Il ne s’agit point ici de la vraie Rhubarbe officinale, la plus employée en pharmacie et dont la racine est fournie d’après quelques botanistes par le Rheum australe, tandis que, pour la majorité, elle provient, sous les noms de Rhubarbe de Moscovie et de Rhubarbe de Chine, du Rheum officinale et du Rheum palmatum.
La Rhubarbe de France, dont il est question, est le nom collectif sous lequel on range trois types : Rhubarbe ondulée, Rhubarbe Rhapontic, Rhubarbe à feuilles serrées, qui sont indigènes dans les montagnes de la Turquie d’Europe. Ces plantes sont classées parmi les rhubarbes médicinales et comme elles dans la famille des Polygonacées.
Habitat. — Les rhubarbes ne croissent pas chez nous à l’état spontané, on les y cultive comme plantes médicinales, alimentaires ou ornementales.
Description sommaire. — Plante herbacée, vivace, à feuilles radicales cordiformes très développées pouvant mesurer jusqu’à 0m. 80 de longueur sur 0m. 60 à 0 m. 70 de largeur, pourvues de longs pétioles diversement colorés atteignant parfois un diamètre de 0m. 04 à 0m. 05 et une longueur de 0m. 30 à 0m. 40 qu’une culture spéciale augmente encore. Tiges grosses, cylindriques, creuses, s’élevant entre 2 et 3 mètres de hauteur et portant de courts rameaux garnis de petites fleurs verdâtres. Graines (akènes) à trois angles membraneux, ailés. 1 gr. en contient 35 à 60 et le litre pèse, selon la variété, 80 à 120 gr. Elles conservent leur faculté germinative durant trois ans. Racines fortes descendant dans le sol jusqu’à 1 m. ou 1m. 20.
Culture. — Les rhubarbes demandent une terre franche, fraîche, profonde, bien préparée et bien fumée, à l’exclusion des terres argileuses, très humides ou de qualité médiocre. Dans le Jardin familial, on leur accordera un coin frais et un peu ombragé.
Multiplication.— On y procède de deux façons : 1° par drageons ou par divisions de la souche ; 2° par semis.
Par drageons. — On les emploie de préférence au semis parce que celui-ci ne reproduit pas toujours fidèlement la variété. On prélève les drageons sur les plus beaux pieds, au début du printemps, lors de l’apparition des bourgeons, et on les met en pépinière jusqu’à ce qu’ils aient formé un bon chevelu. On les plante alors à demeure, à environ 1 m. ou 1 m. 50 en tous sens.
Par semis.. — On peut l’effectuer à deux époques :1° en août-septembre, en pépinière ou en terrine. Le plant repiqué en pot et hiverné sous châssis froid est planté à demeure en mars-avril ; 2° de mars en mai. Le plant repiqué est mis en place à l’automne ou au printemps suivant.Les soins culturaux consistent en binages, sarclages, arrosages et labours pour entretenir la fraîcheur, et un paillis de feuilles sèches quand l’hiver est rigoureux. Il est utile, parfois, de supprimer toutes les tiges florales pour empêcher l’épuisement de la souche,
Récolte et séchage. — La récolte varie en raison de la partie de la plante, racines ou feuilles. Pour les premières, on l’entreprend à la fin de la 4e ou de la 5e année de plantation. Les racines nettoyées et pelées sont divisées en morceaux de 8 à 10 cm que l’on expose à l’air pour faire évaporer une partie de leur eau, après quoi on les porte au séchoir. La récolte des feuilles peut commencer dès le printemps suivant la plantation et se continuer pendant 4 ans, au minimum, et même 10 ans si la plantation est bien entretenue.
Composition chimique. — La rhubarbe renferme de nombreux principes dont les plus importants sont : des acides, chrysophanique, oxalique, malique, tannique, un glucoside, la chrysophane, de l’émodine, de la rhaponticine, une matière colorante, etc.
Propriétés thérapeutiques. — La rhubarbe est considérée, à petite dose, comme tonique et laxative, et, à haute dose, comme purgative.
Préparations pharmaceutiques. — Elles sont les mêmes que pour les véritables rhubarbes, mais à une dose plus élevée. D’après le D’ H. Leclerc, on peut prescrire 0gr. 50 à1 gr. de poudre comme tonique, 4 à 8 gr. comme purgatif, en cachets ou sous forme de pilules ; 0gr. 20 à s gr. d’extrait et 5 à 10 gr. de teinture.
Emplois alimentaires. — Les rhubarbes de France médicinales sont susceptibles, bien qu’à un moindre degré, des mêmes emplois alimentaires que les rhubarbes cultivées spécialement pour les pétioles de leurs feuilles avec lesquels on prépare des tartes, des confitures et des compotes.
Dans le cas où l’on voudrait les utiliser dans ce but, il faudrait, pour augmenter la longueur de leurs pétioles, mettre au printemps sur les pieds de rhubarbe un grand pot de jardin sans fond, un cylindre de poterie ou encore un petit baril défoncé.