Les veilleuses ou lampes de nuit se sont d’abord composées d’un vase quelconque rempli d’huile dans laquelle plongeait une mèche. Elles ne différaient pas, en somme, de la lampe antique. Venise a produit de belles veilleuses en cuivre ciselé ; le musée du Louvre en possède une très remarquable.
Au XVIIe siècle, les veilleuses étaient appelées mortiers à cause de leur forme ; leur emploi était des plus restreints.
C’est vers la fin de cette époque, mais à une date inconnue, qu’on a eu l’idée de faire flotter la mèche à l’aide d’un appareil ou porte-mèche dont on a varié de mille façons la forme, la taille et la matière.
Des essais intéressants ont été faits sur les veilleuses, notamment dans le but de les transformer en appareils de mesure du temps. En 1786, deux ferblantiers parisiens, Mounoury et Diselet construisirent des veilleuses à réveil qui mettaient une sonnerie en mouvement à l’heure que l’on voulait.
En 1819, Gabry en établit qui marquaient l’heure par la seule consommation de l’huile.
En 1826, parurent les veilleuses sans mèche qui consistaient en une petite capsule de cuivre argenté très légère, garnie en son centre d’un tube capillaire de verre. L’huile montait dans le tube et en approchant de son extrémité une allumette enflammée, l’huile brûlait.
La rénovation des arts décoratifs, à laquelle nous assistons aujourd’hui, s’est heureusement appliquée aux vases des veineuses qui sont souvent travaillés d’une façon remarquable et possèdent les formes les plus gracieuses. Les verres employée tamisent doucement la lumière et prennent des nuances merveilleuses sous son action.
De la veilleuse à la lampe d’église, il n’y a qu’un pas aisément franchi. Les lampes destinées à l’éclairage des temples ont toujours été des veilleuses suspendues.
Le fameux chandelier à sept branches, dont il est parlé dans le livre de l’Exode, ne portait pas des torches de cire ou de résine, mais bien sept lampes avec leurs mouchettes et de petits plats destinés à recevoir ce qui tombait des lampes. Cette pièce célèbre était entièrement d’or pur façonné au marteau. L’histoire nous apprend qu’elle figura au triomphe de Bélisaire, à son retour d’Afrique en 334. Restitué à Jérusalem, il aurait été détruit dans l’incendie de cette ville lors du siège par Chosroès.
De nombreux essais de restitution de cette œuvre d’orfèvrerie religieuse ont été tentés : Prague, Reims, Milan possèdent des candélabres à sept branches.
Avec le christianisme, la profusion des candélabres entra dans les cérémonies religieuses. A Byzance, aux jours de grande fête, six mille candélabres faisaient briller les ors de la cathédrale de Sainte-Sophie.
Au moyen âge, les lampes d’église, de forme plus ou moins arrondie, se suspendaient en l’air à l’aide d’un système de chaînettes, elles étaient de terre cuite, de fer, d’argent ou d’or et plus ou moins ornées suivant la richesse des fidèles. On appelait lampiers ou chandeliers pendants certains plateaux suspendus à des chaînes sur lesquels on plaçait les lampes.
Comme lampes religieuses du moyen-âge, on peut citer aussi les lanternes des morts ou fanaux de cimetière, qui se posaient au sommet d’une colonne dans les cimetières, principalement dans ceux qui bordaient les grands chemins. Ces lampes allumées étaient un hommage rendu à la mémoire des morts, un signal rappelant aux passants la présence des trépassés et réclamant leurs prières pour eux.
Les lampes des mosquées sont fort belles, elles sont le plus souvent en cuivre suspendues par trois chaînes formées de plaques ouvragées et portent, gravés sur leur récipient, des versets du Coran.
Dans les temps modernes, de grands orfèvres ont façonné des lampes d’église. Celles de Pierre Germain sont justement célèbres, bien que le style Louis XV, et ses rocailles ne répondent pas très bien à l’austérité du lieu auquel elles sont destinées.
A l’époque actuelle, les lampes ne jouent qu’un rôle purement décoratif ou symbolique dans les cérémonies religieuses. Il en est de même des cierges et des flambeaux qui les supportent. Ce sont des pièces d’orfèvrerie qui méritent un article spécial.
Les églises des villes sont aujourd’hui éclairées au gaz. La lumière électrique qui se prête à de si gracieuses combinaisons le remplacera sans doute partout d’ici peu.
L’une de nos plus belles cathédrales, celle de Reims, est éclairée à l’électricité et rien ne peut donner une idée de l’effet produit par les lampes à arc suspendues à une grande hauteur. Les moindres recoins du vaste vaisseau sont éclairés par une lumière d’une douceur étrange. C’est un nouvel aspect surprenant pour le visiteur qui n’a parcouru jusque-là qu’en plein jour la merveilleuse basilique.