L’équatorial coudé de l’observatoire de Paris

Camille Flammarion, La Science Illustrée N°10- 4 février 1888
Mardi 10 mars 2009 — Dernier ajout samedi 30 mars 2024

Camille Flammarion, La Science Illustrée N°10- 4 février 1888

Nous publions, dans ce numéro, deux dessins qui permettent à nos lecteurs de juger de la différence essentielle que présente le grand équatorial coudé installé à l’Observatoire de Paris, depuis quelques années à peine, avec les lunettes équatoriales ordi­naires des observatoires.

Cette différence essentielle consiste en ce que l’instrument est coudé à angle droit, et que, grâce à cette disposition, l’observateur peut rester tranquillement assis devant l’oculaire de la lunette, comme le micro graphe devant le microscope, abrité dans un cabinet fixe, tandis qu’à l’extérieur l’instrument peut être dirigé vers tous les points du ciel. Tous les mouvements à imprimer à l’instrument sont d’ailleurs à la disposition de l’astronome ; de petites manivelles, à la portée de la main, suffisant pour diriger tous ces mouvements.

Ce système, dû à M. Lervy, astronome de l’Observatoire de Paris, et construit par MM. Eichens et Gauthier pour la partie mécanique, et par les frères Henry pour la partie optique, en laquelle ils excellent, comme chacun sait, est installé dans les nouveaux terrains de l’Observatoire, à l’angle du boulevard Arago et du faubourg Saint-Jacques.

On voit là un édifice rectangulaire qui se dédouble aux heures d’observation, l’abri de la partie extérieure de l’équatorial se détachant du cabinet fixe et glissant sur un chemin de fer. Toute coupole est désormais inutile. Au lieu d’être obligé de se coucher ou de prendre les positions les plus incommodes et les plus fatigantes pour observer les astres voisins du zénith ou très élevés au-dessus de nos tètes, l’astronome reste assis devant l’oculaire, tenant son micromètre à la main, examinant l’étoile ou la planète étudiée et en situation de bien reproduire facilement par le dessin les détails qu’il découvre dans l’étude du ciel.

Un mouvement d’horlogerie fait mouvoir l’instru­ment, comme les équatoriaux ordinaires, suivant le mouvement diurne apparent du ciel, de telle sorte que l’astre une fois placé dans le champ télescopique n’en sort plus. L’image de l’astre arrive au foyer de l’oculaire réfléchie par deux miroirs inclinés à 45° l’un sur l’autre, le premier placé à l’extrémité de la lunette et le second au coude. L’objectif mesure 270 millimètres de diamètre.

Ce nouvel équatorial a été employé, dès le début, principalement à l’observation des petites planètes, par M. Périgaud. Les principales observations dont les progrès de la science lui seront redevables sont publiées dans notre Revue mensuelle d’Astronomie populaire.

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