C’est avec un profond regret que nous avons appris la mort de M. de Nadaillac qui fut un de nos plus fidèles collaborateurs pendant de très longues années. Jean-François-Albert de Pouget, marquis de Nadaillac, était né en 1818 à Paris. Il vient de s’éteindre le 2 octobre à son château de Rougemont, près de Cloyes (Loir-et-Cher). Il avait été préfet des Basses-Pyrénées en 1871 et préfet d’Indre-et-Loire en 1877. Mais il quitta vite l’administration et la vie politique pour revenir à ses études de prédilection, l’archéologie, l’ethnographie, la préhistoire, etc. Ses recherches importantes le désignèrent à l’attention des savants, et il fut élu en 1886 correspondant de l’Institut ( Académie des inscriptions et belles lettres). Il a donné à « La Nature » toute une série d’études très appréciée des spécialistes et du grand public. Il écrivait avec une extrême clarté et savait provoquer l’intérêt dans des questions qui ne semblaient pas en compter. Ses articles ethnographiques furent très lus. On se rappelle ses mémoires et ses opuscules sur les premiers hommes, sur les temps préhistoriques, sur l’Amérique préhistorique, sur l’homme tertiaire, sur la période glaciaire, les mœurs et les monuments des peuples préhistoriques, etc. Il n’y a pas six mois, il nous envoyait encore un intéressant résumé d’une de ses dernières publications. Il nous faisait l’honneur de venir quelquefois à la rédaction du journal et c’était un plaisir pour nous tous de l’écouter. Malgré son grand âge, il avait conservé une activité intellectuelle merveilleuse.
Il aurait pu vivre peut-être encore des années, s’il n’avait été profondément atteint, tout dernièrement, par la mort de sa fille, Mme la comtesse de Florian, emportée subitement par une maladie de cœur. Ce fut un coup terrible dont il ne devait pas se relever.
Le marquis de Nadaillac était resté le type du grand seigneur d’autrefois, d’une politesse exquise, d’une bienveillance inépuisable. Homme charmant, d’un esprit délié, d’une intelligence supérieure, il s’en va au milieu de la tristesse des siens et des regrets de tous ceux qui l’ont connu.
H. de P.