La température de 39,8° obtenue le vendredi 27 juillet 1900, à Châteaudun, sous l’abri Renou, à double toit, et de 38,7° lue au même moment, au thermomètre fronde, à l’air libre et à l’ombre, est sans contredit la plus haute qu’on ait jamais constatée authentiquement dans la région de Paris ; cela constitue donc un fait météorologique extraordinaire, sans précédent.
Dès dix heures du matin, une température d’un peu plus de 35° indiquait bien un maximum très élevé pour l’après-midi ; cette exceptionnelle hauteur du thermomètre a été observée directement un peu avant 2 heures, soit exactement à 1h50’.
Le vent du N.-E., modéré le matin, a passé au S.-E., dès 9 heures et est devenu assez fort du S. dans la journée, il vous brûlait le visage et, comme on dit vulgairement, on l’aurait pu croire sortant de la gueule d’un four.
Les nuages qui se voyaient isolément et au loin dans la matinée ont occupé la moitié du ciel dès 2 heures ; c’étaient des cumulus venant les uns S., les autres S.-O. ; les cirrus, eux, venaient de l’O. A 2 heures et demie, le ciel était très orageux, surtout au N.-.E., au N. et au S.-O., et le tonnerre ne tardait pas à gronder au lointain.
A 3 heures, la foudre alluma un incendie à Genarville, commune de Bouville (à 22 kilomètres à vol d’oiseau au N. de Châteaudun), lequel prit immédiatement des proportions effrayantes, car en moins d’une demi-heure, il dévora presque en entier cet important village qui se composait d’une trentaine de ménages ; on évalue les dégâts causés par cet épouvantable sinistre à un peu plus de 300 000 francs approximativement.
Vers 4 heures, alors que tous les nuages orageux étaient accumulés dans le N. et l’E, ; le vent passa à l’O.-N.-O., et la température commença à redescendre.
Un peu avant 6 heures du soir, un nouvel orage apparut au S., il passa plus près de nous, et il disparut dans l’E. ; il a d’abord été accompagné de violents coups de vent, lequel avait passé brusquement de l’O.-N.-O. à l’E.-S,-E., et de véritables nuages de poussière s’élevèrent, il tomba de très grosses gouttes de pluie ; à 6 heures et demie, il y eut une légère averse qui vint à peine humecter la poussière.
A cette même heure, la température était tombée à24,2° sous l’abri ; elle s’était donc abaissée de près de 16° en quelques heures.
Le soir, le ciel s’éclaircit ; mais au loin, à l’horizon, depuis le S.-O. jusque vers le N., il était nuageux et il éclairait fortement vers 10 heures ; on entendait même le tonnerre gronder dans le lointain, à l’O.
Le baromètre a baissé de quelques millimètres au-dessous de sa hauteur moyenne ; à 9 heures du soir, il marquait 759mm.
La température moyenne de cette mémorable journée a été de 30°, chiffre probablement inconnu jusqu’ici ; la plus forte moyenne journalière observée avait été, pour Châteaudun, celle dé la journée du 5 août ’1899 et avait atteint 29,30°.
Dates. | Températures minima. | Températures maxima | Températures moyennes |
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Mardi 10 | 10°,9 | 40°,4 | 20°,65 |
Mercredi 11 | 12°,9 | 32°,5 | 22°,70 |
Jeudi 12 | 14°,5 | 32°,3 | 23°,40 |
Vendredi 13 | 15°,9 | 28°,3 | 22°,10 |
Samedi 14 | 15°,4 | 29°,7 | 22°,55 |
Dimanche 15 | 15°,8 | 34°,4 | 25°10 |
Lundi 16 | 19° 9 | 36°,8 | 28°35 |
Mardi 17 | 19°9 | 33°,9 | 26°,90 |
Mercredi 18 | 16°,9 | 35°,4 | 26°,15 |
Jeudi 19 | 18°,4 | 37°,7 | 28°,05 |
Vendredi 20 | 19°,8 | 35°,3 | 27°55 |
Samedi 21 | 18°.7 | 33°,9 | 26°,30 |
Dimanche 22 | 17°,6 | 32°,7 | 25°15 |
Lundi 23 | 15°.6 | 31°.9 | 23°75 |
Mardi 24 | 17° 5 | 35°7 | 25°,60 |
Mercredi 25 | 17°,8 | 36°,8 | 27°,30 |
Jeudi 26 | 19°,5 | 37°0 | 28°,25 |
Vendredi 27 | 20°,2 | 39°,8 | 30°,00 |
Samedi 28 | 19°,2 | 30°,1 | 24°,65 |
Moyenne de ces 19 jours | 17°,17 | 33°,82 | 25°,50 |
Il y a eu 14 jours consécutifs de maximas au-dessus de 30° (du 15 au 28). |
En réalité, depuis cent ans, les plus grands maximas, authentiques de température, relevés dans la région parisienne, ont été les suivants : le 9 juillet 1874, à l’observatoire de Montsouris : 38,4° ; le 19 juillet 1881, à l’observatoire du parc de Saint-Maur :38,4° ; le 20 juillet 1900, à l’observatoire de Montsouris : 38,6°.
A Poitiers, le 24 juillet 1870, on a constaté avec le thermomètre fronde jusqu’à 41,2°.
E. Roger Directeur de la station météorologique de Châteaudun.