Appelée aussi souvent Cresson de fontaine que Cresson officinal (Nasturtium officinale R. Br.(, cette crucifère a encore pour synonymes Cresson d’eau, Cresson aquatique, Santé du corps.
Habitat. — Il croît spontanément dans les eaux courantes de toute l’Europe et il est très répandu chez nous. Description sommaire. — Plante vivace, aquatique, d’un vert luisant, à tige couchée, rameuse, radicante. Feuilles alternes, épaisses, pennatiséquées, à pétiole auriculé, embrassant. Fleurs (juin à septembre) blanches, en grappes terminales ou oppositifoliées. Fruit (silique) bosselé, étalé ou réfléchi, plus long que le pédicelle. Graines fines, brunes, arrondies. (i gr. en contient environ 4000 et le litre pèse 580 gr. Leur durée germinative est de 5 années. De Vilmorin).
Culture. — Etant donnée la grande consommation que l’on fait partout du cresson, il est cultivé aux environs des grandes villes, mais plus spécialement dans la grande banlieue parisienne et dans quelques localités de Picardie. La culture en a produit, d’ailleurs, plusieurs variétés qu’on trouve dans la plupart des jardins-maraîchers.
Multiplication. — Elle se fait de deux façons : par semis ou par boutures enracinées Il importe, dans les deux cas, pour obtenir une production abondante et régulière, que l’eau soit fraîche, vive et courante, et de plus un emplacement approprié nommé cressonnière. Je ne puis m’étendre ici sur l’établissement de ces cultures qui demandent beaucoup de soins pour constituer un bon rapport, mais l’on trouvera tous les renseignements désirables dans le Dictionnaire d’horticulture et de jardinage, de Nicholson, et dans Culture des plantes médicinales, par A. Rolet et D. Bouret. Au point de vue historique, l’Histoire des légumes, de mon érudit ami, M. Gibault, renferme des documents d’un puissant intérêt. Dans le Jardin familial, il est indiqué de cultiver le cresson de fontaine amélioré à larges feuilles qui est très en faveur sur le marché de Paris. On lui réservera la partie la plus humide et ombragée qu’on arrosera tous les jours, ou bien des baquets à moitié remplis de terre et recouverts d’eau qu’on renouvellera de temps en temps pour l’empêcher de se corrompre. (D’après le Dr Héraud, l’eau ferrugineuse est très favorable au cresson.) Si la propriété renferme ruisseau ou fossé, il va de soi qu’on l’utilisera dans ce but. Entre les deux genres de multiplication, les boutures racinées sont à préférer ; on effectue leur plantation en mars ou plus souvent en aoùt, en en mettant 3 ou 4 par trou en lignes espacées de 8 à 10 cm. Les principaux soins consistent à éviter l’envahissement par les plantes aquatiques, notamment la lentille d’eau et les attaques des altises, qui percent les feuilles et les tiges en submergeant temporairement les plantes.
Récolte. — Elle a lieu, généralement, quand le cresson atteint 16 à 20 cm de long, mais surtout de mai à septembre quand il est destiné à la pharmacie ; on attend qu’il soit en fleurs, parce qu’il est alors plus actif. Pour l’herboristerie, le séchage des feuilles doit être rapide, dans un local aéré, mais non au soleil. Il leur fait perdre leurs propriétés.
Composition chimique. — Le cresson contient une huile essentielle sulfo-azotée, un extrait amer, de l’iode, du fer, des phosphates (et une huile brune constituée par du sénevol. Schmidt).
Propriétés thérapeutiques. — Les Anciens connaissaient l’action stimulante du cresson et le vantaient dans le traitement du scorbut, de la phtisie et des catarrhes chroniques des bronches. Il en est encore de même aujourd’hui, mais l’on y ajoute des propriétés apéritives, diurétiques, rafraîchissantes, toniques, etc.
Préparations pharmaceutiques. — A l’intérieur, on n’emploie guère que le suc à la dose de 6o à 150 gr., car la cuisson lui fait perdre ses propriétés. 11 entre dans la préparation du sirop antiscorbutique et du jus d’herbes. A l’extérieur, on en fait des cataplasmes contre les ulcères scorbutiques et scrofuleux. Toutefois, son plus grand emploi est comme condiment, soit associé aux viandes rôties, soit seul en salade, car il est d’une digestion facile. C’est un aliment hygiénique très populaire sous le nom pittoresque de « Santé du corps ».
Observations commerciales. — Le commerce du cresson à l’état frais a une très grande importance et, étant donnée la consommation ménagère qui en est faite dans toutes les classes de la société, il doit se chiffrer annuellement par plusieurs millions de francs. Il en est tout autrement de la vente à l’état sec, car elle est tout au plus moyenne. L’herboristerie a payé la plante sèche et mondée, c’est-à-dire sans racines, 1 fr. 20 à 1 fr. 80 le kilogramme.