Cet article résulte de notes que j’ai prises en 1846 et 1850, et que j’ai complétées, le 18 octobre 1858, avec le concours de MM. Besnou et Poindextre.
Une de nos galeries celtiques les plus belles et les mieux conservées se rencontre à 8 kilomètres E. de Cherbourg, à 500 mètres au N. de la route de cette ville à Saint-Pierre-Église. Elle est placée, non sur Digosville, comme on l’a à tort avancé, mais à 1 kilomètre de la limite de cette commune, dans celle de Bretteville, près d’un carrefour, sur la hauteur au S. du village de la Forge, dans un champ nommé le Clos-des-Pierres, appartenant aujourd’hui au sieur Jean Liot, cultivateur demeurant dans le voisinage, au hameau Liot.
Ce qui donne une grande importance à cette galerie et la rend éminemment digne de fixer l’attention de l’archéologue, c’est la présence d’un logan, qui y fait suite du côté du Nord. La pierre probatoire est longue de 2,20m, large de 2m et épaisse de 0,60m ; au-dessus est une rainure de 2,40m, profonde de 0,07m, qui s’étend dans le sens de la longueur, en descendant sur le côté, et dans laquelle on remarque douze trous régulièrement creusés et espacés. Malheureusement ce rouler n’est plus mobile : il a été déplacé de façon qu’au lieu d’un support unique, il a maintenant deux pierres pour soutiens : l’une est longue de 2,60m, large de 0,75m et haute de 1,05m ; l’autre offre une longueur de 0,65m, une largeur de 1m et une hauteur de 1,15m.
Plus loin, à 2,60m du logan, et toujours sur la même ligne, est une pierre large de 0,50m, longue et haute d’un mètre. Elle forme l’une des extrémités du monument, qui, à partir de là jusqu’à l’autre bout, présente une longueur de 20 mètres, dans la direction du N.-O. au S.-E.
La rangée Est de la galerie a huit jambages encore en place, un tombé à l’intérieur vers le milieu, et un autre à l’extrémité S.-E., éloigné de la rangée de 0,66m. Vers cette extrémité S.-E., il y a en outre six jambages complètement renversés.
La rangée Ouest offre onze jambages tous bien en place, à l’exception d’un seul, qui soutient néanmoins encore une des pierres du toit. En dehors de cette rangée sont renver ses cinq autres jambages.
Quant aux pierres du toit, elles ont 2m de longueur moyenne une largeur de 1m à 1,25m et une épaisseur de 0,30m à 0,40m. Trois de ces pierres sont encore bien en place, une ne porte plus que sur un jambage et est renversée en dehors de la rangée E., une autre est tombée dans l’intérieur, et deux gisent à l’extrémité S.-E.
La largeur du couloir varie de 1 à 0,60m ; les jambages n’ont pas plus d’un mètre de hauteur.
Deux pierres de fortes dimensions, distantes l’une de l’autre de 0,70m, se voient en face de la pierre probatoire, à cinq mètres de la rangée E. de la galerie.
Le propriétaire, le sieur Liot, nous a fait connaître qu’il il y a 15 à 20 ans, deux étrangers, se disant de Lyon, le prièrent de creuser entre ces deux pierres. Ils furent assez heureux pour trouver, à une profondeur de cinquante centimètres, deux médailles paraissant en billon et d’une grandeur analogue à celle des anciennes pièces de deux sous. Il se rappelle fort bien qu’elles étaient de forme irrègulière et sans empreintes.
Le cist-vean à rouler de Bretteville-en-Saire s’élève dans une contrée jadis chère aux Druides, pleine encore de leurs souvenirs et riche en monuments de leur culte. Situé à une petite distance de la mer (1,5 km) et du point culminant de Brettefey (1 km), il se trouve sur la limite du quartz en roches, du stéaschiste et de l’arkose. La pierre qui le ferme au N.-O. est de stéaschiste grossier quartzeux, ainsi que quelques jambages et deux des pierres du toit ; les autres pierres, y compris celles qui supportent le rouler, sont d’arkose à poudingues. Une particularité très remarquable, c’est que le rouler seul est de granit : il a donc été apporté de loin, au moins de Maupertus ou de Carneville, ce qui prouve l’importance du rôle attribué au logan dans les cérémonies des Gaulois.