On donne ce nom à la période de temps qui s’écoule entre la nouvelle Lune d’avril et la nouvelle Lune de mai et qui,en 1895, fut du 25 avril au 24 mai [1].
On la nomme ainsi parce que l’on trouve au lever du soleil, après des nuits claires et froides, un certain nombre de jeunes pousses gelées par la basse température de la nuit, puis roussies par les premiers rayons du soleil.
Les dégâts sont quelquefois considérables, et on les attribue à la Lune qui en est bien innocente à la vérité, mais qui éclaire le matin. C’est la conséquence des variations de températures considérables qui se produisent à cette époque de l’année, et de l’état de la végétation. La température moyenne du 15 avril au 15 mai est d’environ 11° ; la température minima est assez voisine de 0°, et si une nuit est très claire, on voit briller vivement la Lune, et le rayonnement nocturne peut abaisser la température du sol et des plantes au-dessous de 0°, congeler les sucs nutritifs des jeunes poussent qui périssent, et les premiers rayons du soleil leur donnent une teinte brunâtre qui a valu à la Lune de cette époque le nom de Lune rousse.
En 1895, nous n’avons pas à regretter ces accidents.
Du 24 avril au 24 mai, la température la plus basse, 2°7, a été observée le 3 mai ; d’autre part, nous avons eu des températures assez élevées : le maximum du 10 avril a été 23°2, celui du 13 mai, 26°9. La terre était donc assez fortement échauffée, pour qu’aux derniers froids (le minimum a été 3°8 les 17 et 18 mai), la température n’ait pu s’abaisser à 0°.
Pour empêcher ces gelées funestes, les jardiniers couvrent leurs plantes de paille ou d’autres matières qui, en formant écran, empêchent le rayonnement d’abaisser trop la température. Pour préserver leurs clos, les vignerons disposent aux alentours des matières résineuses qu’ils enflamment pendant les nuits clairs : ils forment ainsi des nuages artificiels qui empêchent la gelée.