Les briques à bâtir, qu’elles soient confectionnées en ciment, en chaux hydraulique ou en tout autre mortier, prennent une place de plus en plus considérable dans la construction moderne.
Elles offrent une résistance considérable à l’écrasement ; elles ne se laissent pas pénétrer par l’humidité du sol, et, comme leur fabrication s’opère à froid, elles échappent aux causes de gondolement qui déforment trop fréquemment la brique en terre cuite ; or, ce gondolement, quand il s’agit de construction soignée, oblige de jeter au rebut des matériaux qu’on ne peut utiliser que dans des remplissages, au préjudice même de la solidité. On sait que le règlement exact des joints est une assurance formelle contre les tassements et les glissements de toute nature. Or, ce règlement est impossible avec des briques gondolées.
Lorsqu’un entrepreneur, ou même un propriétaire qui fait travailler en régie, se voit en présence d’un stock de ciment ou de chaux dont il n’a pas l’emploi immédiat, il est menacé d’une perte parfois considérable, car les matériaux subissent une détérioration rapide qui les rend inertes. S’il les transforme en briques, il se crée ainsi une réserve qui peut attendre indéfiniment sans le moindre risque. Il retrouvera, de cette façon, le prix des matériaux qu’il eût perdu irrémédiablement.
On peut également occuper à cette fabrication un chantier d’ouvriers qu’on ne veut pas débaucher en prévision d’une campagne prochaine. Dans les pays accidentés, où les transports sont coûteux, la brique en ciment ou en chaux sera moins onéreuse que la brique cuite, si l’on peut se procurer à pied d’œuvre le gravier qui entre dans la composition du mortier.
D’autre part, la brique de mortier est supérieure comme résistance à l’effritement aux briques cuites de moyenne qualité connues sous le terme de briques de pays. Elle demeure inattaquable à l’action de la gelée et des grandes pluies. Des souches de cheminée construites en briques de mortier ont subsisté parfaitement intactes à côté d’autres souches, édifiées en briques cuites, qui, dans le même laps de temps, s’étaient effritées au point de nécessiter une réfection presque complète.
Le point important dans la cause, c’était de rencontrer une machine pratique, d’un prix économique, permettant la fabrication rapide de la brique en mortier. La « Française » nous parait répondre à ce desideratum.
Les moules se remplissent à la pelle, puis les ouvriers frappent un coup de balancier au moyen du double levier à poignée ; alors ils procèdent au démoulage en plaçant les briques, qui présentent déjà une cohésion suffisante, sur les tablettes de séchage.
Pendant ce temps, les moules sont remplis à nouveau et reçoivent leur coup de balancier. L’opération a été rendue aussi rapide que possible : le couvercle étant fait d’une simple plaque de tôle de fer ,qui se meut horizontalement, sans les complications de verrou ni de charnières.
On n’a donc à craindre, de ce fait, ni gauchissement des organes, ni engorgement par l’excédent de mortier s’échappant des moules.
Le balancier à bout de course rencontre deux talons, qui opèrent automatiquement le recul du couvercle. Un dispositif, à manettes doubles, à portée facile de la main de l’ouvrier, oblige les deux talons à s’effacer, quand le balancier revient à son point de départ.
Deux ouvriers suffisent au service de la machine ; ils peuvent fabriquer cent vingt briques à l’heure.
L’inventeur de « la Française » a pourvu aux différentes modifications qui peuvent se présenter dans l’utilisation de sa machine. Le degré de compressibilité des mortiers, ainsi que les dimensions des briques à mouler, sont en effet variables.
Pour la compressibilité, quatre goujons d’arrêt, que l’on règle à volonté, modifient le serrage des pistons. Des cales, posées à la main, déterminent l’épaisseur, selon les besoins du constructeur.
S’il s’agit d’augmenter ou de diminuer la brique, dans toutes ses dimensions, de confectionner, par exemple, des carreaux de ciment, on enlève la tête de la machine, qui ne fait pas corps avec le bâti. On la remplace par d’autres moules convenables, accompagnés de pistons de rechange.
G. Teymon