Tout le monde connaît les ravages occasionnés sur les arbres fruitiers par les gelées d’avril, et parfois de mai, attribuées par la croyance populaire à cette malheureuse lune rousse qui n’en peut mais.
Afin de préserver de ses funestes effets les vignobles alsaciens, les vignerons de ce pays ont imaginé un moyen pratique et rationnel qui donne les meilleurs résultats et que nous voudrions voir adopter par nos viticulteurs et tous nos cultivateurs d’arbres fruitiers.
Néanmoins quelques agriculteurs de nos départements de l’Est ont expérimenté cette création de nuages et s’en sont bien trouvés.
Les vignerons alsaciens syndiqués et appuyés par les municipalités en ont formé un véritable service public.
Des postes sont installés dans les vignes, sortes de baraques en planches intérieurement munies de paille, un veilleur tiré au sort monte la garde de nuit, il a pour mission de consulter le thermomètre placé au dehors et d’avertir au moyen d’une sonnerie électrique communiquant avec la mairie voisine, de la baisse du thermomètre et de l’approche du degré fatal.
Aussitôt averti, le poste de la mairie, en permanence de nuit, fait battre à la gelée par l’appariteur de la commune.
A ce signal, des individus désignés d’avance pour chaque nuit partent en toute hâte vers les vignes menacées et allument des chaudrons de goudron qu’ils font précédemment chauffer, ou des fascines goudronnées qui répandent au bout de quelques instants un épais nuage noir au-dessus des vignobles.
De cette façon le rayonnement terrestre est complètement annihilé et les jeunes bourgeons sont sauvés.
P. Kauffmann