Utilisation de la chaleur solaire : Imprimerie solaire

Gaston Tissandier, La Nature N°482 — 26 aout 1882
Lundi 19 décembre 2011 — Dernier ajout jeudi 19 juillet 2018

Nos lecteurs connaissent déjà les curieux générateurs solaires de M. Mouchot [1] et les remarquables expériences qui ont été exécutées par cet ingénieux physicien dans le but de mettre à profit cet immense réservoir de chaleur et de force motrice : le soleil. M. Abel Pifre, ingénieur, a récemment repris les travaux de M. Mouchot, et il a construit sur les mêmes principes que ceux dont son prédécesseur avait fait la base de ses appareils, un insolateur qui recueillant la chaleur des rayons solaires au foyer d’un miroir, la transforme en mouvement mécanique.

Lors de la fête de l’Union française de la jeunesse, organisée le dimanche 6 août dans le Jardin des Tuileries, à Paris, on a pu voir les derniers perfectionnements des générateurs solaires, de M. Pifre consacrés par une remarquable expérience.

Un insolateur mesurant 3,50m de diamètre à l’ouverture du réflecteur, avait été dressé dans le jardin, près du grand bassin, au bas de la rampe du Jeu de Paume. La vapeur obtenue dans la chaudière que porte le réflecteur en son foyer, était utilisée par un petit moteur vertical d’une force de 30 kilogrammètres [2], lequel actionnait une presse Marinoni.

Quoique le soleil ne fût pas très ardent et que la radiation fût gênée par des nuages fréquents, la presse a pu fonctionner avec régularité entre une heure de l’après-midi et cinq heures trente minutes, en donnant un tirage moyen de cinq cents exemplaires à l’heure, d’un journal spécialement composé pour la circonstance : Soleil-Journal.

Ce n’est point une révolution dans l’art de l’imprimerie ; mais le résultat est suffisant pour qu’on puisse juger des services que pourront rendre les insolateurs sous des latitudes soumises à une radiation à la fois plus vive et plus constante.

Nous n’avons pas voulu laisser passer cette belle expérience sans en conserver le souvenir. Notre gravure en représente fidèlement les dispositions : l’insolateur de M.Abel Pifre est représenté au milieu du dessin, avec son grand miroir parabolique ; la machine que ce générateur actionne est figurée à côté, tandis que sur le premier plan, à droite, on voit la presse Marinoni opérer le tirage du journal. Il nous paraît évident que dans les pays chauds, l’héliodynamique doit trouver parfois un utile et économique emploi,

Gaston Tissandier

[21 kilogrammètre = 9.80665 joule

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