De nombreux phénomènes naturels et de récentes explorations démontrent qu’une zone s’étendant du fond de l’Asie centrale jusqu’au sud-est et à l’est de la Russie est en train, depuis plusieurs siècles, de se dessécher, il résulte des constatations faites par Sven Hedin au cours de sa dernière exploration que les lacs du sud du Thibet n’ont plus leur ancienne superficie. Il y a deux mille ans, le climat du Turkestan oriental était encore supportable : c’est ainsi que dans le voisinage du Lopsee, qui n’est plus maintenant qu’un désert, vivait autrefois une population très dense dont on retrouve les traces dans les sables envahissants du désert. La mer d’Azov se vide, son niveau baisse et elle a laissé, en quelques années, près de 125 kilomètres carrés de terres marécageuses à découvert.
Le prince Kropotkine a fait récemment une conférence sur cette question à la Société de géographie de Londres : de nos jours, dans l’Asie centrale, l’évaporation dépasse considérablement le volume d’humidité résultant des pluies, et les limites du désert s’étendent d’année en année. L’agriculture et l’existence ne sont plus possibles que dans le voisinage des montagnes, sur le sommet desquelles les vapeurs se condensent plus facilement. La disparition des forêts, qui a exercé une si fâcheuse influence sur la Chine, n’explique pas suffisamment le dessèchement des lacs et des fleuves de l’Asie centrale. D’après le prince Kropotkine, ce phénomène se continue d’une façon ininterrompue depuis l’époque glaciaire, et nous vivons dans une période géologique de dessèchement en opposition avec la période glaciaire. Parmi les mesures à prendre pour combattre cette sécheresse qui croît sans cesse, il faut placer en première ligne le reboisement des régions menacées et le percement de puits artésiens (Ciel et Terre, 13 avril 1904, p. 93, d’après le Bulletin de la Société d’études coloniales, mars 1904.)
J. D.