Cette élégante petite plante tire son nom « Fumeterre » (Fumaria officinalis L.) Fumariacées, de « fumas terrée », fumée de terre, ce qui est, d’après Olivier de Serres, une allusion soit à l’amertume de la plante, soit à l’odeur de fumée qu’elle répand « fumaria », parce que son jus fait pleurer les yeux comme la fumée. Elle a pour synonymes : Fiel de terre, Fumée de terre, Pisse-sang, etc.Il existe plusieurs autres espèces de fumeterres qu’on peut employer également.
Habitat. — Venue de l’Orient, la fumeterre est très commune dans les champs, les jardins, les vignes, les décombres et même sur les montagnes où elle peut s’élever jusqu’à 17oo m. d’altitude.
Description sommaire. — Plante annuelle de 0m. 20 à 0m. 80 dont l’odeur est herbacée quand on la froisse entre les doigts et la saveur amère. Tige grêle, rameuse, anguleuse ou carrée, souvent couchée ou s’accrochant parfois par ses pétioles recourbés. Feuilles alternes, d’un vert glauque ou vert cendré, très divisées. Fleurs s’épanouissant de mai à fin septembre, d’un blanc rougeâtre, tachetées de pourpre au sommet, disposées en longues grappes terminales lâches d’un joli aspect. Fruit petit et globuleux renfermant une seule graine.
Culture. — Dans le cas où le terrain du Jardin familial donnerait naissance spontanément à un grand nombre de ces plantes qui se ressèment très facilement d’elles-mêmes, il n’y aurait pas lieu de la cultiver séparément. Autrement, on recourrait au semis dans un sol léger et rendu bien meuble. Le semis des graines se fait à la volée au printemps.
Récolte. — On y procède vers le mois de juin, parce que c’est à ce moment que la fumeterre a beaucoup de -feuilles et peu de fleurs. On ramasse la plante entière dont on fait parfois des bouquets ou des petits paquets. Il importe de la dessécher très rapidement et à l’ombre, soit en couches aussi minces que possible sur des claies, soit, de préférence, sur des fils de fer ou des ficelles tendues en plein air, soit enfin dans un local très aéré. Dix kilogrammes de plante fraiche donnent 1 kg 700 de plante sèche.
Composition chimique. — La fumeterre contient dans toutes ses parties un alcaloïde, la fumarine et de l’acide fumarique qui donne des fumarates de chaux, de soude et de potasse.
Propriétés thérapeutiques. — Cette plante est reconnue depuis longtemps comme tonique, reconstituante, dépurative, apéritive. On l’emploie contre les maladies de peau chroniques, la scrofule, la jaunisse et certaines maladies de l’estomac.
Préparations pharmaceutiques. — Infusion 20 pour 000 ; extrait 2 à 10 gr. ; sirop 20 à 100 gr. ; suc dépuré 50 à 200 gr. Elle entre, à parties égales, dans la composition du suc d’herbes qui est préparé avec des feuilles de chicorée, de cresson et de laitue.Voici comment on prépare ce suc d’herbes qui jouit encore d’une certaine popularité dans plusieurs régions.On réunit une quantité suffisante de feuilles de ces quatre plantes, on les contuse dans un mortier en marbre, on exprime la pulpe à la presse et ou filtre le jus au papier. La dose habituelle de ce suc dépuré est de 120 gr. qu’on peut prendre le matin à jeun en une fois.La fumarine a été prescrite à la dose de 20 à 30 centigrammes comme stimulant et apéritif.
Observations commerciales. — La vente de la fumeterre est assez forte. L’herboristerie a payé le kilogramme de plante sèche 0fr. 75 à 1 fr. 20