Nous n’avons pas l’intention de revenir sur différents détails, qui ont été déjà donnés ici, de la construction et du fonctionnement de la plateforme mobile que (quelques semaines ont suffit à consacrer comme l’un des clous de l’Exposition ; niais nous voudrions signaler à son sujet une curieuse expérience d’optique à la-quelle elle se prête admirablement et qui ne laisse pas que d’étonner les personnes qui la font pour la première fois.
Le trottoir roulant étant en marche, si l’on vient à regarder la balustrade mobile se déplaçant devant la balustrade fixe, on aperçoit une sorte de chatoiement formé par des alternatives de plages sombres et claires que l’on suit instinctivement de l’œil et qui dès lors paraissent se poursuivre les unes les autres ( [1] ).
Ce phénomène se reproduit d’ailleurs toutes les fois que deux séries de barreaux se déplacent l’une par rapport à l’autre, devant un observateur ; et comme il ne s’agit ici que de mouvement relatif., il revient au même de laisser immobiles les deux séries de barreaux, l’observateur au contraire se déplaçant devant elles.
L’explication du phénomène est fort pour la rendre particulièrement claire, supposons que les planchettes de bois qui constituent les balustrades ont la même largeur que les vides intercalaires ; la figure représente une coupe schématique des deux balustrades, à un instant donné du mouvement, par un plan horizontal passant par l’œil Ode l’observateur. Dans le cas de la figure on voit que, dans la direction o x de la normale 1 A et B et dans les directions voisines, l’œil voit les planchettes de B sur celles de A ; il distingue donc les vides intermédiaires : apparence de clair. Au contraire, au même instant, dans des directions telles que o b a, il voit les planchettes de B se superposer aux vides de A : apparence sombre ; dans une direction encore plus inclinée sur la normale, on retrouvera une bande claire, puis une bande sombre, et ainsi de suite ( [2]).
Remarquons d’ailleurs que ces apparences n’exigent nullement le mouvement relatif des deux balustrades, puisque nous les avons par la pensée immobilisées b un instant donné.
Qu’arrive-t-il alors si B, par exemple, se déplace devant A ? Un peu après l’apparence que nous venons de représenter, on aura un phénomène tout opposé : en particulier dans la direction de la normale, on aura une bande noire au lieu d’une bande claire, etc. Entre ces deux apparences opposées se présenteront des apparences intermédiaires, produisant, comme nous le disions au début, une sorte de chatoiement, et les bandes sombres paraîtront se poursuivre.
Le phénomène que nous venons de décrire est d’ailleurs connu et expliqué depuis longtemps ; mais nous avons pensé il lui appliquer une méthode d’observation stroboscopique : il suffit pour cela de regarder les balustrades fi travers la main placée parallèlement aux balustrades, les doigts écartés, et en agitant plus ou moins vivement la main de droite à gauche. Si le mouvement de la main est lent, rien n’est changé au phénomène ; s’il est suffisamment rapide, les bandes sombres et claires disparaissent du champ de la vision et la balustrade mobile semble se déplacer lentement et tranquillement devant la balustrade fixe. Pour une vitesse plus grande encore, on revoit les bandes, etc.
L’explication complète de cette vision stroboscopique nous entraînerait trop loin, nous ne nous y arrêterons donc pas ; nous nous contenterons de dire que c’est par un mode d’observation analogue fi celui que nous venons de décrire qu’on l’ait cesser dans le cinématographe le scintillement bien connu qui masque si désagréablement la beauté du phénomène.