1. vol. in-8° de 430 pages, avec 17 planches ou gravures hors texte et avec une carte. - Paris, A. Hennuyer, 1895.
L’excellente Bibliothèque de l’explorateur, publiée par la librairie Hennuyer et dirigée par M. Hamy, de l’Institut, vient d’éditer le Dahomey, de M. Édouard Foà.
A vrai dire, l’auteur n’était pas précisément qualifié pour entreprendre des recherches ethnographiques ou géodésiques. Il était parti là-bas pour faire du négoce. Mais ayant eu la bonne pensée d’utiliser, au profit de son pays et de la science, les loisirs que lui laissaient les affaires, il offrit ses services à la Société de géographie et au Muséum. On lui demanda de faire différentes observations et mensurations ; on lui exprima le désir d’avoir des spécimens de la flore et de la faune, d’être renseigné sur tel ou tel point particulier, comme les ressources agricoles du pays, ses mœurs, ses industries, sa climatologie. Un peu neuf d’abord pour ces études, le jeune commerçant se mit au travail. Il s’instruisit petit à petit, se perfectionna en cherchant, et arriva à posséder les connaissances variées et étendues qui lui ont permis d’écrire cette grosse monographie, compacte, extrêmement complète, et qu’il est maintenant indispensable de consulter, si on veut savoir à quoi s’en tenir sur le Dahomey.
Ce n’est pas que tout, assurément, y soit d’égale valeur. Mais il y a tant et tant de sujets traités qu’il faudrait une compétence encyclopédique à celui qui tenterait de les absorber : histoire, ethnographie, géographie, faune, flore, caractères physiques et intellectuels de la race, industries et cultures du pays, nourriture et préparation des aliments, costume et parure, habitation, état social, religions, mœurs, gouvernement et administration indigènes, fêtes et cérémonies, commerce, communications, hygiène, langage. Est-il possible de parler de tout cela avec une incontestable autorité, et n’est-ce pas déjà beaucoup d’en parler avec conscience ?M. Édouard Foà a accompli un tour de force, en arrivant à fournir un tel labeur. Une publication de cette importance fait grand honneur à l’auteur qui l’a entreprise et menée à bien. Et son mérite est d’autant plus grand qu’il n’était pas écrivain de profession, ni, à proprement parler, explorateur scientifique.
Il l’est devenu. Ses travaux sur le Dahomey lui ont valu d’être chargé de missions en Afrique par le ministère de l’Instruction publique, et, en ce moment, il parcourt le bassin du Zambèze pour le compte et dans l’intérêt du gouvernement français. Il y était déjà au moment où le général Dodds poursuivait et capturait Behanzin. Il a donc été dans l’obligation d’emprunter, aux rapports officiels et à des renseignements de seconde main, le récit des dernières expéditions (1892-1894), qui fait partie de son ouvrage, à titre d’appendice. On y trouve également, à la fin du volume des conseils à l’Européen qui va au Dahomey, un vocabulaire Nago, un aperçu sur la côte de Guinée, une description des villes anciennes et modernes de la région, et le récit d’une exploration du Haut-Whémé, faite par l’auteur en 1887, à l’instigation de M. Bayol, lieutenant-gouverneur des Rivières du Sud du Sénégal. De ce voyage, M. Foà rapporta une carte de Whémé, la seule qui existât lorsque les troupes expéditionnaires françaises remontèrent le bassin du fleuve pour aller s’emparer de Cana et d’Abomey. C’est donc elle que le général Dodds utilisa dans sa marche vers le Nord.
En résumé, à beaucoup d’égards, ce livre sur le Dahomey est digne d’attirer l’attention, et nous le recommandons spécialement aux personnes qu’intéressent les questions coloniales.
Ajoutons que les planches de cet ouvrage sont de la plus scrupuleuse fidélité, et, en général, de la plus parfaite netteté. Elles complètent de la façon la plus heureuse ce gros volume plein de substance, recueil de documents et d’observations accumulés pendant un séjour de quatre ans dans le pays.