Le roi Arthur ayant résolu, dit Geoffroy de Montmouth, de faire la guerre aux Romains, donne rendez-vous à ses alliés au port de Barfleur, aux calendes d’août, pour marcher avec eux contre les Romains qui se trouvaient sur les frontières de Savoie. Ce projet fut exécuté, et les alliés vinrent aborder à Barfleur (Geoffroi de Montmouth, liv. IX. Londres, 1844, in-8°). C’est de Barfleur que cet auteur fait partir son héros pour aller combattre le géant de Tombelaine.
Richard, par la grâce de Dieu, roi d’Angleterre et duc de Normandie, à tous ses vicomtes, baillis et autres justiciers et sujets d’Angleterre et de Normandie, des ports de Barfleur, etc., salut, faisons défense aux hommes et moines du grand monastère de rien payer, pour choses et animaux, aux péages, si ce n’est une somme de dix livres pour droit forain. Donné le 4 décembre, à Cantorbery, en présence de Guillaume Maréchal. (L’original de cette charte est aux archives d’Indre-et-Loire, fonds de Marmoutier). Le Roman de Rou donne des détails sur le naufrage de la Blanche-Nef à Barfleur, et parle du passage par ce bourg du roi Guillaume-le-Roux vers 1099. (Tom. 2, p. 348 et 331).
En examinant ce que Robert Wace dit (Roman de Rou, f° 20) du port d’Abilant, il semble que sa description s’applique spécialement à Barfleur, Dont les pirates auraient peut-être changé le nom : « Abillant sict sur Faireport » Dreist trait su li chastel » E la cuntrée mult planière » De bel bois de bile rivière » Cil Ki primez l’adifia » Mult fu e saige e cortelz. »
Dans les vers suivants, Wace semble décrire la côte après Barfleur :
« Visaire aluma l’abeie » Meliant prist si desroba » Et la Tolette et Saint Andreu. » « Ki a cel temps est moult haut leu »
Ce haut lieu pourrait être la Pernelle, où plusieurs chapelles de ses environs ont existé sous la vocable de saint André. Quant à la Tolette et au Meliant ce sont des noms qu’il est difficile de traduire en 1875.
Jean-sans-Terre séjourna à Barfleur du 5 au 10 février 1200, et du 15 au 17 septembre de la même année. Il vint à Cherbourg le 14 décembre 1202, et s’y embarqua le lendemain pour l’Angleterre, où il arriva le 16. (V.Matt. Paris, Historia major Angliœ, Lond., 1640, in-f°).
En 1346, les Anglais détruisirent le port et la ville de Barfleur. Le chapelain d’Edouard III, qui était témoin de ce fait, évalue l’importance de Barfleur à celle de Sandwich. Un titre contemporain dit qu’il y avait alors 1800 maisons.
L’église de Barfleur fut donnée à l’abbaye de Cherbourg par Henri II, roi d’Angleterre. Il existe une charte de ce souverain, nouveau duc de Normandie et non encore roi d’Angleterre, par laquelle ce prince concède à Ranulf II, comte de Chester, fils de Ranulf I, cousin-germain et héritier de Richard, mort au naufrage de la Blanche-Nef, tous les héritages que celui-ci avait en Normandie et en Angleterre, et en particulier les châteaux de Vire et de Barfleur. (Mém. sur le château de Vire, par M. Dubourg, p. 37.) Les abbés de Cherbourg étaient anciennement patrons de Barfleur, mais l’évêque Geoffroy de Montbray leur acheta ce privilège. (Billy, f° 87 et 206).
Je donne, dit le duc Guillaume, à l’abbaye de St-Étienne de Caen deux charruées de terre à Barfleur (Charte de Guillaume-le-Conquérant rapp. dans Gall. Christ., XI, col. 67).
Bien longtemps avant la fondation du couvent de St-Augustin à Barfleur, il y avait en ce bourg un Hôtel-Dieu. On en trouve la preuve dans une charte de Richard Foliot, fils de Sanson, chevalier, confirmant la donation faite à la maison-Dieu de Barfleur par son frère Guillaume Foliot, de ce qu’il possédait dans la commune de Ste-Marie du Vicel, en l’année 1225. (Archives de Ste-Marie).
Le clocher de Barfleur, qui était autrefois au milieu du bourg et qui est maintenant sur le rivage, prouve, par sa position actuelle, combien les envahissements de la mer ont été considérables. Il y avait autrefois à Barfleur un prieuré dont la porte principale présentait cette inscription Philippe-le-Bel, 4e du nom, roi de France et de Navarre, fonda ce monastère en 1286. (Billy, Hist. eccl., p. 314).
Il existe à la bibliothèque de la ville d’Anvers un pamphlet en hollandais, imprimé à Amsterdam chez Pierre Schenock en 1692, qui donne des détails peu connus sur le combat naval du 20 mai 1692. il porte en titre « Briève relation de la très mémorable victoire remportée sur mer par les flottes Hollandaise et anglaise sur les Français, auprès de Barfleur en Normandie. »
On lit, encastrée dans un mur neuf de la vieille ferme du Bro, à Gatteville, une inscription en lettres gothiques sur pierre de Caen, qui provient d’une chapelle domestique démolie récemment. Le propriétaire actuel de la ferme dont cette chapelle faisait partie, a conservé avec soin et mis en lieu convenable une petite statue de saint Gorgon, patron de la chapelle, et l’inscription en question dont voici le texte :
Le 25e jour d’aoust L’an 1519, en hault Monta dessus ceste chapelle Monseigneur levesque qui se apelle Decastoire (1), et y a mys La bénédiction ; permis Par Msr levesque de Coustance (2). Cardinal ; acore (encore) aux instances Moyen, pourchas (ais y corne Il a pleu à Dieu) de noble hoe Nicholas Dehenot, seigneur De Cosqueville ; en l’honneur De Dieu et S. Gorgon auci Fonda ceste chapelle ici ; Fonde perpetuellement Messe perpétuellement Touta mercredys et vendey Son ame jouit en paradis
(1) Evêque in pambus. (2) Adrien Gonffier