Depuis plusieurs années, les confiseurs et les liquoristes emploient dans la confection de leurs produits, sous la dénomination commerciale de parfums artificiels, des éthers chimiquement constitués par le valérianate amylique, le butyrate amylique, le butyrate éthylique, l’éther propylique, l’alcool caprylique, etc.
Ils peuvent ainsi communiquer à ces produits l’odeur et la saveur de la pomme, de la poire, de l’ananas, de la fraise et de la framboise. Non seulement ces imitations peuvent rendre inutile l’intervention des fruits correspondants, mais avec beaucoup moins de frais etavec une similitude parfaite, elles donnent des résultats sensoriels plus accentués.
Cette pratique constitue incontestablement une atteinte à la moralité commerciale, puisqu’il y a fraude sur la provenance. En outre, quoique chaque unité comestible ne se trouve renfermer qu’une quantité négligeable de la substance, il était néanmoins du devoir de l’hygiène de constater expérimentalement même, l’innocuité de la falsification, à plus forte raison si elle peut être dangereuse et dans quelle proportion elle peut l’être. Ces recherches intéressantes ont été entreprises par deux savants expériimentateurs, MM. Poincaré et Vallois.
Les différents parfums artificiels ont été introduits chez divers animaux, tantôt par la voie sous-cutanée, tantôt et beaucoup plus souvent par la voie stomacale. Voici quels ont été les résultats obtenus.
1° Il faut une dose assez forte des divers parfums pour produire des phénomènes appréciables, non seulement chez les chiens, mais encore chez les cobayes. En général, leur injection reste sans effet chez le chien, jusqu’à la dose de 5 à 8 et même 12 centimètres cubes, et chez le cobaye, jusqu’à celle de 3 à 6 centimètres cubes.
2° Quand la dose nécessaire est atteinte, les symptômes se montrent presque instantanément et ont toutes les apparences d’une haute gravité.
Après avoir énuméré les effets produits suries animaux, les expérimentateurs arrivent à la conclusion suivante.
Sur le terrain de l’hygiène pratique, on peut déclarer que la quantité de parfum nécessaire pour produire des accidents appréciables est telle qu’on ne saurait redouter les effets de la quantité infinitésimale qu’en renferme chaque unité alimentaire [1]