Les aristoloches (Gr. aristos, excellent ; locheia, accouchement ; plante bonne pour l’accouchement) forment un genre d’Aristolochiées comprenant des plantes herbacées, vivaces, à tige grimpante et souvent ligneuse inférieurement, à feuilles larges, simples et alternes, à fleurs en tube, en siphon, ou de forme parfois très bizarre et dont l’odeur est généralement forte et désagréable. Leur ovaire est infère ; leurs étamines sont au nombre de six et épigynes ; leur fruit, parfois très volumineux, est une capsule à six loges.
On en connaît environ cinq cents espèces répandues clans le monde entier.
L’aristoloche clématite ou sarrasine (A. clématitis) est l’espèce la plus répandue en France ; on la trouve communément dans les bois et les haies des environs de Paris. C’est une plante à fleurs jaune pâle dont le calice, en forme d’entonnoir allongé, est coupé obliquement ; ses feuilles sont pétiolées en triangle, sa racine, quelquefois employée en thérapeutique ; renferme un principe âcre et dangereux.
On peut aussi citer parmi les espèces indigènes l’Aristochia longa, de la région des oliviers, dont la gorge des fleurs est d’un pourpre brunâtre foncé et la lèvre striée de lignes noires.
Les espèces exotiques sont les plus remarquables, soit pal’ la beauté, soit par les bizarreries de leurs fleurs.
L’aristoloche siphon ou pipe de tabac (A. sipho) est une superbe plante grimpante de l’Amérique méridionale ; on la cultive chez nous à cause de ses grandes feuilles et de ses fleurs irrégulières recourbées qui ornent très bien les murs et les tonnelles.
L’aristoloche ridicule (A. ridicula) — moins ridicule, à coup sur, que d’autres espèces du même genre — a des fleurs, longues de 10 centimètres, dont le tube, recourbé sur lui-même, est blanchâtre, marbré de pourpre, et dont le limbe est prolongé en deux lobes d’un blanc crème maculé de brun.
L’aristoloche à grandes fleurs (A. grandiflora) des Antilles, a des fleurs munies d’un appendice caudiforme, long de 50 centimètres, et d’un calice si volumineux que les habitants des bords du Rio Magdalena s’en servent comme d’un bonnet.
Dans l’aristoloche à trois queues (A. tricaudata), les fleurs peuvent atteindre jusqu’à 30 centimètres de longueur. ; elles sont rouges, rugueuses extérieurement et divisées en trois lanières.
La serpentaire (A. serpentairia) ; originaire de la Virginie, est une petite plante herbacée de 20 à 25 centimètres de hauteur, vivace, à tige flexueuse, grêle, articulée et marbrée. Les feuilles supérieures sont ovales, acuminées, cordées à la base ; les inférieures Sont réduites à l’état d’écailles, à l’aisselle desquelles sont placées les fleurs solitaires, d’un pourpre noir, supportées par un pédoncule. Le périanthe, d’abord conique et atténué au sommet, se courbe, puis se dilate en un limbe à deux lèvres, l’une supérieure en forme de casque, l’autre inférieure, plus petite, échancrée au sommet. Au-dessus des six anthères sessiles, le style se divise en six lobes prolongés en bas en une sorte de capuchon recouvrant l’anthère correspondante.
Cette plante habite les États-Unis d’Amérique où on la trouve dans les bois humides, souvent cachée au milieu des fouilles mortes.
On croyait autrefois, on vertu de la « doctrine des signatures », que la serpentaire guérissait Les morsures de serpent ; on ne J’utilise plus aujourd’hui en thérapeutique que pour ses propriétés toniques et stimulantes. La racine, qui est la partie employée, a une odeur et un goût marqués qu’on a comparés il ceux du camphre, de la valériane et de la térébenthine combinés ; elle contient une huile volatile et une résine.
On substitue souvent il la serpentaire de Virginie l’aristolochia réticula du Texas et Je la Louisiane, sous le nom de serpentaire de la rivière Rouge.
L’aristoloche à tête d’oiseau (A. ornitocéphala) que nous reproduisons, doit son nom à la curieuse conformation de ses fleurs, de dimensions parfois considérahles. C’est certainement la plus étrange des espèces d’aristoloches. L’enveloppe extérieure de sa fleur est constituée par un tube. dilaté, globuleux-ovalaire , dont une extrémité est plus étroite que l’autre, et par un limbe à deux lèvres. La lèvre supérieure qui représente le bec d’oiseau, est lancéolée, repliée en gouttière et poilue intérieurement ; l’inférieure, étroite et canaliculée à la base, s’épanouit et s’aplatit en une lame très large, réniforme, que l’on prendrait pour une grande feuille pourpre.
Ajoutez à cela que la fleur répand l’odeur la plus infecte et la plus repoussante.
L’aristoloche à tête d’oiseau a été introduite au Brésil en 1838 par Gardner.