D’après les statistiques les plus récentes, on peut considérer que Berlin est une des villes européennes les mieux éclairées, au point de vue tant de l’électricité que du gaz. Pour celui-ci, on n’en consomme pas moins de 102 millions de mètres cubes par an ; à Paris la consommation est de 287 millions, mais il faut songer quelle différence il y a. entre les populations relatives de ces deux capitales. Pour l’électricité, les stations centrales fournissent le courant à 5673 lampes à arc, à 121 000 lampes à incandescence et enfin à 677 moteurs. Il faut bien dire du reste que les habitants de Berlin ne se montrent pas encore satisfaits, et on voit chaque jour se créer de nouveaux établissements destinés à alimenter l’éclairage. L’emploi du gaz dans les rues date seulement de 1826 ; ce fut une compagnie anglaise, l’Imperial Gas Association, qui, à partir du 1e janvier de cette année, se chargea de l’entreprise de l’éclairage des rues avec le nouveau procédé ; sa concession portait sur vingt et un ans et lui donnait la faculté d’user concurremment des lampes à huile et des becs de gaz. A l’expiration de son contrat, ce fut la municipalité elle-même qui se chargea d’assurer l’éclairage, en tenant à honneur de demeurer au courant de tous les progrès.
On a ainsi adopté d’une manière très large les becs ou lampes Siemens du type dit régénérateur ; on recourt aussi à d’autres dispositifs très lumineux, et également à un certain nombre de becs Auer. Pour donner des chiffres complets, nous dirons qu’actuellement on compte au total 25332 réverbères à gaz ; dans cet ensemble il y a 6003 brûleurs Bray, 55 brûleurs Auer, 549 Siemens, le reste n’étant que des becs ordinaires. Pour ce service public, la consommation est de 17 167 000 mètres cubes, ce qui représente une dépense de 2 490 000 marks ou environ 3 110 000 francs. Pour fournir tout le gaz nécessaire à la consommation publique ou privée, il y a cinq usines possédant 3005 cornues et 21 gazomètres.
L’usage de la lumière électrique dans les rues date de 1880 seulement ; à cette époque, Siemens et Halske avaient installé quelques foyers à titre de simple essai. Les autorités municipales n’étaient pas alors bien disposées pour ce nouveau procédé d’éclairage ; mais bientôt les objections et l’opposition disparurent, et en 1882, une ou deux des grandes voies de la capitale étaient éclairées à l’électricité. Six ans plus tard, un grand mouvement se produisait en faveur de cette invention si précieuse, et l’on adoptait le système en question pour quelques-unes des rues et des places de Berlin. Aujourd’hui, on compte dans cette ville cinq stations centrales alimentant les différents foyers que nous citions au commencement ; mais il ne faut pas oublier qu’il existe environ 300 installations privées, et que, de ce fait, le chiffre total des foyers électriques atteint 10537 lampes à arc et 203532 lampes à incandescence.
Avant de finir, nous ferons remarquer, ce qui est assez curieux, qu’il existe encore à Berlin, comme sur les quais de Paris, des systèmes d’éclairage un peu primitifs, puisque l’on ne compte pas moins de 1200 lampes à pétrole réparties dans certaines rues.
D. B.