L’idée d’annoncer les heures par un bruit particulier a précédé de beaucoup celle des horloges à roues. Les auteurs anciens parlent de clepsydres auxquelles étaient adaptées des flûtes et des trompettes. Eginhard décrit la fameuse machine envoyée à Charlemagne par le calife des Abassides, Haroun-al-Raschid ; le cadran comprenait douze petites portes ; chacune s’ouvrait à son heure et livrait passage à des billes de métal, en nombre variable avec l’heure, qui tombaient sur un tambour de bronze.
L’idée de produire du bruit à une heure déterminée d’avance dans le but d’éveiller un dormeur, par exemple, est presque aussi ancienne et les horlogers y ont songé dès l’origine.
Les horloges portatives à sonnerie et à réveil existaient déjà sous Charles VII.
L’organe sonore employé était le plus souvent le timbre ordinaire en métal de cloche et il en est encore de même aujourd’hui. Mais la force motrice de certaines horloges actionnait un carillon concurremment à la simple sonnerie des heures. Au XVIe siècle, les horloges d’appartement munies d’un carillon étaient fort nombreuses ; les cloches étaient en général visibles dans un petit campanile, les marteaux venaient frapper des timbres de verre parfaitement accordés. Les pendules d’applique sous Louis XIV et Louis XV en comportaient ; sous Louis XVI les pendules de cheminée en avaient aussi et, dans quelques-unes, on en a tiré de gracieuses dispositions décoratives.
Plus tard on fit, indépendamment des carillons, d’autres sonneries curieuses. Les unes étaient à peigne d’acier comme dans les boîtes à musique ; certaines consistaient en jeux d’orgue ou harmonie - flûtes dont le mécanisme était analogue à celui des grandes orgues d’église. Les tympanons, appliqués seulement aux horloges de grandes dimensions, sont des instruments à cordes comme des pianos dont les touches sont actionnées par des cylindres piqués. Le coq et le coucou qui battent des ailes, ouvrent le bec et chantent sont assez connus pour que nous nous dispensions d’en parler plus longuement.
L’électricité fournit aujourd’hui des procédés très simples pour transformer une pendule ordinaire en un réveille-matin, à condition qu’on possède dans l’appartement une sonnerie électrique. L’un des fils conducteurs de cette dernière est relié à une pièce métallique quelconque de la pendule tandis que l’autre est relié à un petit support formé d’une tige verticale sur laquelle peut glisser un crochet horizontal. On place ce dernier contre le cadran de la pendule et devant une heure déterminée de manière que la grande aiguille puisse passer librement au-dessus du crochet tandis qu’il se trouve sur le passage de la petite. Quand cette dernière arrive à l’heure devant laquelle on a placé le crochet, elle rencontre celui-ci, établit le contact et fait marcher la sonnerie. Le dormeur s’éveille et vient enlever le petit appareil qui pourrait gêner la marche de la pendule.
La méthode suivante, très curieuse, permet de résoudre le problème suivant. Comment n’ayant qu’une seule pendule à sonnerie, faire sonner l’heure dans toute une maison ? La solution en est simple, à la condition que la maison soit pourvue de sonneries électriques. On fait communiquer l’un des fils de la sonnerie, par un fil dérivé, aux pièces métalliques du mouvement de la pendule ; l’autre fil passant un peu au-dessus du marteau. Quand celui-ci se relèvera pour frapper le timbre, il touchera le fil, le circuit sera fermé, le courant passera et ira exciter les timbres placés dans le même circuit ; ils tinteront autant de fois que le marteau s’élèvera pour retomber sur le timbre de la pendule.
Utiliser une pendule comme réveille-matin est relativement facile, car elle peut contenir un timbre de grande taille et par suite très bruyant, mais la difficulté est autrement grande pour une montre, la place étant plus mesurée. On y arrive à l’aide de différents artifices.
La montre d’Anne de Danemark, qui vivait à la fin du XVIe siècle, formait le chaton d’une bague dont le mouvement sonnait l’heure, non pas sur un timbre, mais sur le doigt que le marteau frappait légèrement.
Un agent de bruit employé il y a quelques années, mais dont le succès fut mince, consistait en une batterie assez semblable à celle d’un fusil qui, au moment fixé, produisait la détonation d’une capsule de fulminate ; procédé peu recommandable pour les gens nerveux.
La montre cri-cri ou cigale résout mieux le problème.
L’agent bruyant est une plaque d’acier qui vibre au moyen d’un doigt également en acier, rivé perpendiculairement à la surface de la plaque. Plus l’on serre la plaque plus le son devient aigu et clair, il rappelle tout à fait le chant strident de la cigale. Enfin il faut citer en terminant le dernier cri du jour, la montre phonographe, qui vous crie aux oreilles : « Paresseux lève-toi, il est l’heure ! »