Dans le groupe des Molènes, la plante la plus importante pour la thérapeutique est le Bouillon blanc ( Verbascum Thapsus), Scrofulariacées, ou plutôt sa variété Verbascum Thapsiforme adoptée par le Codex de 1908, à cause de la grandeur de sa corolle. Son nom « Verbascum » est une abréviation de « barbascum », barbu, pour faire allusion aux poils de la plante. Principaux synonymes : Molène officinale, Bouillon mâle, Herbe à Bonhomme, etc.
Habitat. — Il est commun dans toute la France, notamment dans les lieux incultes et pierreux, les décombres, sur les bords des chemins, dans les champs en jachère.
Description sommaire. — Plante bisannuelle, à tige robuste, duveteuse, dont hauteur varie de 60 cm à m. et en atteint parfois 2. Racine grosse et pivotante. Feuilles épaisses, molles, tomenteuses, les inférieures grandes, oblongues, les supérieures aiguës et lancéolées. Fleurs grandes, jaunes, disposées en un long épi s’épanouissant successivement de bas en haut, de juin en août ; corolle de 0 m. 03 environ de diamètre, divisée en 5 lobes. Fruit (capsule) à deux valves ; graines petites et chagrinées.
Culture. — Le Bouillon blanc n’est pas difficile sur la nature des terrains, quoiqu’il préfère ceux qui sont profonds, meubles, chauds et à une bonne exposition au soleil. D’après la Notice du Ministère de l’Agriculture, on en cultive déjà, depuis quelques années, 20 à 25 hectares dans le département du Nord, surtout dans l’arrondissement de Valenciennes, et une petite surface dans l’Aisne.
Multiplication. — Elle se fait par semis à l’automne. On consultera avec grand profit, sur ce point, le livre de MM. A. Goris et J. Demilly, La Culture des plantes médicinales, en voici un résumé. Semer à l’automne en planches dans une bonne terre de jardin (ce qui est facile dans le Jardin familial), sous châssis, les graines donneront des plants prêts à repiquer vers le mois d’avril de l’année suivante. Comme chaque pied replanté peut prendre une assez grande extension, mettre une distance de o m. 8o entre les lignes et de o m. 5o entre les pieds. Avec un plantoir, un ouvrier est capable d’en planter 1200 pieds par jour ; un arrosage suffit. Les auteurs, contrairement à l’opinion admise, prétendent que les plants s’enracinent rapidement et souffrent peu de la transplantation. On opère quelques binages et sarclages pour détruire les mauvaises herbes.
Récolte et rendement. — On y procède la deuxième année de la plantation. Elle commence pour les fleurs dans les premiers jours de juillet et se continue tous les jours, jusqu’en octobre, en raison de leur épanouissement successif. Il ne faut l’effectuer, autant que possible, qu’après la tombée de la rosée. On cueille les feuilles lorsque la récolte des fleurs est terminée et l’on arrache ensuite les racines, dans le cas où celles-ci sont acceptées par l’herboristerie de la région. Le rendement en fleurs est estimé, dans le Nord, à 500 kg par hectare. Séchage et conservation. — Débarrassées de leur calice et réduites à leur corolle qui s’en détache facilement, les fleurs doivent être desséchées rapidement pour éviter qu’elles ne noircissent, ce qui leur enlèverait une grande partie de leur valeur marchande. Dans ce but, on les étale en couche très mince, dans un local très aéré et chaud ou encore dans une étuve ou un four légèrement chauffé, et l’on a soin de ne pas les remuer. Les feuilles, à cause de leur épaisseur, sont soumises au même traitement, mais leur dessiccation est assez lente. Il en est ainsi pour les racines qu’il faut d’abord couper en rondelles, puis sécher, de préférence, à l’ombre, quand le temps s’y prête. Dix kilogrammes de fleurs fraîches laissent 1 kg 750, environ, de fleurs sèches et 10 kg de feuilles fraîches kg I8o de feuilles sèches. Pour conserver les fleurs sans qu’elles noircissent, il faut les tenir bien tassées en vase clos, à l’abri de la lumière et de l’humidité.
Composition chimique. — Les fleurs contiennent huile volatile jaunâtre, matière grasse acide, principe colorant jaune, mucilage, sucre incristallisable, sels. Bourquelot et Bridel ont trouvé dans les racines d’un an un sucre cristallisable qu’ils ont nommé cerbasrose.
Propriétés thérapeutiques. — Leurs propriétés, béchiques, émollientes, adoucissantes, sudorifiques et diurétiques sont connues depuis très longtemps. Le Dr H. Leclerc, toujours si bien documenté, rappelle que Dioscoride prescrivait la racine et Pline les feuilles dans les affections pulmonaires, et que la décoction des fleurs était considérée par sainte Hildegarde comme un remède ’infaillible de l’enrouement. En outre, qu’en 1884, un médecin anglais, Quinlam, a préconisé les fleurs fraîches bouillies dans du lait comme un médicament remarquable de la tuberculose pulmonaire, analogue à l’huile de foie de morue et au koumys !…
Préparations pharmaceutiques. — Les parties utilisées sont les fleurs et les feuilles, très rarement les racines. On emploie les fleurs en infusion, 5 gr. par litre (Codex 1908) ; la dose peut être portée à 10 et 30 gr. Passer l’infusion à travers un linge pour retenir les poils qui pourraient irriter la gorge. En décoction, 30 à 60 gr., même dose pour les feuilles qui servent de cataplasmes. Les fleurs font partie des espèces pectorales.
Observations commerciales. — La culture du Bouillon blanc a été recommandée officiellement en 1916 par la Feuille d’Informations du Ministère de l’Agriculture. La vente des fleurs est toujours forte et a un prix qui varie aveo leur qualité. De t fr. 50 à 2 fr. 50 le kilogramme pour les fleurs ordinaires, il est monté à 5 et 6 fr. pour les plus belles et il a même atteint 8 et 10 fr. en 1924. Les feuilles n’ont qu’une vente moyenne et n’ont été payées que 0fr. 50, 1 fr. et 1 fr. 50, au maximum, le kilogramme.