrielle : Absinthe, Chartreuse, Eau de mélisse des Carmes, Eau-de-vie de Dantzig, Esprit d’hysope, Vulnéraire. Enfin les feuilles ainsi que les sommités fleuries sont employées comme condiment dans la cuisine, surtout dans les pays du Nord.

Observations commerciales. — Etant donnée la grande consommation de l’hysope en herboristerie, la Feuille d’information du Ministère de l’Agriculture l’a recommandée, dans ses numéros du i 1 juillet et 17 novembre 1916, au nombre des plantes qui méritent d’être cultivées en première ligne. Pour cette raison, il y a lieu de lui réserver une assez grande place dans le Jardin familial, à moins qu’on ne la fasse entrer également dans le jardin fleuriste, car elle possède aussi certaines qualités ornementales.

En France, les prix de gros pratiqués pour l’herboristerie ont varié, d’après certains auteurs, entre 20 à 30 francs les z00 kg pour les sommités fleuries en bouquets et entre 60 à 70 francs pour les feuilles mondées.

Dans le Midi, la plante en bouquets a été cotée z fr. 50 à 2 francs, les feuilles et fleurs mondées 3 à 4 francs le kilo. L’an dernier (1924), l’herboristerie de Lyon a payé l’hysope mondée entre 2 f r. 50 à 3 francs le kilo.

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