M. T. W. Galloway rend compte, dans American Naturalist (décembre 1900), de récentes expériences sur l’influence qu’exerce la chaleur sur la croissance chez les batraciens.
La question qui se pose est celle-ci. Il y a dans l’accroissement ou bien imbibition d’une plus grande quantité d’eau, ou bien assimilation d’où accroissement de la proportion de substances de synthèse, ou bien encore les deux processus coexistent. Or la chaleur qui accroît la croissance, très évidemment, agit-elle sur le premier processus ou sur le second, ou sur tous deux à la fois ? La chaleur favorise-t-elle la croissance en favorisant un processus de nutrition, ou simplement en favorisant l’imbibition ?
Les expériences de M. Galloway ont porté sur les têtards de trois espèces : Rana sylvestris , Amblystoma punctatum et Bufo americana ; elles ont consisté à soumettre les œufs d’une même ponte, pour chaque espèce, à trois températures différentes qui sont, en gros : 6-8, 12-18 et 20-25, et durant l’expérience, aucun aliment n’était fourni à l’embryon ou à la larve qui ne disposaient, par conséquent, que des réserves accumulées dans l’œuf. Les pesées et mensurations étaient opérées à des moments donnés sur des lots égaux d’animaux : longueur maximale, poids total après enlèvement de l’eau superficielle ; poids sec après dessiccation dans une chambre à acide sulfurique jusqu’à cessation de perte de poids (pour connaître la proportion d’eau et de substance sèche).
Ceci posé sur les conditions, voyons les résultats.
C’est d’abord que l’accroissement de température dans les limites indiquées : 6-25 - s’accompagne d’une accélération clans les processus de développement : dans la division cellulaire et dans l’imbibition d’eau.
C’est, ensuite, que le poids absolu de la substance sèche ne change guère selon les conditions de température : de ce fait — d’ailleurs attendu — résulte que l’accélération clans la croissance est due à l’augmentation du processus d’imbibition de l’eau.
La chaleur — c’est-à-dire la température plus élevée — agit donc exclusivement en hâtant et en augmentant l’imbibition ; et sous l’influence de la chaleur, la proportion d’eau qui peut être,imbibée est plus élevée. La chaleur, en d’autres termes, élève le maximum, mais dans une faible mesure.
D’autre part, la chaleur n’exerce pas une influence exclusivement avantageuse : le poids total maximal (sans alimentation toujours) est un peu plus élevé pour les températures basses que pour les plus élevées. Pourquoi ? On ne sait. La chaleur amène-t-elle une sorte de gaspillage des réserves alimentaires ? C’est possible.
Ces résultats étant connus, maintenant il y aurait lieu de .répéter l’expérience sur des larves nourries, afin de voir quelle influence la température exerce sur l’assimilation et la mise en réserve de substances alimentaires, ou, en tout cas, autres que l’eau.