Les expéditions danoises au Groënland

Charles Rabot, La Revue Scientifique — 12 mai 1888
Dimanche 3 juillet 2016 — Dernier ajout vendredi 27 décembre 2019

Depuis une vingtaine d’années le Groënland est exploré par les naturalistes scandinaves avec un soin tout particulier. M. Nordenskiöld y a entrepris deux expéditions fécondes en résultats, et chaque année le gouvernement danois y envoie des missions scientifiques dont l’importance est mise en lumière par la publication des Meddelelser om Grönland [1]. Dans un travail paru, il y a quelques années, ici même, nous avons fait connaître les premiers résultats de ces explorations [2]. Depuis, ces recherches ont été continuées. Pendant quatre ans, de 1878 à 1881, été comme hiver, des savants danois ont parcouru différentes parties de cette immense presqu’île sans se laisser jamais rebuter par les difficultés de toutes sortes que présentent pareils voyages. Et pourtant que d’obstacles à surmonter, que de dangers à braver durant ces expéditions ! Au printemps, sur la neige ramollie par les premiers rayons du soleil, la marche est très pénible ; les chiens des traîneaux barbotent dans une bouillie glaciaire sans pouvoir avancer et les hommes pataugent jusqu’à mi-jambe par des froids de - 24°, comme, M. Steenstrup en a observé à fin d’avril. L’été, on a à redouter sur les fjords les glaces flottantes toujours eu mouvement sous l’action des vents et des courants, et les soudaines tempêtes du sud-est, dont le souffle puissant fait voler dans l’air de grosses pierres comme de simples fétus de paille. On peut juger des difficultés de la navigation dans les fjords encombrés de glace par ce fait qu’un explorateur n’employa pas moins de quarante-huit heures pour traverser un de ces détroits, long de vingt kilomètres à peine. Ajoutez à cela que la saison pendant laquelle les voyages sont possibles au Groënland est très courte, deux mois dans la partie nord du pays, trois mois au plus dans le sud. Au commencement de juillet, certains fjords sont encore pris par les glaces. Enfin, pour énumérer toutes les difficultés avec lesquelles les voyageurs danois ont été aux prises, nous devons ajouter qu’an Groënland d’épais brouillards entravent très fréquemment les opérations géodésiques et que les variations de la déclinaison de l’aiguille aimantée dans les terrains constitués par des trapps rendent très laborieux les levers à la boussole. Sur l’Ile Inconnue, par exemple (Ubekjent Eiland), la déclinaison présentait une différente de 45° dans deux localités distantes d’un kilomètre à peine. Chaque fois que l’on observait la boussole, il était par suite nécessaire de déterminer la méridienne du lieu. Quoi qu’il en soit, les missions danoises ont réussi l’œuvre qu’elles poursuivaient. De 1878 à 1880, le lieutenant Hammer et M. Steenstrup, géologue déjà connu par d’importants travaux au Groënland, ont exploré la portion du littoral occidental s’étendant du 69°,15’ de latitude nord au 72°,30’ et qui comprend l’île de Disko et les grandes presqu’îles de Nugsuak et de Svartenhuk ; d’autre part, le lieutenant Holm, continuant les études commencées dans le district de Julianehaab, a relevé la région voisine du cap Farewell. De ces expéditions, ces voyageurs ont rapporté d’importants documents qui intéressent toutes les branches de la science. Grâce à eux, les géographes possèdent maintenant des cartes exactes de régions jusque-là mal figurées, les géologues des renseignements précis sur les terrains et les glaciers de ces districts, les paléontologistes d’importantes collections de plantes fossiles qui révèlent les variations, de climat survenues pendant le cours des périodes géologiques.

Les hydrographes trouvent en outre dans les Meddelelser des observations précises sur la salure de la mer, la direction des courants, et les mouvements des glaces dans les détroits de Davis et de Danemark. Enfin les archéologues et les ethnographes sont redevables au lieutenant Holm et à M. Steenstrup d’études consciencieuses sur les ruines nordiques et sur les sépultures des Esquimaux.

I.

À en juger par les descriptions du lieutenant Holm, il est peu de pays d’aspect aussi imposant que l’extrémité méridionale du Groënland avec ses fjords étroits encadrés de pics escarpés, semblables à des crevasses taillées par la mer dans les montagnes. À pic au-dessus de l’eau, s’élèvent des crêtes rocheuses, hautes de 1 800 à 2 000 mètres et à leur base s’ouvrent comme des anfractuosités des passes larges à peine, en certains endroits, de quelques centaines de mètres. Tous ces fjords, toutes ces arêtes rocheuses sont orientés avec une régularité géométrique, et nulle part l’influence des diaclases sur le relief du sol ne ressort plus évidemment qu’ici. Comme les rayons d’une roue convergent vers le moyeu, fjords et détroits aboutissent tous à un même point situé dans l’intérieur de la presqu’île, qui semble le centre d’étoilement de la région. Dans cette partie du Groënland, le phénomène glaciaire est relativement peu développé. On n’y trouve que des glaciers, isolés les uns des autres, et nulle part d’inlandsis [3] empâtant tout le pays sous une carapace cristalline. D’aucune des montagnes qu’il a gravies dans ces parages, M. Holm n’a aperçu cette plaine de glace, et d’après ses observations, elle ne dépasserait pas vers le sud le parallèle de Julianehaab.

La région avoisinant Disko présente un aspect assez différent de celui du district de Julianehaab. De la côte font saillie de massifs promontoires, et de grandes iles forment une digue ébréchée derrière laquelle s’étend une petite mer intérieure prolongée par de longs fjords dans l’intérieur du continent. Une partie de ces îles et de ces promontoires est occupée par de larges plateaux élevés de 800 à 1 200 mètres, et çà et là, au milieu de ces hautes plaines, se dressent des massifs de pics dépassant 2 100 mètres, effilés, d’une hardiesse de lignes presque invraisemblable, qui ressemblent à des forêts de mats suivant l’expression de M. Stenstrup. - Ce paysage emprunte un caractère particulier à l’abondance des glaciers. Sur tout le périmètre des côtes, les hautes falaises noires sont striées de courants de glace, et, au fond de tous les fjords débouchent de larges glaciers issus de l’inlandsis dont l’énorme muraille bleuit l’horizon. Sous cette latitude, la hauteur de cette plaine de glace serait au moins égale à celle des montagnes de la cote, à une distance de 200 kilomètres environ dans l’intérieur du Groënland.

II.

Dans les régions du Groënland dont nous venons d’indiquer l’aspect à grands traits, les roches cristallines occupent de vastes espaces. L’extrémité méridionale de la péninsule est constituée en grande partie par du gneiss, sur quelques points par de la syénite et du granit, et tout autour de l’ile de Disko, le gneiss et les schistes cristallins recouvrent de très grandes étendues. Sur la rive méridionale de cette ile, cette formation n’affleure que sur une hauteur d’une centaine de mètres ; mais, plus au nord, sa puissance devient considérable. Dans la presqu’ile de Nugsuak, elle atteint environ 1 000 mètres, et même, dans l’île d’Upernivik, 2 100 mètres ; au delà, elle diminue pour s’abaisser à 1 000 mètres près de Laxafjord. Aux environs du cap Farewell, ces roches cristallines ne sont recouvertes par aucun terrain d’âge postérieur ; dans le district de Disko, au contraire, elles sont en partie masquées par de puissantes formations sédimentaires et éruptives. Ces formations sédimentaires sont constituées par des grès et des schistes, avec des intercalations de lignite, qui renferment une quantité considérable de plantes fossiles. M. Steenstrup n’y signale pas moins de soixante et onze gisements contenant de magnifiques empreintes végétales. L’étude de ces collections paléontologiques a conduit le regretté O. Heer à diviser ces formations en quatre assises caractérisées chacune par une flore spéciale, et correspondant respectivement à l’urgonien, au cénomanien, au sénonien supérieur et au miocène inférieur. L’urgonien contient principalement des fougères, des gymnospermes et des conifères ; les dicotylédones n’y sont représentées que par une seule espèce. La flore cénomanienne ou d’Atane se distingue, au contraire, par l’abondance des plantes dicotylédones (90 sur 117 espèces recueillies dans les gisements appartenant à cet horizon). À l’assise suivante, dit de Patoot (sénonien supérieur), on trouve également un grand nombre de dicotylédones, mais pas une seule cycadée. La découverte de ces flores crétacées au Groënland est une preuve des variations de climat subies par notre planète durant le cours des périodes géologiques. Pendant le crétacé, cette terre, aujourd’hui couverte de glace, avait un climat subtropical, dont la température moyenne annuelle devait être de + 21° [4] ! À la fin de cette période, la disparition des cycadées indique un abaissement dans la température. Pendant la période tertiaire, cet abaissement se continue et la flore miocène indique pour cette période une température moyenne annuelle de + 12°. La division que nous venons d’esquisser repose uniquement sur des caractères paléontologiques, car ni la stratigraphie ni la pétrographie ne révèlent aucune différence entre ces assises. Suivant M. Steenstrup, des grès et des schistes, rapportés par Heer au crétacé ancien, seraient composés des mêmes éléments et se présenteraient dans les mêmes conditions de gisement que des grès et des schistes situés un peu plus au sud et contenant une flore miocène. De l’avis de ce géologue, toutes ces couches gréseuses et schisteuses ne constituent qu’une seule et même formation, bien qu’ elles contiennent des fossiles appartenant à des horizons géologiques différents. Seulement, l’eau dans laquelle elles se sont déposées a varié de composition chimique pendant la durée des périodes géologiques. Les vestiges d’animaux contenus dans les couches miocènes indiquent que les grès et les schistes appartenant à cet étage se sont formés dans des eaux douces, tandis que les couches crétacées ont une origine marine. Suivant toute vraisemblance, ces terrains sont des formations littorales ; on ne saurait du moins expliquer autrement la présence de galets de gneiss inclus dans les grès et le merveilleux état de conservation des empreintes de plantes. M. Nordenskiöld ayant découvert, dans une de ces couches, une souche garnie encore de ses racines et qui lui avait semblé en place, affirme que les plantes dont on retrouve les empreintes ont vécu sur le terrain qui les contient aujourd’hui. Tout autre est l’opinion de M. Steenstrup. D’après ses observations, les plantes crétacées ont dû croître sur le gneiss, et, à son avis, la prétendue souche en place de M. Nordenskiöld serait simplement un tronc qui se serait déposé, dans une position verticale, au milieu des sables qui ont plus tard formé les grès. De l’avis de ce géologue, la coupe de ce gisement, publiée par le célèbre voyageur suédois et reproduite ensuite par tous les ouvrages de géologie, n’a pas été exécutée précisément d’après nature.

Par-dessus ces formations sédimentaires et par-dessus le gneiss s’étendent, dans l’îIe de Disko et dans les presqu’îles de Nugsuak et de Svartenhuck, des nappes de trapp puissantes de 1 500 mètres dans certaines localités. Ces nappes, qui couvrent une superficie de 17 000 kilomètres carrés, ne seraient, d’après M. Steenstrup, que les témoins d’une puissante formation trappéenne, jadis beaucoup plus étendue dans la direction de l’ouest et du nord, et même au nord-est. Ce trapp est constitué généralement par des basaltes compactes et amygdaloïdes à la partie inférieure des couches épaisses, vésiculaires, au contraire, comme des laves, à leur partie supérieure, et très riches parfois en olivine dans les couches minces. Dans d’autres localités, ce trapp est une brèche de fragments de basaltes et de débris de lave cimentée par de la palagonite. La formation trappéenne du Groënland s’étend en couches régulières, d’une puissance variant de 3 à 35 mètres, parfaitement horizontales sur de grandes distances. Chacune de ces couches, pour ainsi dire, est séparée en certains endroits par une strate cristalline formée des minéraux constitutifs du basalte. L’absence dans ces trapps, soit de fossiles marins, soit de pierres roulées, indique que les formations crétacées et miocènes étaient déjà soulevées à l’époque de leur apparition. Ces terrains sédimentaires et éruptions sont traversés dans toutes les directions par des filons de basalte qui leur ont fait subir un métamorphisme de contact. C’est ainsi qu’une brèche de palagonite, recoupée par un de ces filons, s’est transformée en une masse poreuse d’un bleu clair. Ces basaltes sont généralement très riches en olivine et passent même quelquefois à la péridotite, dans plusieurs filons, notamment sur les côtes septentrionale et occidentale de l’île de Disko et sur la côte méridionale de la presqu’île de Nugsuak, M. Steenstrup a trouvé, associés aux minéraux essentiels du basalte, du fer natif et du graphite. Cette observation est un fait d’une importance capitale. En 1870, M. Nordenskiöld avait découvert, dans l’île de Disko, plusieurs blocs de fer natif, les uns isolés sur une plage, les autres inclus dans les basaltes. Le naturaliste suédois n’hésita pas à leur attribuer une origine météorique ; ces blocs avaient dû, affirmait-il, tomber à la surface du globe à l’époque de l’émission des basaltes. L’étude des conditions de gisement de ces masses pierreuses conduisit, au contraire, M. Steenstrup à leur assigner une origine tellurique ; mais comme, jusque-là, le fer n’avait été trouvé à l’état natif dans aucune roche, cette explication fut contestée. M. Steenstrup ne se découragea pas ; il retourna au Groënland poursuivre l’étude des basaltes, et, en 1872, à Arsuk, il eut le bonheur de trouver enfin dans cette roche des globules de fer natif alliés de cobalt et de nickel, montrant les figures de Widmanstätten. Les plus gros de ces grains avaient une longueur de 0m,018 et un diamètre de 0m,014. Cette découverte prouvait sans réplique l’origine tellurique des blocs trouvés par M. Nordenskiöld. Au cours des voyages qu’il a entrepris de 1878 à 1880, M. Steenstrup a découvert dans trois autres localités des basaltes contenant du fer natif. Dans cette roche, le graphite se trouve associé sous trois formes différentes. Tantôt il accompagne le fer natif, tantôt il apparaît en petits globules isolés, ou bien sous forme d’inclusions dans des feldspaths.

III.

Non moins intéressantes que les terrains primitifs, crétacés ou miocènes sont les formations glaciaires du Groënland. Sur la foi du nom de « pays vert » [5] donné à cette région, on a cru longtemps que ses glaciers étaient d’origine récente. Aujourd’hui, il est bien établi que lorsqu’il baptisa le pays par lui découvert, Éric le Rouge ne s’était point préoccupé de lui donner une dénomination correspondant à son véritable aspect.

Par un nom plein de promesses, le rusé Normand espérait attirer des colons islandais dans la région où il avait abordé. De tout temps a été vrai le proverbe : « A beau mentir qui vient de loin. » Des documents historiques, tels que le Kongespejl saga datant du commencement du XlIle siècle, prouvent que le Groënland avait, à l’arrivée des premiers Scandinaves, le même aspect qu’aujourd’hui. L’étude du terrain indique même qu’aux âges passés, les glaciers ont atteint un développement beaucoup plus considérable que de nos jours. À l’époque quaternaire, toute la zone littorale du Groënland, aujourd’hui libre de glaces, a été recouverte d’une carapace cristalline, comme le prouvent les roches striées observées à une grande hauteur, les moraines situées loin du front actuel des glaciers et les blocs erratiques. On ne découvre guère de roches striées au delà de l’altitude de 300 à 400 mètres. Dans une seule localité, M. Steenstrup en a rencontré à une hauteur de 1 000 mètres ; mais on trouve jusqu’à près de 1 200 mètres des blocs d’une origine erratique indiscutable. Toute la zone côtière de celle partie du Groënland a donc été recouverte par les glaces jusqu’à une altitude de 12 à 1 300 mètres. Mais, de la présence de blocs erratiques à 1 300 mètres au-dessus de fjords profonds de 700 mètres, il faut se garder de conclure que la puissance de cette calotte glaciaire ait atteint 2 000 mètres. À l’époque quaternaire, la profondeur des fjords n’était vraisemblablement pas aussi grande que de nos jours. De plus, il n’est guère probable qu’il existe dans l’intérieur du Groënland une région assez élevée pour qu’une masse de glace mesurant une pareille épaisseur pût s’en écouler. Suivant M. Steenstrup, c’est à l’action mécanique de ces glaciers combinée avec celle des torrents sous-glaciaires, qu’il faut attribuer la formation des fjords. Les dislocations qui ont dû se produire au moment du soulèvement des terrains crétacés et miocènes et lors de l’émission des basaltes ont tracé les alignements des fjords, puis les glaciers et les eaux courantes les ont délayés des matériaux qui les encombraient et leur ont donné le profil qu’ils ont aujourd’hui. Comme le géologue norvégien Helland, M. Steenstrup attribue la disparition de l’inlandsis dans la zone côtière, à un adoucissement du climat et, d’autre part, à une diminution dans la chute des neiges, due à l’abaissement des montagnes sous l’action dénudante des glaciers.

Au Groënland, comme en Scandinavie, la fin de la période quaternaire a été marquée par un soulèvement des côtes. Dans toute la région voisine de l’île de Disko, des lignes de terrasses marquent le niveau atteint autrefois par la mer. La plus haute de ces anciennes plages est située à 150 mètres au-dessus du niveau actuel ; d’autres respectivement à 129, 101 et 83 mètres ; sept ou huit entre 40 et 60 mètres ; enfin, quelques-unes ne s’élèvent qu’à quelques mètres au-dessus de l’eau. Sur les côtes exposées à la pleine mer, ces anciennes lignes de rivage sont constituées par de gros blocs, dans l’intérieur des terres par du sable, des graviers, beaucoup plus rarement par de l’argile ; dans quelques localités seulement, elles contiennent des subfossiles. Quelques-uns des mollusques qu’elles renferment sont dans un état de conservation parfaite ; on en a trouvé par exemple dont les deux valves abritaient le moule en argile ou en sable du tube intestinal de l’animal. À ce soulèvement considérable qui s’est produit à la fin du quaternaire fait suite aujourd’hui un abaissement marqué de la côte. En cinq ou six endroits, des habitations en ruines sont envahies par les eaux. Par exemple, dans la station de Nugsuak, fondée en 1758, un magasin, construit au plus tard à cette époque, est actuellement dans l’eau. Ailleurs, des récifs qui n’étaient pas recouverts à haute mer disparaissent aujourd’hui au moment du plein. Pour mesurer ces oscillations de niveau, M. Steenstrup et le lieutenant Hammer ont scellé, dans vingt et un points différents de la côte occidentale, des anneaux en fer dont ils ont repéré soigneusement la position par rapport aux hautes mers.

IV.

En même temps qu’ils se livraient à des travaux topographiques et géologiques, les.explorateurs danois étudiaient avec une scrupuleuse attention les phénomènes actuels, spécialement les phénomènes glaciaires qui se produisent au Groënland avec une ampleur que l’on n’observe nulle part ailleurs. Cette péninsule contient, comme on le sait, les plus vastes glaciers du monde ; leur superficie, autant du moins qu’on peut la calculer en l’état de nos connaissances, ne serait pas inférieure 1 120 000 kilomètres carrés [6], soit plus de deux fois celle de la France. Une grande partie de l’intérieur du Groënland serait, croit-on, recouverte par l’inlandsis, et dans la région littorale de vastes espaces sont occupés par des glaciers que l’on voit perler le long des falaises qui encadrent les fjords et les vallées. En 1878, le lieutenant Jenssen avait réussi à pénétrer à 75 kilomètres dans l’intérieur de cette mer de glace [7] ; pendant les explorations exécutées de 1878 à 1881, aucune tentative de ce genre n’a été entreprise mais, durant celle période, le lieutenant Hammer et M. Steenstrup. Ils ont fait sur les glaciers d’importantes observations qui n’intéressent pas moins les physiciens que les géologues. Les énormes courants de glace qui descendent de l’inlandsis au fond des fjords et qui donnent naissance aux iceberg que l’on voit dériver dans le détroit de Davis ont été spécialement l’objet de leurs études. Au nord de l’île de Disko débouchent cinq de ces glaciers, dont la largeur varie de 4 à 7 kilomètres et dont l’épaisseur au-dessus de la nappe du fjord atteint 93 mètres. Ce sont ceux de Jakobshavn (69°10’ de lat. N .), de Torsukatak (70° de lat. N .), du grand Karajak (70°25’ de lat. N.), de Kangerdluk (70°40’ de lat. N.) et d’Upernivik (72°55’ de lat. N.). On peut se rendre compte de l’énorme masse de ces glaciers par ce fait qu’il s’en détache des isberg jaugeant 18 millions de mètres cubes. Un cube ayant une hauteur de 283 mètres, soit presque celle de la future tour Eiffel, représente le volume de ces glaçons. Dans le fjord de Jakobshavn, le lieutenant Hammer a vu des glaces flottantes dont la hauteur au-dessus de l’eau atteignait 110 mètres. D’après les observations de M. Steenstrup, tous ces isberg, même ceux dont la glace parait absolument pure, contiennent des particules de sédiments très fins. Par l’action de la fonte ces substances terreuses sont dégagées de la glace et tombent dans le fjord au fond duquel elles constituent des bancs que l’on a jusqu’ici regardés comme d’origine morainique. Ces dépôts se forment rapidement, ces glaçons fondant très vite. Un morceau de glace pesant 15 kilogrammes, plongé entièrement dans de l’eau dont la température varie de - 1° à - 2° et dont la salure est de 3,40 pour 100, se liquéfie en quarante-huit heures. Dans une eau à la température de + 4°,6 un bloc de glace du poids de 8 kilogrammes est complètement fondu en une heure.

Une autre observation intéressante relative aux isberg est celle que M. Steenstrup a faite sur le rapport entre leur partie émergée et leur masse totale. Le tableau suivant montre que ce l’apport est très variable et dépend de la nature des glaces.

Température de l’eauTeneur en chlorure de sodiumRapport
Glace blanche et bulleuse de glacier - 1°,3 3,32 0/0 1 à 8,41
Glace de glacier transparente sans bulle d’air «   » 1 à 9,23
Glace de lac «   » 1 à 9,22
Glace de mer «   » 1 à 5,20

Le même observateur a reconnu qu’un kilogramme de glace blanche bulleuse de glacier contient 71 centimètres cubes d’air, à la température de + 10°. D’après l’analyse qui en a été faite, cet air emprisonné dans les pores de la glace contenait 16 pour 100 d’oxygène, soit, 4 pour 100 de moins que l’air atmosphérique.

MM. Rink et Helland ont attribué la formation des isberg à la rupture par l’effet de la pression hydrostatique du front des glaciers flottant à la surface des fjords. Suivant M. Steenstrup, cette explication ne serait pas complètement satisfaisante. D’après ses observations, le glacier ne flotterait pas à la surface du fjord, mais glisserait sur le fond de la baie. Une fracture vient-t-elle à se produire dans la partie du glacier située au-dessus de l’eau et qui exerce une pression contre la partie antérieure, la masse de glace immergée devient libre et par l’effet de la pression de l’eau arrive à la surface du fjord où elle forme un isberg.

Il y a quelques années, le lieutenant Jenssen avait constaté que les courants de glace issus de l’inlandsis étaient animés d’un mouvement dix fois plus rapide que celui des glaciers des Alpes. Cette observation a été confirmée par lés recherches de MM. Hammer et Steenstrup, dont le tableau suivant donne les principaux résultats :

LocalitésDatesVitesse d’écoulement en 24 heures
De Jacobshavn 23 avril 1880 15m,6
D’Itivdliarsuk 4 avril 1880 14m,4
11 au 13 mai 1880 8m,8
Du Grand Karajak 21 au 23 août 1880 7m,8 Mesure prise à 5 kilomètres de l’extrémité inférieure du glacier
11m,9 Mesure prise près de l’extrémité inférieure du glacier
De Torsukatak 5 au 7 mai 1880 7m,8

Ce tableau n’indique que les vitesses maxima ; les moyennes n’ont pu être établies par suite des irrégularités du mouvement de la glace. D’un jour à l’autre, des différences de 5 mètres ont été constatées dans la vitesse d’écoulement des glaciers. Les observations faites sur le glacier du Grand Karajak montrent, d’autre part, que son mouvement est beaucoup moins rapide à mesure que l’on s’éloigne de son extrémité inférieure. Sur le glacier de Jacobshavn on a eu, en outre, la preuve que la vitesse d’écoulement de la masse de glace n’est pas influencée par les froids rigoureux de l’hiver, ainsi que Tyndall l’avait reconnu pour la mer de glace de Chamonix. La vitesse constatée par le lieutenant Hammer, au mois d’avril, est presque la même que celle observée, au mois de juillet, par le géologue norvégien Helland sur ce même glacier. Vraisemblablement cette égalité dans le débit doit provenir de ce que le froid ne peut pénétrer à travers toute l’énorme masse du glacier, épaisse d’environ 300 mètres. Au mois d’avril, bien que la température de l’air oscille entre - 15° et - 20°, l’eau courante ruisselle de la partie inférieure du glacier. Même au pied d’un courant de glace, dont la puissance ne dépassait pas 30 mètres, M. Steenstrup a trouvé de l’eau un jour que le thermomètre marquait -14°,5.

À côté de ces larges courants de glace, émissaires de l’inlandsis, de petits glaciers, formés par l’entassement des névés, sont blottis dans les dépressions des montagnes. Par l’effet de la pesanteur et des regels successifs de l’eau qui pénètre la masse neigeuse, le névé se transforme en glace et finit par donner naissance à un véritable glacier. M. Steenstrup croit pouvoir fixer à 30 et quelques mètres, au minimum, l’épaisseur de la tranche de neige nécessaire à la formation d’un pareil glacier. La puissance de huit glaciers de ce genre qu’il a mesurés variait de 36m,60 à 61m,80, et la pente sur laquelle ils se mouvaient était comprise entre 0° et 45°. Ces glaciers s’écoulent beaucoup plus lentement que les courants issus de l’inlandsis et en hiver, comme l’indique le tableau suivant, leur vitesse diminue :

LocalitésDe fin sept. à marsDe mars à maiDe fin août à fin sept.LargeurPuissance
Du Petit Umiartorkik 0m,132 «  0m,25  » "
Du Grand Umiartorfik 0m,116 0m,098 0m,14 1 350m 41m
D’Asakak 0m,158 «  0m,09  » 51m
De Sermiarsut 0m,162 0m,078 0m,16 958m 43m
De Serfarfik 0m,085 0m,055 «   » "

M. Steenstrup a eu garde de se livrer à une controverse sur les causes du mouvement des glaciers et s’est borné à donner son opinion sur la question en termes très brefs. D’après lui, la pesanteur et la plasticité de la glace à 0° seraient les principaux facteurs de ce mouvement et, à son avis, le glacier s’écoulerait comme un corps semi-liquide. Suivant les saisons, l’importance respective de ces facteurs varierait ; l’été, le mouvement résulterait surtout de la plasticité et l’hiver de la pesanteur. On voit, écrit M. Steenstrup, les glaciers se mouler sur tous les accidents du sol, et, d’autre part, à l’extrémité de ceux qui se terminent au niveau de la mer, la partie supérieure avancer comme un fronton au-dessus des couches inférieures ; il est donc évident, à son avis, que la glace a les propriétés des corps semi-liquides.

Les glaciers du Groënland sont, de même que ceux des Alpes, soumis à des variations de longueur. Ces glaciers ayant une vitesse d’écoulement considérable, ces variations sont très rapides. Ainsi, de 1850 à 1875, le front du glacier de Jacobshavn a reculé de 3 800 mètres, et de 1875 à 1879 de 2 800 mètres ; puis, de l’automne 1879 au mois de mars 1880, il a avancé d’un kilomètre pour reprendre ensuite son mouvement de retraite. Quatre mois plus tard, il avait reculé de 2 400 mètres et se trouvait à 8 kilomètres du point qu’il occupait en 1850. D’après les observations de M. Steenstrup, la plupart des glaciers du Groënland seraient en retraite ; quelques-uns pourtant sont encore dans une période d’accroissement. Ainsi un glacier du Lyngmarksfjeld, près de Godhavn, deux autres situés à Sarkak, sur les bords du Waigat, et celui de Tuapagsuit seraient en progression. Les mesures comparées de MM. Helland et Steenstrup indiquent, en outre, que le front du petit glacier d’Umiartorfik a avancé de 92 mètres en quatre ans. Du 5 avril au 28 août 1879, il s’est allongé de 44 mètres, ce qui donne une vitesse de progression de 0m,30 par jour. Ces quelques observations démontrent qu’au Groënland comme dans les Alpes les mouvements des glaciers ne sont pas synchroniques, et que les uns sont en retrait lorsque d’autres sont en voie de progression.

V.

Pour terminer l’analyse des principaux travaux exécutés au Groënland par les explorateurs danois, il nous reste à rendre compte des recherches archéologiques poursuivies par le lieutenant Holm, dans le district de Julianehaab, et des fouilles faites par M. Steenstrup dans des sépultures indigènes aux environs de Disko.

Depuis longtemps, l’existence de vestiges d’habitations a été constatée sur les bords des fjords et des lacs du Groënland méridional. Tous les savants sont d’accord pour reconnaître dans ses ruines les habitations des premiers colons islandais venus dans ce pays à la suite d’Eric le Rouge, quoique récemment M. Nordenskiöld ait essayé de prouver qu’elles étaient l’œuvre des Esquimaux. Les sagas nous apprennent que les établissements scandinaves formaient au Groënland deux colonies, le Vesterbygd et l’Osterobygd ; que cette dernière comptait 12 églises et 190 habitations, tandis que la première ne comprenait que 4 paroisses renfermant 90 maisons ; mais les anciens documents ne contiennent aucune indication précise sur la situation respective de ces deux colonies. Longtemps la position du Vesterbygd et de l’Osterbygd a été incertaine ; aujourd’hui, il parait établi que ces colonies étaient situées toutes deux sur la côte occidentale. Seul, M. Nordenskiöld pense que l’Osterbygd se trouvait sur la cote orientale. Dans le district de Julianehaab, il n’existe pas moins de deux cents ruines nordiques. Il y a là des vestiges d’églises, d’habitations, d’étables encore garnies de stalles parfaitement conservées, enfin de parcs à bestiaux ; telle est du moins la destination que le lieutenant Holm attribue à des enceintes circulaires de pierres, hautes de 1 à 2 mètres. Cet explorateur signale, en outre, l’existence de constructions sur de gros blocs isolés, à quelques mètres au-dessus du sol, probablement des magasins placés là pour que leur contenu fut à l’abri des animaux de proie, analogues aux constructions en bois que les Scandinaves édifient encore aujourd’hui dans le même but.

Toutes ces habitations et leurs dépendances sont bâties avec de gros blocs de granit ou de grès rouge, appareillées sans ciment : les joints sont simplement bouchés soit avec des cailloux, soit avec du sable. Par la dimension des matériaux employés, ces ruines rappellent les constructions dites cyclopéennes ; certains blocs mesurent une longueur de 1m,80 et une hauteur de 1m,20 égale à leur épaisseur. Dans quelques habitations seulement, les pierres ont été taillées et l’église de Kakortok est le seul édifice pour lequel la chaux ait été employée. L’absence de ciment dans ces ruines s’explique par l’éloignement des gisements calcaires. Le plus rapproché que l’on connaisse est situé à plus de 200 kilomètres au nord. Un certain nombre de ces habitations ne contiennent qu’une seule pièce ; d’autres sont, au contraire, divisées en deux chambres par un mur intérieur. Les premières mesurent en général une largeur variant de 4 à 6 mètres et une profondeur de 3,50m à 5,50m, tandis que les secondes ont un développement en façade de 15 mètres. La porte est la seule ouverture dont on puisse reconnaître l’existence. Quant au foyer, les traces de feu sur les murs indiquent qu’il devait être placé dans un angle de la pièce.

La position de ces ruines loin de la mer, au milieu de pâturages, sur les bords de rivières où abondent les saumons, indique que les premiers colons scandinaves devaient vivre de l’élevage du bétail, auquel ils ajoutaient les produits de la pêche et de la chasse. Ils capturaient le saumon à l’aide de filets garnis, en guise de pesons, de morceaux de pierre ollaire ou de débris de vases de cette matière - quelques-uns de ces pesons portent encore la marque de leurs propriétaires, analogue à celles que les pêcheurs norvégiens ont l’habitude de graver sur leurs flotteurs. En fin, d’après les sagas, ces colons poursuivaient, l’été, le morse, l’ours blanc et le phoque. La découverte de petites pièces en pierre ollaire percées au centre d’un trou, et servant probablement de poids pour les fuseaux, indique que les femmes filaient la laine des moutons. Des vestiges de vêtements ont, du reste, été trouvés dans les tombeaux. Parmi les débris de l’industrie nordique mis à jour par le lieutenant Holm, il faut citer encore des plats, des cruches, des vases, tous en pierre ollaire, dont quelques-uns sont ornés de dessins géométriques.

Les fouilles exécutées par M. Steenstrup dans les anciennes tombes des Esquimaux, au cours de ses voyages à travers le Groënland septentrional, sont non moins importantes que les recherches archéologiques du lieutenant Holm. Elles nous révèlent tout un côté des mœurs des indigènes aux âges passés, resté jusqu’ici inconnu. Autrefois, les Esquimaux ensevelissaient leurs morts soit au milieu d’enceintes de pierres voisines de leurs habitations, soit à une certaine hauteur dans la montagne. Au fond de quelques tombes, le sol est recouvert d’un pavage, et, tout autour des parois de la fosse, sont dressées des pierres servant de point d’appui à la dalle qui recouvre l’ouverture. Les matériaux employés sont de dimensions très variables ; dans quelques tombeaux, les pierres sont très petites ; dans d’autres, au contraire, ce sont d’énormes blocs que les efforts de deux hommes peuvent à peine mouvoir. Les tombes ont une forme rectangulaire, quadrangulaire ou ovale. Si les indigènes n’avaient pas à leur disposition un bloc assez large pour recouvrir la fosse, ils plaçaient en travers des morceaux de bois et des cornes de renne sur lesquels ils entassaient des pierres. Le corps, à ce que racontent aujourd’hui les Esquimaux, était apporté sur une sorte de brancard formé de ces cornes et de ces morceaux de bois. Quelques tombeaux ne renferment qu’un ou deux corps, d’autres en contiennent un beaucoup plus grand nombre ; dans l’une d’elles, M. Steenstrup trouva treize crânes d’adultes et deux d’enfants. Celles-là ont été sans doute ouvertes à plusieurs reprises et on a dû y placer les corps à des époques différentes, à mesure que des décès se produisaient. Les corps ne sont pas partout placés de la même manière , certains sont étendus, d’autres ont les jambes ramenées sous les cuisses, enfin un grand nombre sont assis avec les genoux relevés contre la poitrine. Aucune différence d’âge n’a pu être établie entre ces différents tombeaux.

Toutes ces tombes contiennent les ustensiles dont les Esquimaux pensent que le défunt aura besoin dans l’autre monde. Ils sont tantôt déposés à côté des squelettes, tantôt enfermés dans de petites caisses en bois ou en fanons de baleine, ou bien enfoncés dans les parois de la fosse, ou encore placés dans une petite construction voisine ayant le même aspect que le tombeau lui-même. Dans les différents monuments funéraires qu’il a fouillés, M. Steenstrup a recueilli une quantité de harpons et des flèches. L’un d’eux contenait tout un attirail de pêcheur ; un autre renfermait le corps d’un enfant, des jouets, tels que des petits kayaks, des traîneaux et des figurines humaines en pierre ollaire. La découverte la plus importante faite dans ces sépultures est celle de fragments de basalte contenant des globules de fer natif ; à côté de ces cailloux se trouvaient des couteaux en fer, analogues à ceux rapportés par Ross, des instruments en pierre et des fragments de quartz, de calcédoine et de lydite ayant servi à les fabriquer. Avant l’établissement des Européens au Groënland, les Esquimaux se servaient d’une manière générale du fer tellurique auquel on a attribué, à tort, comme nous l’avons indiqué plus haut, une origine météorique.

En outre des mémoires que nous avons résumés, relatifs à la constitution géologique, aux phénomènes actuels et à l’ethnographie, les Meddelelser om Grönland contiennent encore d’importantes études. Nous signalerons notamment celles relatives à la composition chimique du fer natif et de différents autres minéraux et au régime des glaces dans le détroit de Danemark. On voit par là qu’aucune branche de la science n’a échappé aux investigations des explorateurs danois. De nouveaux volumes seront prochainement publiés ; sans attendre leur publication, il est permis d’affirmer que ce recueil est l’ouvrage, avec les travaux de M. Nordenskiöld, le plus important que nous possédions sur les régions arctiques.

Charles Rabot

[1Meddelelser om Grönland,- Copenhague, Reitzel ; 6 vol. in-8°, avec de nombreuses cartes et planches. Chaque volume est accompagné d’un résumé français dû à M. le professeur Johnstrup ; les personnes qui ignorent les langues scandinaves peuvent ainsi prendre connaissance des principales observations faites par les voyageurs danois, M. le professeur Jobhnstrup ayant bien voulu nous autoriser à reproduire quelques-unes des gravures contenues dans cet ouvrage, les lecteurs pourront, en les examinant, se rendre facilement compte des aspects divers du Groënland et de la valeur de l’œuvre que nous analysons.

[2Revue scientifique du 23 juin 1883.

[3Nom sous lequel les géologues scandinaves désignent les calottes glaciaires qui recouvrent certaines terres arctiques

[4La magnifique publication de Heer sur la flore fossile du Groënland, que tout le monde peut consulter, nous dispense de donner une description étendue de cette flore, si intéressante à tous les points de vue.

[5Groënland signifie pays vert dans les langues scandinaves.

[6Daubrée, Documents relatifs au Groënland (Journal des savants, juin 1885).

[7Revue scientifique du 23 juin 1883, p. 775.

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