Le prix de revient.
Le moteur solaire de M. Schuman, que nous avons décrit dernièrement [1], présente un intérêt particulier, en ce sens que son inventeur n’a perdu de vue à aucun moment la question du prix de revient de la force qu’il désirait capter, et qne l’installation qu’il a établie a été construite, sur des bases d’autant plus pratiques qu’elle est d’ores et déjà destinée à fonctionner en Égypte. Voici d’ailleurs les considérations économiques au moyen desquelles M. Schuman justifie l’avenir de son invention : Supposant une installation de 100 chevaux dans une région tropicale, la dépense de premier établissement sera de 100 000 francs pour une marche de 350 jours par an. La dépense annuelle (intérêt, amortissement, salaires, etc.), sera de 20 000 fr. environ pour le chauffage au soleil. Les mêmes dépenses pour une machine à vapeur, chauffée au charbon seraient de 50 000 fr. pour l’installation et de 15 000 fr, pour l’intérêt, l’amortissement, les salaires, etc., sans le charbon, mais celui-ci représentant 525 tonnes par an, toute la question est de savoir si les 5 000 fr , d’écart entre les deux types d’installation représentent le prix du charbon à acheter pour marcher à la vapeur ; or, 525 tonnes pour 5 000 fr. représenteraient du charbon à 9fr.50 la tonne. Le prix du charbon est en général beaucoup plus élevé que cela dans les régions où le moteur Schuman serait susceptible d’emploi (de 20 à 50 fr. en général), d’autre part, le combustible « Soleil » est tout rendu, le combustible « Charbon » est souvent grevé de prix de transport fort lourds de la côte au lieu d’utilisation. En tenant compte, même largement, de l’optimisme de l’auteur, il semble donc qu’il puisse y avoir pour le moteur solaire un avenir intéressant. On ne saurait que se réjouir de voir triompher ainsi, aux pays du Soleil, des moteurs sans fumées. D’autant plus que, transformant la chaleur solaire en travail, les moteurs solaires pourraient bien accessoirement rafraîchir un peu les tropiques : ce dont nul en somme ne se plaindrait.