Chasses aux grands fauves dans l’Afrique Centrale, par Édouard Foà

Causerie bibliographique, la Revue Scientifique 5 août 1899
Vendredi 9 octobre 2009 — Dernier ajout jeudi 1er février 2018

Un vol. in-8° de 352 pages, avec 46 photogravures et 15 dessins, 4 schémas et une carte en couleurs ; Paris, Plon-Nourrit, 1899. - Prix : 10 francs.

Voici un beau livre, qui rappelle les récits de Jules Gérard et de Bombonnel, dont M. Édouard Foà est le digne émule. Qu’on en juge : d’avril 1894 à novembre 1897, M. Foa a abattu 488 grands animaux, dont 39 éléphants, 14 rhinocéros, 19 hippopotames, 16 lions, 64 buffles, 5 panthères, 18 crocodiles, etc.

Le mouvement et l’émotion ne manquent pas dans ces récits, que les disciples de saint Hubert apprécieront, mais qui sont de nature à passionner aussi les profanes.

Il y a de plus dans ce livre ce que Jules Gérard et Bombonnel n’ont pu mettre dans les leurs, à savoir des photographies, documents intéressants en eux-mêmes, et qui viennent appuyer les dires du chasseur, et attester que celui-ci ne s’est pas laissé aller à la moindre imagination.

M. Foa nous prouve d’ailleurs que, dans sa personne, vivent côte à côte le chasseur et le naturaliste ; car chemin faisant, il ne néglige pas de faire d’intéressantes observations sur les mœurs des animaux qu’il poursuit, et dans un appendice que consulteront avec fruit les zoologistes il a réuni des mensurations précises, des observations anatomiques, des considérations générales, et enfin des conseils et des renseignements à l’usage des chasseurs naturalistes, qui seront consultés avec grand profit.

En ce moment où les paris sont ouverts sur l’issue de luttes entre lions et taureaux, il est intéressant de lire ce que M. Foa raconte d’une lutte entre un lion et un buffle, qui se passa certaine nuit, tout près de son camp. Les mugissements de rage, le souffle puissant du buffle, les piétinements, les coups de cornes contre les arbres, faisaient contraste avec le silence de son terrible adversaire. La lutte avait dû être formidable ; on devinait au bruit la plupart des phases du combat. Enfin le buffle mugit plaintivement et tout bruit cessa. Au milieu de la nuit, le lion annonça son triomphe et la fin de son repas par des rugissements formidables…

Très curieux et parfois très inédits sont les renseignements donnés par l’auteur sur les mœurs de l’éléphant, du lion, de la panthère, du rhinocéros, de la girafe, etc. Les personnes qu’intéressent les marques d’intelligence chez les animaux y trouveront maints faits à noter, et celles que toucha plus particulièrement la psychologie de l’homme y verront avec émotion et parfois avec admiration le grand chasseur toujours luttant de ruse, de patience et d’audace avec les hôtes terribles de la brousse africaine, et donnant un exemple remarquable de l’alliance du courage, qui est bien de notre race, avec la persévérance et le sang-froid, dont nous manquons parfois quelque peu.

Mais nos lecteurs connaissent déjà M. Édouard Foa, qui parcourt le continent noir depuis quinze ans, et qui a su prendre place au premier rang des explorateurs français. Il est assurément un des voyageurs qui connaissent le mieux l’Afrique, et nous aimons à le voir nous prouver qu’il est possible, dans le continent noir, de réserver les coups de fusil aux grands fauves, plutôt qu’aux bons nègres.

Nous l’en félicitons sincèrement, pour l’humanité et pour le courage dont il a fait ainsi preuve, et pour l’exemple qu’il a donné.

Félicitons aussi les éditeurs pour l’exécution élégante de cette belle et instructive publication, qui nous paraît toute destinée à servir de livre d’étrennes, dans quelques mois, pour nos jeunes gens. Ils y trouveront l’exemple d’un caractère qui peut être proposé à leur imitation.

Disponible sur biodiversitylibrary.org

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