On sait que parmi les voitures automobiles électriques il en existe dans lesquelles un moteur à pétrole actionne une dynamo qui transmet l’énergie électrique à des moteurs électriques fixés aux roues de la voiture. M. Fischer a ajouté une batterie d’accumulateurs à ce dispositif déjà bien connu.
A Londres, les deux grandes compagnies d’omnibus la « London General Omnibus Company Limited » et la « London Road Car Company Limited », qui possèdent près de 3000 omnibus, ayant, après de nombreux essais, décidé d’adopter ce dernier système pour plusieurs de leurs voitures, il nous parait bon de le décrire.
Les omnibus « mixtes » Fischer comportent 30 places dont 12 à l’intérieur et sont assez semblables, comme aspect général, aux omnibus ordinaires qui circulent si nombreux dans Londres (fig. 1).
Le moteur à pétrole est fixé sous le siège du conducteur et est accouplé directement à une dynamo multipolaire placée sur l’avant du châssis de la voiture. Ce moteur est du type à 4 cylindres verticaux et peut développer environ 16 chevaux à la vitesse normale de 475 tours par minute ; un volant fixé sur l’arbre du moteur régularise la marche.
Les pistons ont un diamètre de 120 millimètres et une course de 140 millimètres. Quant aux trembleurs ils sont fixés dans une enveloppe pouvant pivoter autour d’un axe horizontal afin de permettre l’avance ou le retard à l’allumage. Le carburateur employé est du type à vaporisation et est placé au-dessus de la dynamo. Une pompe, actionnée par le moteur, fait circuler l’eau de refroidissement autour des cylindres et dans un radiateur horizontal fixé sous le châssis. Cette eau est fournie par un réservoir placé à l’arrière de la voiture. Le conducteur peut, au moyen de leviers, modifier le mélange explosif et provoquer l’avance ou le retard à l’allumage.
Le courant produit par la dynamo est envoyé par l’intermédiaire d’un contrôleur à 2 moteurs actionnant les roues arrière. Ces moteurs qui sont suspendus au moyen de ressorts au châssis de la voiture, agissent sur les roues arrière par l’intermédiaire d’un engrenage à double réduction de vitesse. Ils sont bipolaires, shunt, de 8 chevaux à 600 tours par minute. Sur chacun des arbres de ces moteurs est fixé un frein et ces deux freins peuvent être actionnés au moyen d’une pédale qui est fixée près du siège.
La dynamo à la vitesse normale du moteur à pétrole, soit 475 tours par minute, produit 9 kilowatts à 125 volts. La vitesse maxima pour la marche avant est de 18 kilomètres à l’heure et, pour la marche arrière , de 8 Kilomètres.
Sous les banquettes de l’intérieur sont distribués 48 accumulateurs qui ont une capacité de 125 ampères-heure. Le diagramme ci-dessous fera comprendre quel est le rôle de ces accumulateurs dans ce mécanisme compliqué et permettra de se rendre compte de leur position dans le circuit de la dynamo et des moteurs électriques (fig. 2).
Si la dynamo qui tourne à vitesse constante, produit plus de courant que n’en exigent les moteurs électriques pour accomplir leur travail, le surplus est emmagasiné par les accumulateurs ; si au contraire, dans une montée par exemple, les moteurs exigent un courant plus fort que celui qu’ils reçoivent de la dynamo, les accumulateurs fournissent la différence. Ces accumulateurs servent donc en réalité de compensateurs et, au moyen d’un voltmètre et d’un ampère-mètre placés sous les yeux du conducteur, ce dernier peut suivre exactement les variations du courant. La mise en marche du moteur à pétrole s’opère en fermant le circuit des accumulateurs sur la dynamo. La direction de la voiture s’effectue au moyen d’un volant placé à côté du siège et actionnant une crémaillère ; quant aux diamètres des roues ils sont de 1 mètre pour les roues avant et de 1,25m pour les roues arrière, elles sont garnies de pneumatiques spéciaux « Hartford » très résistants et de 0,10m d’épaisseur. Les moyens d’arrêts se composent, en dehors du freinage électrique, de 2 freins à larges sabots agissant sur les pneumatiques des roues arrière et des 2 freins à tambour agissant sur les moteurs électriques et dont nous avons déjà parlé.
Le courant produit par la dynamo a une intensité de 50 ampères, dont 30 sont absorbés par les moteurs en marche normale ; 20 ampères sont donc employés à la charge des accumulateurs. Mais, dans une cote d’environ 10%, c’est-à-dire assez forte, les accumulateurs fournissent aux moteurs électriques un supplément d’environ 15 ampères.
Les omnibus Fischer, qui sont construits aux États-Unis, ont été essayés pour la première fois en Angleterre il y a environ deux ans, mais les essais qui ont attiré’ l’attention des Compagnies d’omnibus de Londres datent seulement du mois de juin de l’année dernière.
L’omnibus de démonstration était plus petit et n’avait en réalité qu’un moteur de 10 chevaux.
Munis des perfectionnements successifs qui ont été exigés par la « London General Omnibus Company Limited » et par la « London Road Car Company Limited », ces omnibus automobiles semblent maintenant fort pratiques malgré leur mécanisme compliqué et l’on ne tardera pas, paraît-il, à en voir de nombreux circuler dans les rues de Londres.