Il vient de se passer, dans les jardins de Victoria-Bouse à Kew, un phénomène très rare, pour ainsi dire unique dans les annales de l’agriculture ; un pied d’amorphophallus titanum vient de fleurir. Beccari, le célèbre naturaliste et voyageur italien, a déjà décrit ce phénomène intéressant en 1878. C’est peut-être le seul Européen qui ait vu la plante à l’état sauvage ; il la découvrit dans la région occidentale de Sumatra, et, coïncidence étrange, à côté d’un pied de kafflesia, autre plante extrêmement curieuse. La fleur, ou plutôt l’inflorescence qui se dresse dans les serres de Kew est la première qui se soit montrée autre part qu’au milieu des jungles de Sumatra. Cette inflorescence est peut-être haute de 2,25m, et au moment de son épanouissement elle avait peut-être 1,20m de diamètre. Malheureusement, peu de personnes l’ont aperçue à cet instant, elle s’est ouverte à 9 heures du soir, et le lendemain matin, les bords de la spathe, d’une belle couleur rouge pourpre, s’étaient déjà relevés pour envelopper le spadire en forme de cône, Comme toutes ses alliées, cette plante, au moment où ses fleurs sont bien développées et prêtes pour la fécondation, répand une odeur nauséabonde qui disparaît entièrement en quelques heures.
L’amorphophallus appartient à la famille des aroïdacées dont une espèce, le pied-de-veau, giraude ou religieuse (arum maculatum) est très commune dans notre pays.
La feuille solitaire ne se développe pas en même temps que les fleurs ; la tige elle-même n’est pas moins remarquable que l’inflorescence.