Les perles sont produites par un grand nombre de mollusques lamellibranches, mais on n’en trouve d’une manière régulière et rémunératrice que dans les coquilles de quelques espèces. Les plus belles proviennent de la Pintadine ou Avicule perlière (Meleagrana margaritifera), qu’on trouve sur les côtes de Chine, aux Indes, dans la mer Rouge, à Tahïti. L’huître perlière (Meleagrina radiata) se trouve dans les mêmes parages. Certaines coquilles d’eau douce fournissent des perles assez estimées, tels sont les Unios, les Anodontes (A. cygnea, A. plicata, etc.) des lacs et des étangs, la Mulette perlière (Margaritana margaritifera), qui vit dans la plupart des rivières d’Europe, principalement sur les fonds calcaires.
La perle n’est qu’une petite boule de nacre, c’est-à-dire qu’elle est formée, comme la couche interne de la coquille, de lames superposées de carbonate de chaux et d’une matière organique, la conchyoline, sécrétées par le manteau, Les reflets irisés de la perle, son orient, suivant l’expression usitée, sont dus à l’action, sur la lumière, de ces minces lamelles. Les perles
Nacre et perle sont donc identiques comme composition ; mais tandis que des couches flexueuses, parallèles, forment la première, la perle est due à des couches circulaires concentriques.
Quelle est la cause initiale de la formation des perles ? On trouve parfois 150 de ces productions dans une seule coquille, tandis, qu’au contraire, on peut ouvrir parfois 3 ou 400 mollusques sans en trouver une seule. Cette question de l’origine des perles remonte au temps même de leur découverte. Elle a donné lieu à de très jolies légendes, mais l’imagination des peuples anciens n’a rien à voir avec la vérité scientifique.
Réaumur, en 1717, dans un rapport à l’Académie, donna la composition des perles et ébaucha une théorie de leur formation. On admet aujourd’hui, après les travaux de Baudon, de Moquin-Tandon, de von Heszling, etc., qu’elles sont dues à l’irritation causée par un corps étranger, parasite animal de petite taille, minuscule grain de sable engagé dans le manteau loin des courants d’eau nutritif et respiratoire. Les cellules sécrétantes du manteau entourent l’obstacle de minces lamelles nacrées dont l’accumulation constitue la perle.
Il est certain d’ailleurs qu’un corps étranger, introduit avec précaution entre le manteau et la coquille d’un bivalve perlier, est recouvert rapidement de nacre. Depuis des siècles, les Chinois obtiennent ainsi des sortes de camées, vierges du moindre coup de burin, qu’ils importent en Europe où ils ont longtemps intrigué les artistes.
Le procédé est le suivant : On pêche des Anodontes (A.plicata), très communes dans certains lacs chinois, on les ouvre en maintenant l’écartement des valves avec des coins de bois, et on introduit entre le manteau et la coquille, un moule en plomb, obtenu en frappant une lame de ce métal sur une planchette en bois où sont gravées des figures. On referme et on dépose l’animal dans un parc. Un an ou deux après, la plaque est recouverte d’une matière nacrée, déposée par couches régulières.
Les Chinois obtiennent aussi, en livrant de cette manière à l’anodonte de petits fragments sphériques de nacre séparés les uns des autres, des perles dont ils font un commerce considérable. Elles ont parfois l’éclat et la beauté des perles massives.
La beauté des perles tient à leur éclat et à leur couleur. Une perle sans reflet est dite perle morte. On trouve des perles grises, des lilas, des roses, des bleues, des verdâtres, des jaunes et des blanches. Les perles noires, très rares, atteignent actuellement le plus haut prix.
Les perles sont ordinairement sphériques, cependant parfois elles sont hémisphériques (boutons), en poires et alors très recherchées comme pendants d’oreilles.
Quand elles sont irrégulières, on les nomme . Les perles baroques ont été souvent utilisées avec beaucoup de goût par les joaillers. L’une de nos gravures reproduit une pendeloque Renaissance, du musée du Louvre, dans laquelle une perle baroque a été adroitement employée pour former le corps d’un dragon.
Chez les anciens, la perle était déjà le plus précieux élément d’une parure magnifique. Les deux perles des pendants d’oreilles de Cléopâtre valaient environ 4 millions de notre monnaie.
On sait qu’elle avala. un verre de vinaigre dans lequel elle avait fait dissoudre l’une d’elles, breuvage plus coûteux qu’agréable !
Les dames romaines couvraient de perles leurs chaussures. Pendant tout le moyen-âge et même jusqu’au XVIIe siècle, les perles furent employées pour la toilette.
Les chroniqueurs racontent qu’en 1606, au baptême du dauphin, Bassompierre portait un habit orné de 50 livres de perles.
Une modération plus grande existe aujourd’hui dans l’emploi de ces pierres ; on n’en met plus aux vêtements ; on en fait des colliers, des pendants d’oreilles ; elles font merveille au milieu d’une épingle en brillants ou à l’extrémité d’un pendant de col.
Parmi les bijoux de la couronne de France, aujourd’hui dispersés, il y avait une collection de 408 perles fines de 16 grammes chacune.
La plus grosse, actuellement connue, est la Pèlerine ou Pérégrine, qui appartient à la couronne d’Espagne.
Achetée par Philippe IV en 1620, elle pèse 32 grammes et a la grosseur d’un œuf de pigeon. On n’a jamais pu lui trouver de pendant, aussi sert-elle de bouton de chapeau.
L’industrie de la joaillerie française absorbe, chaque année, environ 100 kilogrammes de perles représentant une valeur de plus d’un million de francs.
Quant à la consommation du monde entier, il serait bien difficile de la chiffrer. Si les pays de l’Europe et de l’Amérique publient des documents officiels, on ignore la quantité de perles achetées par les contrées de l’Orient, où ce joyau est très recherché.