Une troupe d’Araucans à Paris

Dr L. Laloy, La Nature N°1421 - 18 août 1900
Vendredi 25 novembre 2011 — Dernier ajout mercredi 12 septembre 2012

17 ans après leur première visite à Paris, les Araucans sont de retour. Cette fois-ci, c’est le Dr L. Laloy qui nous les décrit dans un article publié dans La Nature N°1421 du 18 août 1900

Nous croyons être utiles à nos lecteurs en leur signalant la présence en ce moment à Paris (146, boulevard de Grenelle) d’une troupe d’une trentaine d’Araucans, hommes, femmes et enfants. On n’a que d’une façon tout à fait exceptionnelle occasion de voir en Europe des indigènes de cette partie de l’Amérique du Sud ; aussi fera-t-on bien de profiter de l’occasion qui se présente. Les Arauucans, qu’il ne faut pas confondre avec leurs voisins les Patagons, sont, au contraire de ceux-ci, de petite taille ; ils ont les cheveux noirs et lisses, le teint clair, la face arrondie, les pommettes saillantes, les yeux souvent un peu bridés, à la façon des Mongols. Ils occupent la partie occidentale de la Patagonie et s’y livrent il l’agriculture. C’est une population de mœurs paisibles et essentiellement sympathique.

Ils n’ont pas encore été déformés par la civilisation ; aussi pourra-t-on admirer dans toute son originalité l’art de ces indigènes. Parmi les pièces les plus curieuses qu’ils ont apportées, il faut signaler des poteries en forme d’oiseaux ou de quadrupèdes, des harnais en cuir tressé et surtout de bizarres instruments de musique. Il y a notamment une trompette longue de 5 mètres et donnant des sons rappelant le cor de chasse. Elle est formée d’un bambou qui a été fendu longitudinalement pour détruire plus facilement les nœuds. Les deux moitiés ont ensuite été rapprochées, recouvertes de boyaux de cheval et de fibres végétales tressées. Une corne de bœuf fixée à l’extrémité inférieure sert de pavillon.

Un autre instrument est formé d’un rameau de bois percé suivant sa longueur et terminé en bas par un pavillon en fibres de roseau. On y joue en aspirant l’air ; les sons en sont assez doux. Enfin, parmi les cérémonies que représentent ces Araucans se trouve une sorte d’incantation où une vieille sorcière joue le principal rôle. Elle est munie d’un tambour plat, dans l’intérieur duquel se trouvent des grelots et des pierres. Cet instrument rappelle beaucoup celui dont se servent les chamanes ou sorciers de la Sibérie. Avec le type physique nettement mongolique de ces indigènes, c’est encore là un des arguments qui prouvent leur origine asiatique. On voit donc que l’exhibition du boulevard de Grenelle n’a pas seulement un intérêt de curiosité, mais qu’elle soulève les problèmes les plus captivants touchant l’origine des populations de l’Amérique.

Dr L. LALOY.

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