A l’aube de l’âge atomique, notre pays est placé en conditions d’infériorité. Dans cette nouvelle ère inaugurée par la chute d’une bombe qui fit à la fois naître l’angoisse et l’espoir, la fortune d’un pays dépendra pourtant étroitement de sa force technique. Il ne suffit plus à la France, pour assurer son prestige, de faire appel à un passé de rayonnement spirituel. Sans une enceinte d’usines et de laboratoires tout centre de gravité culturel est menacé.
La jeunesse est avide de connaître les nouvelles routes scientifiques où d’autres nations se sont engagées, nos chercheurs et nos techniciens estiment qu’il faut remédier en hâte à la tragique pauvreté de leurs laboratoires afin que leurs créations originales et leurs travaux puissent enrichir la somme des connaissances qui, après avoir servi la guerre, doivent servir le mieux-être des peuples. Les ouvriers, que la spécialisation technique réduirait au rôle de simples rouages s’ils ne se tenaient informés du mécanisme général de la vaste entreprise humaine, ont de plus en plus le goût de la culture.
Ces besoins provoquent l’attention des pouvoirs publics. La réforme de l’enseignement général et le développement de l’enseignement technique sont en cours. Le Centre National de la Recherche Scientifique a déjà jeté des bases permettant de bien augurer de son action. Mais pour un développement de la force technique conçue dans son ensemble depuis l’école et le laboratoire jusqu’à la chaîne de fabrication, l’effort à accomplir est immense et la revue « atomes » veut y apporter sa contribution. Toutes les disciplines scientifiques et leurs développements techniques y feront l’objet d’études conçues pour éveiller les qualités et le goût inventifs.
Le premier souci de cette publication sera de s’affirmer sur le plan de la qualité. Aussi, la plupart des sujets y seront traités par d’éminentes personnalités françaises ou étrangères dont l’autorité est pour une revue éducative d’un apport décisif.
Les animateurs d’« atomes » se sont refusés à prendre la voie facile que trop ode marchands d’amusettes scientifiques choisissent. Tout à leur foi de consacrer leur activité à une œuvre des plus utile à notre pays, ils font aussi confiance au lecteur, persuadés que le public éprouve le besoin de s’initier sérieusement, même au prix d’un effort, au merveilleux progrès de son siècle.
Mais sans verser dans les complaisances de la vulgarisation scientifique mineure, « atomes » désire cependant faire oublier à ses lecteurs ce que le mot « éducation ») a de rébarbatif et de froid. Des sujets traités, choisis parmi les aspects les plus originaux d’une ère dont les perspectives sont prodigieuses, retiendraient d’eux-mêmes l’attention. Mais pour la retenir davantage, une large place sera réservée au document photographique, à la simplification du schéma, à la précision de la statistique. Un peu de fantaisie. sera même glissée en contrebande.
Bref, la revue « atomes » s’efforcera de faire sienne cette règle d’or : « Un bon article est celui qui apprend quelque chose au plus savant, tout en pouvant être compris du plus ignorant. » Si elle y parvient, alors son action modeste sera de celles qui comblent le cœur de l’homme. Atomes